Keith W. Strandberg : Quelle est la situation en Suisse ?
Denis Asch : La conjoncture s’améliore et -bien qu’un certain attentisme soit encore palpable- j’ai constaté un effet de rattrapage ces derniers mois : les pièces qui ne se sont pas vendues en fin d’année, sont finalement parties au premier trimestre. En mars dernier, Baselworld s’est bien passé et j’ai trouvé qu’il y régnait un certain optimisme. Il y a toujours une différence entre le déroulement de la foire et la réalité du marché, mais je suis confiant pour 2010.
Denis Asch : Et aux USA, où en est-on ?
Keith W. Strandberg : il n’y aura pas de retour à la croissance aux Etats-Unis tant que le taux de chômage continuera de croître. Il y a tant de personnes sans travail que les gens hésitent à s’acheter des objets de luxe, des montres notamment. D’ailleurs, les détaillants continuent à réduire leurs dépenses et à licencier leur personnel. Ils concentrent leurs achats sur les marques qui se vendent et ne prennent aucun risque avec les marques plus confidentielles, dont ils ont encore des stocks importants. Il faut dire que nombre d’entre eux se sont fait piéger par de nouvelles marques, qui ont disparu peu de temps après leur lancement. Ils sont devenus méfiants.
Denis Asch : Quel avenir envisages-tu pour ces marques ?
Keith W. Strandberg : Les marques indépendantes sont importantes pour l’avenir de l’industrie horlogère suisse. Nous avons besoin que ces horlogers survivent pour pouvoir parler de leur histoire et discuter de leurs idées. Si je ne devais écrire que sur Rolex et Omega, les magazines ne seraient pas très intéressants. J’espère sincèrement que les marques de niche, celles qui ont une vraie vision, une réelle créativité et une histoire légitime survivront, car l’industrie horlogère serait beaucoup moins intéressante sans elles.
Keith W. Strandberg : Qu’en penses-tu ?
Denis Asch : Il est vrai que de nombreuses boutiques préfèrent travailler avec les marques établies. J’ai été l’un des premiers à parier sur les marques confidentielles telles que Vulcain -qui a une vraie histoire à raconter-, et ça a marché. Mais quand j’ai commencé, il y avait des initiatives plus originales, plus authentiques. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a plus d’opportunistes que de vrais artistes. Beaucoup pensent qu’un nouveau design suffit pour se lancer dans l’aventure mais ils oublient que la mécanique est primordiale pour les passionnés.
Keith W. Strandberg : Je suis tout à fait d’accord. Rares sont les marques qui peuvent se vanter d’avoir atteint un réel niveau d’expertise sur le plan technique et marketing -comme Patek Philippe. La plupart du temps, elles misent sur l’un ou l’autre au détriment du second. Cela dit, je reconnais qu’aux Etats-Unis la communication tient une part importante dans la réussite, peut-être plus qu’ailleurs. Pour les montres à complications, un autre problème est le service après-vente. Est-ce un sujet de préoccupation pour toi ?
Denis Asch : En effet, le service après-vente sera l’un des enjeux majeurs dans les années à venir. Les clients se plaignent des tarifs pratiqués, qu’ils comparent au prix de la montre. J’ajoute que ce n’est pas seulement une question de prix, c’est également une question de délai. Les clients sont exigeants et souhaitent retrouver leur montre dans les plus brefs délais. Car, si la plupart sont prêts à payer, ils ne sont pas prêts à attendre. Je suis horloger et je pratique quelques opérations d’entretien ou de réglage à L’Heure AscH, mais certaines garanties exigent que les montres soient retournées à la manufacture, qui en assure la maintenance et les réparations. Historiquement, c’est Rolex qui a créé le premier réseau international de SAV et proposé une qualité de service identique partout dans le monde. Ils sont très organisés et investissent énormément dans la formation des horlogers.
Denis Asch : Fais-tu la même analyse aux Etats-Unis ?
Keith W. Strandberg : Oui, je crois que c’est la même chose partout. Au cœur du problème se trouve le manque d’horlogers qualifiés capables d’intervenir sur les montres compliquées. La plupart des marques vendent plus de 50% de montres compliquées et toutes devront être réparées un jour ou l’autre. Or, les meilleurs horlogers -s’ils ont fait leur apprentissage en réparant des montres anciennes- se destinent à la création plutôt qu’à la maintenance.
Denis Asch : En ce qui me concerne, j’ai eu la chance de travailler quelques années au service après-vente où j’intervenais sur plus d’une vingtaine de marques, dont Rolex, Audemars Piguet, Cartier et Omega. C’était un vrai challenge de trouver la cause de la panne et d’y remédier et j’étais fier de remettre aux clients une montre qui -pour certaines- étaient rendues presque neuves. C’était gratifiant et très enrichissant pour le jeune horloger que j’étais à l’époque…
Denis Asch : La conjoncture s’améliore et -bien qu’un certain attentisme soit encore palpable- j’ai constaté un effet de rattrapage ces derniers mois : les pièces qui ne se sont pas vendues en fin d’année, sont finalement parties au premier trimestre. En mars dernier, Baselworld s’est bien passé et j’ai trouvé qu’il y régnait un certain optimisme. Il y a toujours une différence entre le déroulement de la foire et la réalité du marché, mais je suis confiant pour 2010.
