Cartier : retour sur l'histoire de la Trinity qui fête ses cent ans en 2024


Nous sommes en 1924 et la maison Cartier imagine alors une bague composée de trois anneaux entrelacés et mobiles en platine, or jaune et or rose. Elle inaugure à ce moment précis, un nouvel art du bijou, loin de la joaillerie traditionnelle qui privilégie par essence le travail des pierres précieuses. Une petite révolution pour l’époque.



Tout est audacieux : l’association chromatique, la fluidité des anneaux, la simplicité du design et sa force symbolique. Trinity, c’est un peu l’équation idéale : lignes pures, justesse des proportions et précision de la forme.
 
Une création qui intègre la notion de confort et s’appuie sur la recherche d’ergonomie, la prise en compte de la fonction de l’objet.
 
Tout repose sur la fluidité des anneaux en mouvement -ronds à l’extérieur, lisses à l’intérieur- qui glissent les uns sur les autres, se superposent et s’assemblent… En les portant, on ne peut s’empêcher de les toucher, de les faire tourner.
 
Aucun des trois anneaux n’est au-dessus des deux autres. Chacun est au-dessus d’un autre et en dessous d’un troisième. Impossible de les classer du plus haut au plus bas… Trois objets, pas de supérieurs, pas d’inférieurs.
 
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N’est pas icône qui veut ! Pour cela, il faut aussi savoir entrer dans le quotidien sous toutes ses formes. C’est le cas de Trinity, qui prête ses codes reconnaissables aux collections art de vivre de la maison Cartier.

Briquets, stylos et objets décoratifs affichent leurs décors trois anneaux, en particulier pendant les années 1970 et 1980, et notamment lors des années Must de Cartier (on se souvient de très beaux cadrans Trinity des Tank !).
 
1924 : création de la première bague trois anneaux entrelacés, réalisés en platine (aujourd’hui en or blanc), or rose et or jaune. La même année, un bracelet trois anneaux entrelacés est créé. Puis très rapidement, la bague trois anneaux est déclinée en différentes couleurs et matières.
 
Une publication dans le Vogue américain en 1925 fait mention du nom « Trinity » en lien avec la bague et le bracelet trois anneaux, trois ors. On le sait, cette bague séduira les grandes figures de la scène artistique. Dans les années trente, le poète français Jean Cocteau -indissociable des trois anneaux- la porte en deux exemplaires, superposés à l’auriculaire.

L’acteur américain Gary Cooper l’adopte également, comme en témoigne un portrait de 1931. À l’instar de nombreuses personnalités, trois décennies plus tard, Alain Delon, Romy Scheider et Grace Kelly arboreront aussi la bague trois anneaux.
 
De son côté, en 1967, le bracelet multiplie ses anneaux jusqu’au nombre de sept. En 1973, Cartier lance sous la houlette d’Alain-Dominique Perrin    -qui va littéralement révolutionner Cartier- « Les Must de Cartier » et propose des accessoires précieux ou plus abordables (certains étaient disponibles dans les civettes les plus chics, ce qui démocratisa la marque !).
 
A l’époque, briquets, horloges, stylos et autres objets décoratifs sont sublimés par la présence ornementale des trois anneaux. Des accessoires de plus en plus recherchés de nos jours.

En 1981, Cartier dévoile sa bague trois anneaux gravée de la mention « Les Must de Cartier » indiqué sur l’anneau en or rose. Dix ans plus tard, en 1990, la Maison lance une bague trois anneaux, trois ors, dont les volumes prononcés sont emblématiques du goût de l’époque.

Point important à bien avoir en tête : si cette bague est désormais dénommée Trinity, que ce nom est totalement indissociable des trois ors Cartier, ce n’est qu’en 1997 qu’elle sera ainsi baptisée !
 
Aujourd’hui, alors que Trinity fête ses cent ans, la maison de la rue de la Paix lance des nouveaux designs. Or gris, or jaune, or rose; la trilogie chromatique est bien là, la mobilité comme la pureté de la ligne aussi.
 
Ce qui change, c’est la forme, la distorsion des anneaux. Un exercice de style doublé d’une approche géométrique de la part des studios de création de la maison, qui ont imaginé une variation de l’intemporelle Trinity.
 
Une version en forme coussin, disponible à partir de janvier 2024, dont les anneaux glissent les uns au-dessus des autres avec le même naturel que la version ronde. Ce nouveau design fait l’objet d’une collection composée de bagues, classique et grand modèle, tout or, ou pavées de diamants, d’un bracelet et d’un pendentif.
 
Cartier va encore plus loin et fait une déclaration créative, à travers une version singulière et plurielle tout à la fois. Une version modulaire, disponible à partir de mars 2024, capable de ne former qu’un anneau ample et généreux ou trois, selon l’envie. Imbriqués, les trois anneaux se déploient, comme un jeu de construction révélant leurs diamants au gré des mouvements.

Montres-de-luxe.com | Publié le 15 Février 2024 | Lu 2674 fois