Drouot : mise en vente d'une exceptionnelle horloge astronomique attribuée à Jean-Louis Bouchet


Le 30 juin prochain à l’Hôtel Drouot à Paris, Maître Géraldine d’Ouince de la maison De Baecque et Associés présentera aux enchères, avec l’expert Anthony Turner, une exceptionnelle et monumentale pendule astronomique attribuée à Jean Louis Bouchet, Horloger du Roi. Son estimation ? De 600.000 à 800.000 euros.


Réalisée vers 1770 pour Michel II Velut de La Crosnière, collectionneur d’histoire naturelle et amateur de pendules, cet objet d’exception témoigne de l’intérêt pour les sciences développé au siècle des Lumières et annonce le mouvement du néo-classicisme avec l’emploi de nombreux motifs stylistiques caractéristique
 
« Objet rarissime, si on trouve aujourd’hui les horloges de Bouchet dans quelques collections privées, aux Archives Nationales de Paris et au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, aucune n’est comparable à cette pendule » assure la maison de vente dans son communiqué.
 
Dans la pratique, cette pendule astronomique monumentale à mouvement squelette indique l’heure solaire, l’heure moyenne, le calendrier zodiacal, la date, les jours de la semaine, les phases de la Lune, ainsi que les noms de 49 villes et peut fonctionner. « Elle est unique et aucun autre modèle semblable ou approchant n’a été présenté aux enchères » précise la maison de vente.
 
Cette pendule se présente dans une caisse monumentale en bois laqué crème et doré. Elle est surmontée d’une urne en bois sculpté à décor de faux marbre et à cadrans tournants émaillés indiquant les heures et les minutes en temps moyen. Mesurant plus de 3 mètres de haut, elle est remarquablement équilibrée.

Probablement conçue pour une très vaste pièce, « cette pendule est digne d’un palais parisien à la pointe du goût de l’époque » souligne Maître Géraldine d’Ouince, commissaire-priseur. Michel II Velut de La Crosnière achète la charge de Conseiller du Roi en la Cour des Aides en 1757.
 
A l’instar de Louis XV, dont la pendule astronomique fut livrée en 1754 et de Louis XVI, passionné d’horlogerie, La Crosnière pratique cette discipline en amateur et possède un cabinet d’histoire naturelle ainsi qu’une collection de pièces de mécanique signalés dans les guides parisiens contemporains.
 
Il est fort probable qu’il ait commandé cette pendule directement à l’horloger Jean Louis Bouchet, dont les réalisations étaient alors admirées de tous.
 
« Les premiers mouvements squelettes apparaissent dans les années 1740/50 mais en 1770, il y en a très peu » précise l’expert Anthony Turner : « notre pendule reflète les nouveautés techniques de l’époque, par son mouvement, ses complications novatrices, ses finitions et les variantes de son mécanisme original, comme son balancier à compensation à deux tiges, l’une en laiton, l’autre en acier ».

La particularité d’une pendule astronomique est de donner, en plus de l’heure moyenne et dans ce cas, l’heure solaire, des informations astronomiques.
 
Les trois cadrans sur le devant présentent donc en plus de l’heure moyenne, l’heure solaire, le calendrier zodiacal, la date, les jours de la semaine, les phases de la Lune, ainsi que les noms de 49 villes ou îles, dont certaines ont servi de station d’observation pour le passage de Vénus devant le Soleil en 1861 et 1769
 
La comparaison de certaines parties similaires à celles d’une autre pendule astronomique signée par Jean Louis Bouchet permet de lui attribuer celle-ci. Reçu maître en 1762 et nommé Horloger du Roi en 1769, Jean Louis Bouchet est particulièrement renommé pour ses pendules à complications
 
Cette pendule allie une technique époustouflante à une présentation sobre et élégante, adaptée à un luxueux intérieur domestique. Le décor raffiné témoigne de l’émergence du néo-classicisme, qui puise son inspiration dans l’Antiquité.

Les motifs des frises, notamment la frise de grecques à la base de l’urne, ainsi que les cannelures ou encore la guirlande de laurier encadrant l’oculus illustrent bien cette « noble simplicité » recherchée en réaction aux circonvolutions du rocaille. Le motif de l’urne, sur laquelle tournent les cadrans, au sommet de la pendule, est également très en vogue.
 
Son décor en faux marbre est une référence directe à la Rome antique, ainsi que le serpent, symbole de renaissance et d’immortalité, très présent dans les œuvres néo-classiques, dont la tête indique ici les heures et la queue les minutes.
 
La caisse elle-même, estampillée par Jean Baptiste Guillaume Prévost, est un parfait exemple d’un goût pour le mobilier en bois, avec appliques sculptées et dorées, typique des débuts du néo-classicisme.
 
La vente aux enchères où sera présentée cette pendule sera aussi l’occasion de disperser une importante collection genevoise de pendules XVIIIe et XIX siècle, un très rare clavecin XVIIIe siècle ou encore un ensemble d’aquarelles de Jean Démosthène Dugourc (1749-1825) représentant entre autres le déshabillé de la duchesse d’Albe à Madrid.

Montres-de-luxe.com | Publié le Vendredi 16 Juin 2023 | Lu 6152 fois

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