Par Michel Fréret
Georges Lautner l'affirmait autrefois dans le film éponyme. Je m'interroge à nouveau, à l'heure où les pouvoirs publics et les médias ne parlent plus que de sécurité... Mais la vie aurait-elle un prix différent selon le métier exercé ?
Ainsi attenter à la vie d'un membre des forces de l'ordre serait plus répréhensible que tuer un sans abri, une vieille dame inoffensive, un retraité, un employé de banque ou un joaillier (le contraste n'est-il pas saisissant ?), et permettrait même de perdre la nationalité française ? Loin de moi l'idée de polémiquer, mais un policier ou a fortiori un militaire sont censés exercer un métier à risques, raison pour laquelle ils sont armés.
Ces commentaires liminaires ayant posé le décor sécuritaire dans lequel nous vivons, face à une violence omnipotente et quotidienne, j'aimerais vous parler aujourd'hui de la dure vie des joailliers, horlogers ou autres commerçants, cible privilégiée d'agressions et braquages.
En ce qui me concerne, je n'ai pas été épargné depuis que je me suis lancé dans mon aventure horlogère, il y a cinq ans, à l'angle de la Place Vendôme et de la rue de la Paix, dans le quartier historique des « grands joailliers ». Parmi un certain nombre de situations... délicates, voici les deux épisodes les plus marquants.
Premier épisode
Premiers jours d'août 2008, un jeune homme d'origine africaine se rend à ma boutique accompagné de son amie européenne, afin de choisir une bague de fiançailles en diamants. Reçu par mon collaborateur de l'époque, il prend rendez-vous pour le mardi suivant, 11h30, afin de voir le « patron » et un choix de pierres, des diamants bien sûr.
Ce mardi-là, arrive un jeune homme, d'environ 23 ans, grand, très mince, visage fin presque émacié, regard franc, poli, vêtu sport mais avec une certaine élégance, mais étrangement accompagné d'un « ami » africain vêtu en plein été comme en plein mois de décembre d'un blouson fermé jusqu'au cou et d'un bonnet hivernal vissé sur la tête.
Trapu, plutôt petit, pas très à l'aise, il se tient debout devant la première vitrine, comme un planton, refusant mon invitation à venir s'asseoir à côté de son ami. En le voyant ainsi couvert, j'ai pensé qu'il arrivait des tropiques et trouvait l'été métropolitain bien trop froid pour adopter une tenue plus légère... En ce qui me concerne, au vu des conditions climatiques très estivales, j'avais déjà ôté la veste (détail important !) du costume flambant neuf que j'étrenne ce jour-là ! Le duo me paraît insolite et le fiancé fort dilettante pour une seconde visite censée être décisive dans son choix pour sa dulcinée opportunément absente...
En quittant mon siège, je glisse par précaution la petite boîte de présentation contenant les diamants dans la poche de mon pantalon... Je trouve en effet ce drôle de client fort laconique, peu « logique » ou peu à sa place, mais je mets son attitude sur le compte de la timidité que peut éprouver un jeune homme peu habitué aux joailliers de la rue de la Paix.
Soudain, après s'être levé, passant du coq à l'âne, il me parle d'une bague pour homme, me montrant un modèle dans la troisième vitrine située au milieu de la boutique... Je lui réponds tout de go que « toute bague peut être faite sur commande et que cela ne présente aucun problème », mais ma réponse ne semble pas le satisfaire et désappointé il me parle alors d'une montre qui se trouve dans l'angle le moins accessible de l'une des deux vitrines les plus au fond de la boutique... Devant cette vitrine je suis vaguement sur le « qui vive »... Il est à ma droite, alors que son acolyte m'a suivi et se trouve alors sur ma gauche... Me voilà bien entouré !
Subitement, il me prend par le cou en donnant des consignes (que je suis incapable de vous répéter !) à son complice qui se jette sur les vitrines verrouillées, essayant de les forcer, il me fait l'effet d'une mouche se heurtant aux vitres. Son chef a sorti un petit pistolet de sa poche et le dirige vers moi... Dans le même temps, quelques nanosecondes, j'ai attrapé la main et le pistolet. S'ensuit un pas de lutte ressemblant à un pas de danse, je fais glisser mon adversaire sur le tapis russe qui recouvre le parquet de la boutique, ce qui me permet d'appuyer sur le bip anti-intrusion ! Et je dis au voyou « Tirez-vous, les flics seront là dans 10 secondes » !
