Bovet : la montre et la Rolls-Royce Boat Tail


Quelle belle collaboration ! En effet, alors que le prestigieux constructeur automobile Rolls-Royce présente sa décapotable « Boat Tail », cette voiture d’exception embarquera à son bord une montre mécanique à tourbillon de chez Bovet, amovible, aussi à l’aise sur l’asphalte qu’à votre poignet.


On le sait, automobile et mesure du temps sont inextricablement liées depuis l’avènement des véhicules motorisés. Les garde-temps ont toujours eu leur place dans le secteur automobile, qu’il s’agisse de calculer la vitesse par rapport à la distance (tachymètre) ou de garantir au conducteur de toujours disposer de la bonne heure.
 
Ce projet un peu fou est né de l’imagination et de l’envie d'un collectionneur de Rolls-Royce et de Bovet. C’est grâce à lui qu’il a été possible de mettre en place et de produire une Rolls-Royce sur-mesure et deux garde-temps Bovet uniques et faits l’un pour l’autre : le premier pour lui-même, le second pour sa femme.
 
Trois années de travail ont amené les deux marques à accomplir ce qui n’avait encore jamais été réalisé dans aucun secteur. En effet, pour la toute première fois, deux garde-temps à tourbillon ont été conçus et développés parallèlement à la production d’un modèle de Rolls-Royce sur-mesure. On se souvient de la montre tourbillon de Breitling pour la Bentley Bentaya, mais elle n’était pas « transformable ».
 
Forts de son système Amadéo breveté, ces garde-temps peuvent faire office de montre-bracelet, de montre de poche ou pendentif, d’horloge de table ou bien encore... d’horloge pour tableau de bord !

Ces montres devant être intégrés à un tableau de bord, et donc être considérées comme des composants du véhicule, le processus de développement a dû être intégralement repensé.

Par conséquent, le support (soit 51 composants conçus et fabriqués par Bovet) et le garde-temps ont dû être testés de la même manière que toutes les autres pièces, notamment en ce qui concerne les vibrations ou la sécurité.
 
Le support, intégralement conçu par Bovet est né d’une page vierge. En effet, rien de tel n’avait encore été produit jusqu’à aujourd'hui. Les designers et ingénieurs de l’entreprise ont fait en sorte d’adapter le boîtier convertible Amadéo (lancé en 2010) afin qu’il constitue la base de ce nouveau système.
 
Les garde-temps, le support et le modèle de véhicule Boat Tail ayant été conçus au même moment, leurs histoires respectives sont inextricablement liées. Par ailleurs, Rolls-Royce avait précisé que le système devait être installé au moment précis où l’intérieur du véhicule était terminé, car il était impensable d’ouvrir le tableau de bord ultérieurement.

Ces impératifs ont donné lieu à une grande quantité d’allers-retours entre Bovet et Rolls-Royce. De nombreux points étaient en effet à prendre en considération : les vibrations produites par le véhicule ne devaient pas affecter les garde-temps, ces derniers ne devaient produire aucun bruit, et le système devait être à la fois simple, facile à utiliser et, par-dessus tout, sûr.
 
Pour ce faire, les ingénieurs et designers ont dû concevoir de nouvelles solutions au fur et à mesure qu’ils étaient confrontés à des défis jusqu’alors inédits dans le secteur de l’horlogerie. La solution retenue consista à conserver toutes les pièces mécaniques du système à l’extérieur du tableau de bord, contrairement à ce qui se fait habituellement.
 
En effet, les systèmes de fixation ne sont généralement pas amovibles ; seule la partie principale est insérée, à la manière d’un CD dans son lecteur. Dans le cas présent, le concept est inversé : le tableau de bord accueille le support, lui-même équipé de tous les éléments mécaniques.
 
Par ailleurs, un tiroir spécial, conçu dans le même cuir que les sièges du Boat Tail, fut également conçu afin de recevoir les garde-temps, les attaches, la chaîne et le collier lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Ce tiroir est également à insérer dans le tableau de bord, où il maintient en place et sécurise tous les éléments, en toute discrétion.

