Aix-en-Provence : interview de Jean Garcia, patron de la boutique de montres de collection Le Passionneur


Thierry Gasquez, président de l’association Passion Horlogère a rencontré cet été Jean Garcia, patron du magasin/atelier aixois Le Passionneur, spécialisé dans les montres anciennes, de collection et vintage. Cette entrevue, qui s’est tenue dans la nouvelle boutique située sur le Cours Mirabeau à Aix-en-Provence a donné lieu à une discussion horlogère menée « à bâton rompu ». En voici les grandes lignes…


Thierry Gasquez : Bonjour Jean, pouvez vous vous présenter en quelques mots ?

Jean Garcia : Bonjour, je suis marié et depuis peu père de deux enfants. En effet, mon petit Jules vient d’être rejoint par une petite Victoire.

T.G. : Quel est votre parcours horloger ?

J.G. : J’ai eu ma première montre à l’âge à onze ans. A vingt ans je possédais déjà plus de 600 montres gousset. Les montres sont ma véritable passion.

T.G. : Quel a été le déclic pour décider de vivre de votre passion ?

J.G. : Après 21 ans à travailler dans le secteur de la mode, en 2002 j’ai décidé de vivre de ma passion. Cela m’a permis de joindre l’utile à l’agréable en faisant ce que j’aime et en étant plus proche de ma famille.

T.G. : Depuis quand êtes vous installé à Aix-en-Provence ?

J.G. : J’ai ouvert mon premier magasin en Février 2003.

T.G. : Malgré votre déménagement à l'hôtel du Poët vous avez conservé vos anciens locaux. Pourquoi ?

J.G. : J’ai transformé mon ancienne boutique en atelier. J’ai toujours pensé qu’un magasin de montres vintage se devait de pouvoir restaurer ses montres et d’offrir un service complet à sa clientèle.

T.G. : Vous avez donc deux activités : ventes et réparations. La réparation occupe-t-elle une grosse partie de votre activité ?

J.G. : Notre atelier est débordé, la demande ne cesse de croître. Mais on ne peut pas s’en plaindre.

T.G. : Faites vous aussi de la restauration à la demande ?

J.G. : Nos clients sont des amateurs, des passionnés et/ou des collectionneurs. Ils sont par essence très exigeants. Le marché est saturé et les pièces se font rares. Ce qui explique qu’il faut pouvoir accéder aux demandes des clients.

T.G. : Pouvez vous nous présenter vos collaborateurs ?

J.G. : Le premier Patrice Broux est un ancien horloger de la maison Breguet. Il est un spécialiste des grandes complications. Le second Michel Cordon a exercé pendant trente ans pour Rolex. Pour moi, il est le meilleur horloger Rolex que je connaisse.

T.G. : La restauration / réparation se fait-elle uniquement sur des montres anciennes ou bien assurez-vous aussi le SAV pour des montres contemporaines ?

J.G. : Nous restaurons les montres de toutes époques. Idem pour les pendules et montres gousset.

T.G. : Certaines marques horlogères tendent à vouloir contrôler de plus en plus leur SAV. Quelles sont vos relations avec elles ?

J.G. : Nous n’avons aucun partenariat avec aucune marque horlogère. Néanmoins nous avons des amis dans certaines maisons. Nous pouvons donc obtenir des fournitures neuves assez facilement. Sauf pour les marques Rolex, Patek Philippe, et Audemars Piguet pour lesquelles on se débrouille auprès d’un réseau de copains. Il nous arrive parfois de devoir fabriquer une pièce devant remplacer une d’origine défectueuse ou inexistante, mais cela est toujours réalisé en accord avec le client.

T.G. : Des marques, comme Omega pour ne citer qu’elle, ouvrent des départements « montres anciennes ». Qu'en pensez vous ?

J.G. : Je trouve ça normal et même très bien qu‘une maison horlogère aussi riche en patrimoine consacre une partie de son activité à ce qui a fait son succès.

T.G. : Le marché de la vente de montres d'occasion est concurrencé par internet qui permet aux particuliers de se passer de vos services. Quel est votre avis sur la question ?

J.G. : L’internet est un superbe moyen de ventes ou d’échanges, que vous soyez professionnel ou particulier. L’important est de ne pas confondre vente occasionnelle et ventes permanentes. Ce qui pour moi constitue un « business ». Et qui dit « business » dit taxes ! Il y a parfois une concurrence déloyale à laquelle il faut faire face. Mais ce qui me rassure, c’est que nos clients savent que nous offrons des produits, mais aussi un service. Quoi de plus rassurant que de savoir qu’une pièce est garantie et que le SAV peut toujours être réalisé ?

T.G. : Vous vous spécialisez de plus en plus dans la montre dite « vintage ». Quelle place occupe le marché des montres de poches ?

J.G. : La montre gousset reste encore anecdotique mais l’intérêt qu’y portent les amateurs de garde-temps est de plus en plus croissant.

T.G. : Quelques spécialistes prétendent que les montres de poches vont, à l'avenir, de plus en plus intéresser les collectionneurs du fait de leur moindre coût par rapport aux montres bracelets. Qu'en pensez vous ?

J.G. : Et bien, sachez qu’il y a peu j’ai assisté à la vente d’une montre de poche estimée 2.000 à 3.000 euros avant la vente, et qui s’est vue adjugée 55.000 euros hors frais (27,5%). Vous avez raison, le marché de la montre gousset est plein boom !

T.G. : Quelle montre portez-vous au quotidien ?

J.G. : En ce moment j’ai plaisir à porter une Omega chronographe en or rose de 1940 de 37mm ou une Rolex Gmt master 6542 bakélite.

T.G. : Quelle est la plus belle pièce que vous ayez vendue ? Et quelle est la plus chère ?

J.G. : La plus belle que j’ai vendue est une Patek Philippe tank or rose neuve de stock ayant appartenue à une grande actrice française des années 40. Et la plus chère une Comex 1665 boîte & papiers.

T.G. : Quelle pièce rêveriez vous de posséder et/ou de proposer à la vente ?

J.G. : Toutes les montres de manufactures vintage. Je les aime toutes !

Crédit photos et propos recueillis par Thierry Gasquez pour Passion Horlogère

Retrouvez Le Passionneur sur : www.lepassionneur.com

Montres-de-luxe.com | Publié le Mardi 24 Aout 2010 | Lu 9311 fois

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