Rageur de me voir résister, il réussit à me frapper à l'œil droit, faisant voler mes lunettes dans l'arrière-boutique, lunettes que je m'empresse de suivre, sortant par la porte de derrière en appelant sans délai ma télésurveillance. Le temps de tourner l'angle de la rue, les agresseurs se sont enfuis par la porte d'entrée et ont déjà disparu... Sans rien emporter !
Pourquoi l'absence de veste avait-elle une importance ? Tout simplement pour « l'aisance » à réagir... Empêtré dans une veste, je n'aurais peut-être pas eu ce réflexe foudroyant d'attraper la main et l'arme qu'elle tenait ! Je comprends mieux les policiers dont le look sport est quand même plus « fonctionnel » que les costumes italiens de James Bond ! Mais chacun son style ! Dans les faits, c'est la spontanéité de ma réaction qui m'a permis de prendre le dessus sur l'adversaire. La scène n'aura duré que quelques secondes, combien ? Je ne saurai le dire, mais qui paraissent une éternité.
S'en suivra la visite des inspecteurs de la BRB et de leurs équipes (très sympathiques d'ailleurs), une reconnaissance infructueuse dans les locaux de la police Boulevard Bessières... Fin du premier épisode.
Second épisode
18 décembre 2009, 11h30 environ, un jeune homme aux cheveux courts, d’un blond presque gris m’a-t’il semblé, sonne à ma porte, l’air pressé d’entrer. Je suis en train de finir mes dernières vitrines, un peu en retard en ce matin froid et morne de la mi-décembre. Je regarde ce client, en pull ou sweet blanc, grisé, jean, portant une serviette en nylon plate à la main droite. Je pense à un jeune touriste russe ou ukrainien, tellement il est blanc de peau. Il baisse un peu la tête, l’air « renfrogné ». J’appuie sur mon bip électrique d’ouverture de porte en me plaçant juste devant l’entrée, face à mon visiteur. Toujours tête baissée, je le vois ouvrir sa sacoche en nylon et empoigner un objet, une sorte de poignée, de crosse et me dis aussitôt ! « Et M… , c’est pour moi ! ».
Aussitôt et sans prononcer le moindre mot, il pousse violemment la porte pour entrer. De la main droite, il se saisit de son pistolet grand format (ne me demandez pas la marque !) que j’empoigne immédiatement de la main gauche alors qu’il me pousse brutalement à l’intérieur de la boutique en essayant de refermer la porte derrière lui… Pour que ce soit plus intime sans doute ? Mais, je ne lui permets pas de refermer la porte qui reste grande ouverte, sa sacoche tombée sur le trottoir… Tenant toujours le pistolet par le canon, je manque d’être renversé sur une table proche, je me redresse au prix d’un effort, car l’individu est déterminé, l’air dur, méchant et surtout plus fort que moi sur le long terme ! Il me frappe au visage avec son arme mais je l’empêche de porter ses coups, il ne peut que me griffer nez et lèvre supérieure.
Le chargeur (vide) tombe à terre, décontenançant l’individu ! Je secoue alors violemment sa main et le pistolet s’envole de l’autre côté de la rue, sous les Vélibs devant la vitrine du chemisier Charvet ! Et là, (quelle mouche me pique ?) je m’arc-boute devant l’entrée de la boutique et tire le voleur par le bras en hurlant « à l’aide », « au secours » ! Ce qui bien sûr, ne passe pas totalement inaperçu dans le quartier à cette heure déjà avancée ! Arrivent aussitôt un client de la boutique d’en face -le tailleur Gérard Séné- et mon voisin le restaurateur qui viennent tous deux me prêter main forte, mettant en fuite l’agresseur qui détale, poursuivi par mon ami le restaurateur.
Le voleur a eu la bonne idée d’abandonner rue de la Paix les derniers morceaux de son pistolet qui n’a pas tenu le coup… Et de lâcher devant ma porte la serviette en nylon, contenant –tenez-vous bien– une bombe lacrymogène « jumbo » à poignée, un marteau, un ruban de scotch ultra large ! Si je n’avais pas réagi, les vitrines auraient été explosées, détruites, les bijoux ou montres volés, moi-même éborgné ou que sais-je encore… En outre, si j’avais eu un sas, j’étais « cuit » ! Je n’aurais jamais pu faire ressortir le voleur de ma boutique, et c’est une fois de plus la réactivité qui a permis d’éviter le désastre. L’altercation entre mon braqueur et moi a duré moins de 15 secondes, qui là aussi paraissent bien plus longues !