Enfin, une plaque laquée et gravée au laser remplace le garde-temps en cas d’absence de celui-ci, apportant une touche finale esthétique au tableau de bord.
 
Ces deux garde-temps à tourbillon originaux, l’un pour lui et l’autre pour elle, sont composés d’un tout nouveau boîtier de 44 mm en or blanc, de mouvements à tourbillon et de cadrans spéciaux sur chaque côté. Dotés du système Amadéo mentionné précédemment, ces garde-temps sont réversibles et peuvent changer d’usage sans nécessiter aucun outil.
 
Le modèle masculin présente un fini poli, tandis que la version féminine est ornée de gravures dans lesquelles a été inséré un vernis bleu. Tous deux ont été intégralement conçus dans l’atelier artisanal de Bovet.
 
Leur cadran avant inclut une marqueterie réalisée à la main, soit exactement le même bois que celui utilisé pour le Boat Tail, ainsi que le nom de chaque propriétaire.

​Le pont de tourbillon, quant à lui, arbore la statue « Spirit of Ecstasy » emblématique de Rolls-Royce, également sculptée et gravée à la main. La statue elle-même a représenté plusieurs semaines de travail pour les artisans de Bovete qui ont ciselé l’or à la main. Le travail de marqueterie est l’œuvre d’un maître artisan ayant travaillé avec le bois tout au long de sa vie.
 
Sur l’autre face, les cadrans sont plus personnalisés encore. Le modèle masculin présente un cadran en aventurine, arborant le thème astral du propriétaire. Le garde-temps féminin, quant à lui, révèle une peinture miniature d’un bouquet de fleurs sur un cadran en nacre, fruit du travail d’un même artisan spécialisé dans cet art.
 
Par ailleurs, les deux cadrans arrière arborent une réplique miniature originale et sculptée à la main du modèle Boat Tail, laquée à la couleur du véhicule et aux détails peints (roues, poignées de porte, rétroviseurs, etc.). Touche finale pour ce côté du cadran, le nom de la « tendre moitié » de chaque propriétaire est gravé sur le pont du tourbillon.

Le poids constituait dès le départ l’une des contraintes de ce projet, Rolls-Royce ayant imposé des limitations en la matière. Les garde-temps et le support conçus par Bovet devaient donc rester en-deçà d'un poids maximal spécifique !

Les pièces d’horlogerie complexes faisant rarement l’objet de telles restrictions, décision fut prise de réduire autant que possible la taille du boîtier. Ce diamètre de 44 mm nécessita la création d’un boîtier entièrement nouveau.
 
Le tourbillon fut inventé à la fin du XVIIIème siècle par Breguet pour contrer les effets de la gravité, qui compromettent la précision d’une montre lorsque celle-ci est placée dans une position donnée, pendant un certain temps.

Toutefois, de nos jours, les garde-temps sont principalement portés au poignet, où ils sont en mouvement toute la journée, rendant ainsi souvent inutile l’usage d’un tourbillon. Dans le cas présent, les garde-temps étant montés sur le tableau de bord en position verticale, cet élément redevenait nécessaire pour garantir la précision souhaitée par Bovet.

Afin de réduire l’impact potentiel des vibrations dues au véhicule, Bovet a choisi pour son tourbillon de passer de roulements à bille à des pivots et d’augmenter le poids du balancier. Ce qui réduit la réserve de marche (5 jours) mais permet d’améliorer la précision. En parallèle, l’horloger a accru la fréquence d’oscillation à 21 600 alternances par heure, afin de gagner encore en précision.
 
Une estimation raisonnable du nombre total d’heures consacrées à l’intégralité du projet s’élève à 3.000 h. Elle inclut, entre autres processus, la conception, l’ingénierie, le travail de sculpture, la peinture de miniatures, la marqueterie et le développement de mouvements et boîtiers sur mesure.


Montres-de-luxe.com | Publié le 9 Juin 2021 | Lu 7607 fois

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