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Carl Suchy & Söhne arrive chez Chronopassion à Paris : montre d'esthète


L’horloger d’origine autrichienne Carl Suchy & Söhne arrive chez Chronopassion en cet automne 2018 avec l’ensemble de sa collection de montres qui fait la part belle à un design minimaliste où la petite seconde joue un rôle fondamental. Le tout étant équipé d’un très beau calibre automatique à micro-rotor de chez Vaucher.



Certains amateurs de montres ne supportent pas les cadrans sans trotteuse. Qu’elle soit grande ou petite, ils considèrent que sans seconde, le cadran est « mort » et qu’il n’est pas suffisamment animé avec uniquement les minutes et les heures…
 
On comprend dès lors, l’importance de la seconde sur un cadran et le rôle fondamental qu’elle joue chez Carl Suchy & Söhne, une marque d’origine autrichienne totalement inconnue du grand public qui a été reprise il y a quelques mois par Robert Punkenhofer, spécialiste de l’art et du design.
 
Si la marque est tombée dans l’oubli au fil des siècles, elle fut un temps, horloger impérial de la cour d’Autriche où elle fut fondée en 1822. Elle compta parmi ses clients, l’Empereur François-Joseph, son épouse l’Impératrice Elisabeth (la fameuses Sisi) mais également le grand Sigmund Freud. Bref, du beau monde.

Après avoir été l’unique horloger à la cour des Habsbourg pendant près d’un siècle, Carl Suchy & Söhne disparaît avec la chute de l’Empire austro-hongrois. Elle renaît à Bâle en 2017 (le nom de la marque était disponible, il fallait simplement le récupérer) avec son modèle phare : la Waltz N°1.
 
Pour le moment, un seul modèle existe en plusieurs versions de cadrans. Il s’agit d’un garde-temps doté d’un boitier en acier de 41,5 mm (qui peut paraitre grand au poignet compte tenu de « l’absence » de lunette), mais cette taille relativement imposante pour une montre de ville permet au cadran de s’exprimer et de mettre en avant son concept.
 
Car c’est bien sur le design de ce cadran que veut jouer Robert Punkenhofer… Dans la Vienne du début du 20ème, marquée par le style Art Nouveau, l’architecte autrichien Adolf Loos fut l’un des premiers à rejeter l’ornementation et à donner la priorité aux proportions et aux volumes.

Il est considéré comme l’un des précurseurs de l’architecture moderne et ses écrits ont été publiés dans la revue L’Esprit Nouveau de Le Corbusier, qui appréciait son esprit « clair et original ».  Les lignes sobres et le cadran dépouillé de la Waltz N°1, ainsi que son guillochage rectiligne, s’inspirent d’une esthétique épurée héritée du style avant-gardiste et minimaliste d’Adolf Loos.
 
De fait, l’idée était d’offrir un « visage » de montre ultra dépouillé. A part le logo et les index qui suivent la forme incurvée du cadran sur le bord, aucune autre indication ne vient troubler le regard qui dès lors, ne s’intéresse qu’aux deux aiguilles et au cadran doublement strié : verticalement du côté gauche et horizontalement du côté droit.
 
Le compteur de petite seconde situé à 6h arbore la même dualité dans la même configuration, mais contrairement au reste du cadran figé (dans le temps, c’est le cas de le dire), il tourne en soixante seconde n’étant en parfaite adéquation avec le reste qu’une seconde par rotation.

C’est là l’idée de génie de ce design. En effet, on devient vite hypnotisé par cette course du temps en attendant, à chaque minute, que le disque des secondes se positionne parfaitement dans l’alignement des stries horizontales et verticales. C’est d’ailleurs ce qui a séduit Laurent Picciotto qui a décidé de référencer cette marque totalement confidentielle dans son catalogue.
 
Le fondateur de Chronopassion n’est pas dupe, il sait pertinemment que ce genre de montre est destiné à un marché d’ultra-niche, qu’elles sont réservées à des connaisseurs ou à des amateurs qui ont déjà tout mais qui peuvent craquer pour un garde-temps hors du commun, simple d’apparence, mais qui offre un twist d’originalité qui le rend bien différent.
 
Sans omettre que Robert Punkenhofer a opté pour un calibre connu et reconnu, puisqu’il s’agit du fameux mouvement automatique micro-rotor extra-plat fabriqué par Vaucher et retravaillé par l’horloger zurichois Marc Jenni pour y ajouter le disque rotatif des secondes à 6 heures. La version squelette étant de loin la plus intéressante. A partir de dix mille euros.  

Jean-Philippe Tarot



Montres-de-luxe.com | Publié le 13 Novembre 2018 | Lu 2130 fois






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