Habibi : une opération de lutte anti-contrefaçon de la FH à Dubai


On connait Dubaï pour ses hôtels ultra-luxueux, ses plages de rêves et ses malls improbables avec aquariums géants et pistes de ski… Mais moins pour la contrefaçon. Pourtant, lors d’une opération anti-contrefaçon baptisée Habibi, la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), s’est immergée dans les ruelles du vieux Dubaï, accompagnée par les policiers de la ville.


Samir (prénom volontairement changé par la rédaction) est enquêteur. Il sur le coup depuis plusieurs semaines déjà.

Sa mission : localiser les entrepôts clandestins. Il dispose pour cela d’un petit réseau, des gars connus de lui seul, qui sont sur le terrain nuit et jour, qui l’orientent et lui donnent des informations.

Enfin, donner n’est pas véritablement le mot qui convient... En effet, chaque information fait l’objet d’une transaction. Si le tuyau est bon, s’il débouche sur une saisie, il sera rétribué. Le contraire n’est pas envisagé.

Samir a recruté ses gars selon leur capacité à se fondre dans la masse cosmopolite de Dubaï. Vu d’ici, Dubaï ressemble à un grand bazar avec son mélange de langues, ses couleurs de peau, ses religions, ses coutumes vestimentaires... En fait, tout y est ordonné, chaque communauté a son territoire minutieusement gardé et délimité. Un individu qui n’est pas à sa place attire immédiatement l’attention de tous les autres. Telle une onde, la question se diffuse dans l’air du quartier : qui est-il, que fait-il ici ? Les hommes de Samir, eux, n’attirent pas l’attention. Ils sont Pakistanais chez les Pakistanais, Iraniens chez les Iraniens voire Philippins. Ils transportent les mêmes cartons que les autres, poussent les mêmes charrettes. Et Samir est plutôt content de sa petite équipe.

Baptisée « Habibi », la saisie a lieu au petit matin. Samir attend dans un restaurant avec Hamed (prénom également modifié), qui est chargé d’organiser la manœuvre avec la police. Comme à son habitude, Hamed commence sa journée ici. Il prend son petit déjeuner là, à sa table, et il ne faudrait pas lui prendre sa place. D’ailleurs personne n’y songe, Hamed est un ancien militaire de carrière.

Aujourd’hui, Samir est confiant il a tout vérifié, mais Hamed lui, est nerveux. Il passe et repasse les mêmes appels sur son téléphone mobile. Il s’absente, revient, repart. L’attente semble interminable. A tout moment, l’opération peut être annulée. Sans préavis, pour un rien. Puis soudain : «yalla, yalla, amshi » (allez, c’est parti).

Dirction Deira, quartier populaire du vieux Dubaï, où se retrouvent discrètement les policiers qui vont mener l’opération. Samir s’esquive, il ne veut pas courir le risque d’être reconnu. Selon ses recoupements, l’entrepôt a été localisé dans un immeuble de Naif. La configuration des lieux rend l’opération quelque peu périlleuse. Le quartier forme un vaste enchevêtrement d’immeubles de six/sept étages alignés le long de ruelles étroites et sans nom dans lesquelles s’écoule un flot ininterrompu de piétons, de cyclistes et de charrettes. Sans parler des voitures qui tentent de se frayer un chemin dans la cohue.

De plus, tous les immeubles communiquent entre eux par les toits en terrasses, encombrées d’antennes diverses et de climatiseurs bruyants, offrant autant d’échappatoires et de cachettes aux trafiquants. En outre, les nombreuses entrées sombres et douteuses ne permettent pas de savoir immédiatement si les escaliers donnent accès au bâtiment de gauche ou à celui de droite. Heureusement, selon les renseignements de Samir, l’immeuble-cible n’est pas protégé par un système de vidéo-surveillance.

Dans les ruelles avoisinantes, de petits attroupements se font et se défont. Ça discute en arabe, en urdu, en hindi, même en français avec un groupe de Sénégalais en voyage d’affaires. Il faut faire vite. D’un geste en apparence anodin, le lieutenant donne le feu vert. Sans précipitation, ses hommes se répartissent dans les deux entrées. Le premier groupe escalade les escaliers jusqu’au toit et débouche sur la terrasse. Mauvaise pioche, le lieutenant peste.

Vite, il faut redescendre et prendre l’escalier d’en face. Les autres policiers sont déjà là. La porte a été défoncée par les forces de l’ordre, prenant par surprise le surveillant de l’entrepôt qui se retrouve menotté sans avoir eu le temps de réaliser. Le renseignement de Samir était donc de première main. Un rapide tour d’horizon rassure la police. Il y a là, plus ou moins bien rangées par marque, une grosse quantité de montres, peut-être 10.000 pièces. De quoi approvisionner une vingtaine de points de vente. Dans la salle attenante, empilés dans tout l’espace disponible, des centaines de coffrets, étuis, cartes de garanties, certificats de chronomètre. L’homme menotté se mure dans le silence. Il est prostré et ne répond à aucune des questions que les policiers lui posent. Le lieutenant félicite sobrement ses hommes. Une autre équipe va maintenant prendre le relais. Il s’agit de faire l’inventaire complet des marchandises saisies. Ils y passeront une partie de la nuit.

Entre-temps, Hamed s’est un peu détendu. L’opération « Habibi » s’est déroulée sans anicroche et le résultat est à la hauteur de ses attentes.

www.fhs.ch

Montres-de-luxe.com | Publié le 17 Décembre 2012 | Lu 730 fois

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