J’ai appelé mes amis (si j’ose dire) de la BRB , et le reste de l’histoire ressemblerait à la routine, si l’on n’avait découvert des empreintes (pas celles de mon agresseur mais d’un complice) sur la bombe lacrymogène de mon voleur, qui fut pris quelques semaines plus tard en flagrant délit de braquage de bijouterie à Tours, où lui et ses trois complices (dont l’homme aux empreintes) ont été appréhendés. Il y a quelques jours, mon ami-sauveteur-restaurateur et moi sommes allés « identifier » le braqueur, comme dans un film, derrière une glace sans tain. Il avait avoué, ce qui devrait alléger sa peine. Il venait de prendre 18 ans (d’âge, pas de prison !) la veille, je lui aurais donné plutôt 23 ans, voire davantage…
Moralité de l’histoire ?
Les « commerçants » comme moi ne sont pas armés pour la plupart, d’aucuns le sont. Ils n’ont de choix que d’être « plumés » ou de réagir, avec les risques inhérents que cela peut comporter, et encore tout dépend de l’agresseur, aguerri ou débutant…
Cela crée aussi une vraie psychose : les jours suivants, lorsqu’un visiteur se présente, on se demande si c’est un client ou un malfaisant ! Et je ne parle pas des « vols par ruse », où des visiteurs apparemment normaux, toujours à deux ou trois, vous « endorment » en vous demandant de voir de plus près un objet en vitrine pendant que le deuxième ou le troisième volent dans votre dos l’objet de leur convoitise ! Cela m’est arrivé cinq fois en cinq ans !
Alors oui, la paranoïa me guette, assurément, car on en vient à douter de la bonne foi de tout client normal qui se présente, se demandant s’il ne prépare pas un mauvais coup ! C’est grave Docteur ? Faut-il s’armer d’un Glock ou d’un Walter PPK ou prendre rendez-vous chez le psy ? Et celui qui attentera à ma vie se verra-t-il finalement déchu de sa nationalité ? En fait, une fois mort, quelle différence cela fera-t-il ? La question mérite-t-elle d’être ainsi posée ?
Article publié avec l’aimable autorisation du site Internet : www.sub-yu.fr
Ainsi attenter à la vie d'un membre des forces de l'ordre serait plus répréhensible que tuer un sans abri, une vieille dame inoffensive, un retraité, un employé de banque ou un joaillier (le contraste n'est-il pas saisissant ?), et permettrait même de perdre la nationalité française ? Loin de moi l'idée de polémiquer, mais un policier ou a fortiori un militaire sont censés exercer un métier à risques, raison pour laquelle ils sont armés.
Ces commentaires liminaires ayant posé le décor sécuritaire dans lequel nous vivons, face à une violence omnipotente et quotidienne, j'aimerais vous parler aujourd'hui de la dure vie des joailliers, horlogers ou autres commerçants, cible privilégiée d'agressions et braquages.
En ce qui me concerne, je n'ai pas été épargné depuis que je me suis lancé dans mon aventure horlogère, il y a cinq ans, à l'angle de la Place Vendôme et de la rue de la Paix, dans le quartier historique des « grands joailliers ». Parmi un certain nombre de situations... délicates, voici les deux épisodes les plus marquants.
Premier épisode
Premiers jours d'août 2008, un jeune homme d'origine africaine se rend à ma boutique accompagné de son amie européenne, afin de choisir une bague de fiançailles en diamants. Reçu par mon collaborateur de l'époque, il prend rendez-vous pour le mardi suivant, 11h30, afin de voir le « patron » et un choix de pierres, des diamants bien sûr.
Ce mardi-là, arrive un jeune homme, d'environ 23 ans, grand, très mince, visage fin presque émacié, regard franc, poli, vêtu sport mais avec une certaine élégance, mais étrangement accompagné d'un « ami » africain vêtu en plein été comme en plein mois de décembre d'un blouson fermé jusqu'au cou et d'un bonnet hivernal vissé sur la tête.
Trapu, plutôt petit, pas très à l'aise, il se tient debout devant la première vitrine, comme un planton, refusant mon invitation à venir s'asseoir à côté de son ami. En le voyant ainsi couvert, j'ai pensé qu'il arrivait des tropiques et trouvait l'été métropolitain bien trop froid pour adopter une tenue plus légère... En ce qui me concerne, au vu des conditions climatiques très estivales, j'avais déjà ôté la veste (détail important !) du costume flambant neuf que j'étrenne ce jour-là ! Le duo me paraît insolite et le fiancé fort dilettante pour une seconde visite censée être décisive dans son choix pour sa dulcinée opportunément absente...