Denis Asch : Et aux USA, où en est-on ?
Keith W. Strandberg : il n’y aura pas de retour à la croissance aux Etats-Unis tant que le taux de chômage continuera de croître. Il y a tant de personnes sans travail que les gens hésitent à s’acheter des objets de luxe, des montres notamment. D’ailleurs, les détaillants continuent à réduire leurs dépenses et à licencier leur personnel. Ils concentrent leurs achats sur les marques qui se vendent et ne prennent aucun risque avec les marques plus confidentielles, dont ils ont encore des stocks importants. Il faut dire que nombre d’entre eux se sont fait piéger par de nouvelles marques, qui ont disparu peu de temps après leur lancement. Ils sont devenus méfiants.
Denis Asch : Quel avenir envisages-tu pour ces marques ?
Keith W. Strandberg : Les marques indépendantes sont importantes pour l’avenir de l’industrie horlogère suisse. Nous avons besoin que ces horlogers survivent pour pouvoir parler de leur histoire et discuter de leurs idées. Si je ne devais écrire que sur Rolex et Omega, les magazines ne seraient pas très intéressants. J’espère sincèrement que les marques de niche, celles qui ont une vraie vision, une réelle créativité et une histoire légitime survivront, car l’industrie horlogère serait beaucoup moins intéressante sans elles.
Keith W. Strandberg : Qu’en penses-tu ?
Denis Asch : Il est vrai que de nombreuses boutiques préfèrent travailler avec les marques établies. J’ai été l’un des premiers à parier sur les marques confidentielles telles que Vulcain -qui a une vraie histoire à raconter-, et ça a marché. Mais quand j’ai commencé, il y avait des initiatives plus originales, plus authentiques. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a plus d’opportunistes que de vrais artistes. Beaucoup pensent qu’un nouveau design suffit pour se lancer dans l’aventure mais ils oublient que la mécanique est primordiale pour les passionnés.
Keith W. Strandberg : Je suis tout à fait d’accord. Rares sont les marques qui peuvent se vanter d’avoir atteint un réel niveau d’expertise sur le plan technique et marketing -comme Patek Philippe. La plupart du temps, elles misent sur l’un ou l’autre au détriment du second. Cela dit, je reconnais qu’aux Etats-Unis la communication tient une part importante dans la réussite, peut-être plus qu’ailleurs. Pour les montres à complications, un autre problème est le service après-vente. Est-ce un sujet de préoccupation pour toi ?
Denis Asch : En effet, le service après-vente sera l’un des enjeux majeurs dans les années à venir. Les clients se plaignent des tarifs pratiqués, qu’ils comparent au prix de la montre. J’ajoute que ce n’est pas seulement une question de prix, c’est également une question de délai. Les clients sont exigeants et souhaitent retrouver leur montre dans les plus brefs délais. Car, si la plupart sont prêts à payer, ils ne sont pas prêts à attendre. Je suis horloger et je pratique quelques opérations d’entretien ou de réglage à L’Heure AscH, mais certaines garanties exigent que les montres soient retournées à la manufacture, qui en assure la maintenance et les réparations. Historiquement, c’est Rolex qui a créé le premier réseau international de SAV et proposé une qualité de service identique partout dans le monde. Ils sont très organisés et investissent énormément dans la formation des horlogers.
Denis Asch : Fais-tu la même analyse aux Etats-Unis ?
Keith W. Strandberg : Oui, je crois que c’est la même chose partout. Au cœur du problème se trouve le manque d’horlogers qualifiés capables d’intervenir sur les montres compliquées. La plupart des marques vendent plus de 50% de montres compliquées et toutes devront être réparées un jour ou l’autre. Or, les meilleurs horlogers -s’ils ont fait leur apprentissage en réparant des montres anciennes- se destinent à la création plutôt qu’à la maintenance.
Denis Asch : En ce qui me concerne, j’ai eu la chance de travailler quelques années au service après-vente où j’intervenais sur plus d’une vingtaine de marques, dont Rolex, Audemars Piguet, Cartier et Omega. C’était un vrai challenge de trouver la cause de la panne et d’y remédier et j’étais fier de remettre aux clients une montre qui -pour certaines- étaient rendues presque neuves. C’était gratifiant et très enrichissant pour le jeune horloger que j’étais à l’époque…
Article publié avec l’aimable autorisation de l’Heure Asch
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L’Heure AscH
19, rue de la Cité
1204 Genève
Tél. 022 311 19 19
info@heure-asch.com
www.heure-asch.com
Pour aller plus loin, lire aussi :
L'Heure AscH : rencontre avec Denis Asch, un horloger élégant, discret et chaleureux
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