Demi-mesure, Petite-mesure ou Grande-mesure ? A vous de choisir selon vos envies et vos moyens


S'aventurer dans le monde du costume sur-mesure nous confronte à un vocabulaire bien spécifique : Demi-mesure, Petite-mesure et Grande-mesure, chacun représentant différentes facettes des traditions de la couture. Mais la complexité de ces termes peut jeter un voile d'ambiguïté sur le processus d'achat, surtout pour ceux qui s'aventurent pour la première fois dans cet univers. Nous vous présentons ci-après, l'essence même de ces trois concepts, ce à quoi vous attendre et le coût probable de votre vêtement.


La Grande-mesure : le nec plus ultra du sur-mesure
Le terme « Grande-mesure » (ou Bespoke de l’autre côté de la Manche) nous transporte vers l'épitomé du « sur-mesure » : c’est l'artisanat que les tailleurs ont perfectionné sans relâche depuis le XIXème siècle.
 
Les grandes étapes :
Le premier rendez-vous se consacre à une prise de mesures minutieuse, qui se traduit par un patron unique réalisé par un maître-tailleur ou un coupeur.
 
Ce patron, esquissé sur du papier ou du carton, sert à découper une « toile » –un prototype de vêtement réalisé dans un tissu bon marché qui imite aussi fidèlement que possible le matériau choisi par le client.
 
La rencontre suivante, le deuxième rendez-vous, permet au client d'essayer ce prototype, offrant au tailleur l’occasion d’évaluer l'alignement des épaules, la netteté des lignes et la pose des manches.

Une fois la toile validée, le tissu final du client est coupé puis « sculpté » en vêtement ; tous les morceaux étant assemblés en une « bûche », avant d’être remis à un apiéceur.
 
L'assemblage comprend différentes étapes, toutes minutieuses : le pantalon est monté sans finaliser la ceinture et, bien que les revers et le devant de la veste soient entoilés, les manches ne sont pas immédiatement attachées.
 
Le vêtement est tenu ensemble par des fils de bâti facilement cassables, facilitant les ajustements lors des troisième et quatrième rendez-vous.
 
Ici, l'expertise du maître-tailleur s'illumine, le vêtement étant ajusté, démonté, remonté et affiné sur la base des retours itératifs et de l'évaluation experte. Les clients trouvent souvent cette étape fascinante alors qu'ils voient leur vêtement se métamorphoser point par point.

Enfin vient le cinquième et dernier rendez-vous : celui de la livraison. Repassé et sous housse, le costume est livré. Il faudra encore le porter une journée pour que la chaleur du corps puisse assouplir les toiles et les mettre en place.
 
Ce que vous n’aurez pas :
- N'attendez pas d'exécutions rapides en Grande-mesure ; il faut en effet compter un minimum de quarante heures d'assemblage pour un pantalon et soixante pour une veste. Étant donné le souci du détail, sans compter la gestion des autres commandes des clients, un délai d’attente minimum de deux mois est typique.
 
- Les clients férus de mode et de tendances, attention : les tailleurs Grande-mesure sont notoirement conservateurs. Ainsi, choisir un artisan dont l'esthétique est en harmonie avec la vôtre est primordial.

Toutefois, l'un des plaisirs de la Grande-mesure est bien évidemment la possibilité de demander des éléments spécifiques, des petites touches personnelles que votre tailleur, dans la mesure du raisonnable, pourra réaliser pour votre compte...

Combien ça coute ?
La Grande-mesure, miroir de la Haute Couture dans le domaine masculin, nécessite un investissement dans des artisans qualifiés, potentiellement les plus fins de leur génération, qui consacrent leur temps et leur travail à l'excellence « sartoriale ».
 
En France, les costumes en Grande-mesure commencent généralement à un strict minimum de 4.500 euros. Tout dépend également, des tissus que vous choisirez ! Des maisons prestigieuses telles que Camps de Luca, Berluti, Smalto, Charvet et Cifonelli demandent une prime significativement plus élevée.
 
À l'inverse, des tailleurs indépendants, en particulier certains italiens opérant à Paris, peuvent offrir des options plus abordables, parfois disponibles autour des 3.000 euros.