En quittant mon siège, je glisse par précaution la petite boîte de présentation contenant les diamants dans la poche de mon pantalon... Je trouve en effet ce drôle de client fort laconique, peu « logique » ou peu à sa place, mais je mets son attitude sur le compte de la timidité que peut éprouver un jeune homme peu habitué aux joailliers de la rue de la Paix.
Soudain, après s'être levé, passant du coq à l'âne, il me parle d'une bague pour homme, me montrant un modèle dans la troisième vitrine située au milieu de la boutique... Je lui réponds tout de go que « toute bague peut être faite sur commande et que cela ne présente aucun problème », mais ma réponse ne semble pas le satisfaire et désappointé il me parle alors d'une montre qui se trouve dans l'angle le moins accessible de l'une des deux vitrines les plus au fond de la boutique... Devant cette vitrine je suis vaguement sur le « qui vive »... Il est à ma droite, alors que son acolyte m'a suivi et se trouve alors sur ma gauche... Me voilà bien entouré !
Subitement, il me prend par le cou en donnant des consignes (que je suis incapable de vous répéter !) à son complice qui se jette sur les vitrines verrouillées, essayant de les forcer, il me fait l'effet d'une mouche se heurtant aux vitres. Son chef a sorti un petit pistolet de sa poche et le dirige vers moi... Dans le même temps, quelques nanosecondes, j'ai attrapé la main et le pistolet. S'ensuit un pas de lutte ressemblant à un pas de danse, je fais glisser mon adversaire sur le tapis russe qui recouvre le parquet de la boutique, ce qui me permet d'appuyer sur le bip anti-intrusion ! Et je dis au voyou « Tirez-vous, les flics seront là dans 10 secondes » !
Rageur de me voir résister, il réussit à me frapper à l'œil droit, faisant voler mes lunettes dans l'arrière-boutique, lunettes que je m'empresse de suivre, sortant par la porte de derrière en appelant sans délai ma télésurveillance. Le temps de tourner l'angle de la rue, les agresseurs se sont enfuis par la porte d'entrée et ont déjà disparu... Sans rien emporter !
Pourquoi l'absence de veste avait-elle une importance ? Tout simplement pour « l'aisance » à réagir... Empêtré dans une veste, je n'aurais peut-être pas eu ce réflexe foudroyant d'attraper la main et l'arme qu'elle tenait ! Je comprends mieux les policiers dont le look sport est quand même plus « fonctionnel » que les costumes italiens de James Bond ! Mais chacun son style ! Dans les faits, c'est la spontanéité de ma réaction qui m'a permis de prendre le dessus sur l'adversaire. La scène n'aura duré que quelques secondes, combien ? Je ne saurai le dire, mais qui paraissent une éternité.
S'en suivra la visite des inspecteurs de la BRB et de leurs équipes (très sympathiques d'ailleurs), une reconnaissance infructueuse dans les locaux de la police Boulevard Bessières... Fin du premier épisode.
Second épisode
18 décembre 2009, 11h30 environ, un jeune homme aux cheveux courts, d’un blond presque gris m’a-t’il semblé, sonne à ma porte, l’air pressé d’entrer. Je suis en train de finir mes dernières vitrines, un peu en retard en ce matin froid et morne de la mi-décembre. Je regarde ce client, en pull ou sweet blanc, grisé, jean, portant une serviette en nylon plate à la main droite. Je pense à un jeune touriste russe ou ukrainien, tellement il est blanc de peau. Il baisse un peu la tête, l’air « renfrogné ». J’appuie sur mon bip électrique d’ouverture de porte en me plaçant juste devant l’entrée, face à mon visiteur. Toujours tête baissée, je le vois ouvrir sa sacoche en nylon et empoigner un objet, une sorte de poignée, de crosse et me dis aussitôt ! « Et M… , c’est pour moi ! ».
