« J'étais comme arrivé au moment, à l'âge peut-être, où on sait bien ce qu'on perd à chaque heure qui passe » in Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961).
C'est certain, il est un âge où le temps prend une toute autre valeur. Seule une certaine maturité peut nous amener à en faire le constat et parfois, de façon amère !
Chaque heure passée est perdue. De façon irrémédiable. Seul reste le souvenir de son passage fugitif.
A l'instar du poète latin Horace, qui nous poussait a « cueillir le jour » avec son célèbre « carpe diem » et à bien savourer le présent sans se soucier d'un futur incertain, Céline semble lui aussi nous inciter, par cette phrase, à profiter intensément de chaque instant de la vie ; à en faire un leitmotiv destiné à celui qui saura apprécier le temps à sa juste valeur.
Alexis Francis-Bœuf
Extrait (source Gallimard)
« - Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...
- T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...
- Il y a l'amour, Bardamu !
- Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »
Louis-Ferdinand Céline est né en 1894 à Courbevoie près de Paris. Engagé en 1914, il est grièvement blessé en novembre de la même année, invalide à 75% et reformé, il est envoyé au Cameroun (1916), puis a Londres (1917). Après la victoire, il fait ses études de médecine, puis accomplit des missions en Afrique et aux Etats-Unis pour le compte de la Société des Nations.
Il revient en France en 1930 et exerce la médecine dans la banlieue parisienne. En 1932, il publie « Voyage au bout de la nuit », roman qui obtient le prix Renaudot et est accueilli comme un grand événement littéraire. « Mort a crédit » (1936) confirme l'importance prise dés le début par cet écrivain novateur.
Céline passa les années de 1944 à 1951en exil en Allemagne et au Danemark. Rentré en France, il s'installe a Meudon où il poursuit son travail d'écrivain. Le 1er juillet 1961, il meurt d' une congestion cérébrale.
C'est certain, il est un âge où le temps prend une toute autre valeur. Seule une certaine maturité peut nous amener à en faire le constat et parfois, de façon amère !
Chaque heure passée est perdue. De façon irrémédiable. Seul reste le souvenir de son passage fugitif.
A l'instar du poète latin Horace, qui nous poussait a « cueillir le jour » avec son célèbre « carpe diem » et à bien savourer le présent sans se soucier d'un futur incertain, Céline semble lui aussi nous inciter, par cette phrase, à profiter intensément de chaque instant de la vie ; à en faire un leitmotiv destiné à celui qui saura apprécier le temps à sa juste valeur.
Alexis Francis-Bœuf
Extrait (source Gallimard)
« - Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...
- T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...
- Il y a l'amour, Bardamu !
- Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »
Louis-Ferdinand Céline est né en 1894 à Courbevoie près de Paris. Engagé en 1914, il est grièvement blessé en novembre de la même année, invalide à 75% et reformé, il est envoyé au Cameroun (1916), puis a Londres (1917). Après la victoire, il fait ses études de médecine, puis accomplit des missions en Afrique et aux Etats-Unis pour le compte de la Société des Nations.
Il revient en France en 1930 et exerce la médecine dans la banlieue parisienne. En 1932, il publie « Voyage au bout de la nuit », roman qui obtient le prix Renaudot et est accueilli comme un grand événement littéraire. « Mort a crédit » (1936) confirme l'importance prise dés le début par cet écrivain novateur.
Céline passa les années de 1944 à 1951en exil en Allemagne et au Danemark. Rentré en France, il s'installe a Meudon où il poursuit son travail d'écrivain. Le 1er juillet 1961, il meurt d' une congestion cérébrale.