Demi-mesure : simple et efficace
Depuis les années 1960, tailleurs et industriels ont développé des techniques visant à réduire les coûts de production des costumes et proposer des vêtements convenables à un prix plus abordable : c’est ce que l’on appelle, la demi-mesure.
 
Les grandes étapes :
La demi-mesure est une méthode de fabrication alliant les mesures du client à une base d'essayage prédéfinie. Sans recourir à la création d'un prototype, un professionnel –qu’il soit vendeur ou tailleur– utilise un modèle de base qui se rapproche de la stature et de la morphologie de son client.
 
Durant ce procédé, l'expertise de celui qui prend les mesures est cruciale. Il doit non seulement ajuster la base avec précision à l'aide d'épingles, mais aussi, apporter une attention minutieuse à divers aspects, tels que la longueur des manches et le cintrage.
 
Environ cinq à six semaines plus tard, le costume, quasiment achevé, est prêt pour quelques ultimes retouches avant d'être remis au client.

Ce que vous n’aurez pas :
Bien sûr, la demi-mesure simplifie énormément les différentes étapes du sur-mesure : naturellement, il est impossible de prendre en compte toutes les particularités morphologiques et d’obtenir un résultat identique !
 
Si la morphologie du client est à peu près « normale », la demi-mesure peut amplement suffire. Encore faut-il qu’elle soit de qualité !
 
Sachez que de nombreuses petites boutiques se targuent de proposer du « sur-mesure », mais en réalité, il s’agit de demi-mesure. Ces derniers se contentent souvent d’une prise de mesure sommaire et d’ajustements minimes…
 
Sachez qu’une demi-mesure digne de ce nom, doit vous proposer des costumes semi-entoilés ou entoilés, quelques finitions à la main et un service sérieux de prise de mesure (on compte environ une heure).

Combien ça coute ?
Si l’on exclut les demi-mesures médiocres qui utilisent des cabines et autres artifices superflus, la bonne demi-mesure commence à partir de 1.000 euros.

Au-delà des 2.500 euros pour un costume deux pièces, mieux vaut se tourner vers la Petite-mesure. A Paris, Fratelli Mocchia di Coggiola, Maison Gabrielle, Hartwood et Artling sont de bonnes références.

Petite-mesure : l’idéal ?
Enfin, la petite-mesure : derrière ce nom se cache un mix des deux types de sur-mesure possibles précédemment abordés. Souvent proposée par des maisons spécialisées en costumes, la petite-mesure permet d’avoir un très beau vêtement à un prix moindre qu’en grande-mesure. 

Les grandes étapes :
Similaire à la demi-mesure, la prise de mesure peut aussi se faire avec un gabarit. Tout comme en grande-mesure, le client essaye une toile d’essayage.
 
Quand le costume arrive, il est en principe en cours d’achèvement : ses boutons ne sont pas placés, les manches n’ont pas de boutonnières, le bas du pantalon n’est pas fait. Sous l'œil vigilant de l’habilleur, les corrections sont notées.
 
Le costume est alors terminé dans un atelier à Paris. La petite-mesure présente bien souvent de nombreux éléments qui témoignent de sa finesse d’exécution. Le col est souvent monté à la main, la veste est entoilée ; ses boutonnières sont faites à la main et de nombreux points-ci et là, soulignent un travail artisanal.

Ce que vous n’aurez pas :
La petite-mesure est une option intéressante parce qu’elle offre un travail précis : une finesse d’exécution, bien sûr, mais aussi de réglages sur la morphologie du client. Cependant, elle n’aura pas un aspect aussi artisanal et poussée que la grande-mesure.
 
Combien ça coute ?
Une bonne petite-mesure est relativement onéreuse. Pour faire simple, il faut compter environ la moitié du prix d’une Grande-mesure parisienne. Chez Daniel Lévy, Husband ou Jean-Manuel Moro, comptez un minimum de 2.500 euros.
 
Raphaël Sagodira

Montres-de-luxe.com | Publié le 6 Octobre 2023 | Lu 2216 fois

À découvrir aussi :