Aussitôt et sans prononcer le moindre mot, il pousse violemment la porte pour entrer. De la main droite, il se saisit de son pistolet grand format (ne me demandez pas la marque !) que j’empoigne immédiatement de la main gauche alors qu’il me pousse brutalement à l’intérieur de la boutique en essayant de refermer la porte derrière lui… Pour que ce soit plus intime sans doute ? Mais, je ne lui permets pas de refermer la porte qui reste grande ouverte, sa sacoche tombée sur le trottoir… Tenant toujours le pistolet par le canon, je manque d’être renversé sur une table proche, je me redresse au prix d’un effort, car l’individu est déterminé, l’air dur, méchant et surtout plus fort que moi sur le long terme ! Il me frappe au visage avec son arme mais je l’empêche de porter ses coups, il ne peut que me griffer nez et lèvre supérieure.
Le chargeur (vide) tombe à terre, décontenançant l’individu ! Je secoue alors violemment sa main et le pistolet s’envole de l’autre côté de la rue, sous les Vélibs devant la vitrine du chemisier Charvet ! Et là, (quelle mouche me pique ?) je m’arc-boute devant l’entrée de la boutique et tire le voleur par le bras en hurlant « à l’aide », « au secours » ! Ce qui bien sûr, ne passe pas totalement inaperçu dans le quartier à cette heure déjà avancée ! Arrivent aussitôt un client de la boutique d’en face -le tailleur Gérard Séné- et mon voisin le restaurateur qui viennent tous deux me prêter main forte, mettant en fuite l’agresseur qui détale, poursuivi par mon ami le restaurateur.
Le voleur a eu la bonne idée d’abandonner rue de la Paix les derniers morceaux de son pistolet qui n’a pas tenu le coup… Et de lâcher devant ma porte la serviette en nylon, contenant –tenez-vous bien– une bombe lacrymogène « jumbo » à poignée, un marteau, un ruban de scotch ultra large ! Si je n’avais pas réagi, les vitrines auraient été explosées, détruites, les bijoux ou montres volés, moi-même éborgné ou que sais-je encore… En outre, si j’avais eu un sas, j’étais « cuit » ! Je n’aurais jamais pu faire ressortir le voleur de ma boutique, et c’est une fois de plus la réactivité qui a permis d’éviter le désastre. L’altercation entre mon braqueur et moi a duré moins de 15 secondes, qui là aussi paraissent bien plus longues !
J’ai appelé mes amis (si j’ose dire) de la BRB , et le reste de l’histoire ressemblerait à la routine, si l’on n’avait découvert des empreintes (pas celles de mon agresseur mais d’un complice) sur la bombe lacrymogène de mon voleur, qui fut pris quelques semaines plus tard en flagrant délit de braquage de bijouterie à Tours, où lui et ses trois complices (dont l’homme aux empreintes) ont été appréhendés. Il y a quelques jours, mon ami-sauveteur-restaurateur et moi sommes allés « identifier » le braqueur, comme dans un film, derrière une glace sans tain. Il avait avoué, ce qui devrait alléger sa peine. Il venait de prendre 18 ans (d’âge, pas de prison !) la veille, je lui aurais donné plutôt 23 ans, voire davantage…
Moralité de l’histoire ?
Les « commerçants » comme moi ne sont pas armés pour la plupart, d’aucuns le sont. Ils n’ont de choix que d’être « plumés » ou de réagir, avec les risques inhérents que cela peut comporter, et encore tout dépend de l’agresseur, aguerri ou débutant…
Cela crée aussi une vraie psychose : les jours suivants, lorsqu’un visiteur se présente, on se demande si c’est un client ou un malfaisant ! Et je ne parle pas des « vols par ruse », où des visiteurs apparemment normaux, toujours à deux ou trois, vous « endorment » en vous demandant de voir de plus près un objet en vitrine pendant que le deuxième ou le troisième volent dans votre dos l’objet de leur convoitise ! Cela m’est arrivé cinq fois en cinq ans !
Alors oui, la paranoïa me guette, assurément, car on en vient à douter de la bonne foi de tout client normal qui se présente, se demandant s’il ne prépare pas un mauvais coup ! C’est grave Docteur ? Faut-il s’armer d’un Glock ou d’un Walter PPK ou prendre rendez-vous chez le psy ? Et celui qui attentera à ma vie se verra-t-il finalement déchu de sa nationalité ? En fait, une fois mort, quelle différence cela fera-t-il ? La question mérite-t-elle d’être ainsi posée ?
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Fréret-Roy "Montres et Merveilles"
28/30 rue Danielle Casanova
75002 Paris
Tél. : 01 55 35 07 37
Fax : 01 55 35 07 70
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