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L'actualité des montres de luxe et des marques horlogères de prestige

La Haute Horlogerie repense son avenir…


Quelles sont les valeurs du luxe ? L’horlogerie suisse est-elle sortie de crise ? Comment concilie-t-elle la révolution Internet avec son approche traditionnelle de la communication et de la distribution ? Autant de questions, autant de défis pour une profession dont les principaux dirigeants se sont donné rendez-vous le 29 avril à Genève, au 2ème Forum de la Haute Horlogerie placé sous le thème « Time to Rethink » et organisé par la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH).



Après dix-huit mois de vents contraires qui ont laissé des stigmates dans cette troisième industrie d’exportation suisse (l’horlogerie), quelques bonnes nouvelles d’abord. Oui, la reprise conjoncturelle se concrétise, selon Rémy Bersier, membre de l’Executive Board de la Banque Julius Baer, emmenant l’horlogerie dans son sillage, comme le confirment les statistiques des exportations de mars 2010 (+33%) ; oui, le luxe existera toujours, « consubstantiel à l’homme », d’après Vincent Bastien, professeur HEC Paris, et strate supérieure de l’activité économique, expression de génie créatif et de concentration culturel, comme l’expliquait Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République Française ; oui, enfin, les garde-temps helvétiques sont placés sous le signe de l’excellence, œuvres d’une « bande de maniaques », déclarait non sans une pointe d’humour le photographe Oliviero Toscani (célèbre pour ses créations pour la marque Benetton).

L’explosion numérique

Ces bonnes nouvelles ne doivent toutefois pas occulter les nouveaux paradigmes d’un monde en mutation et notamment la place qu’occupent désormais Internet et les réseaux sociaux en pleine expansion. « Nous assistons à une véritable explosion numérique, constatait Frank Vivier, PDG de Columbus Venture Capital. Internet est en train de détruire les modèles d’affaires traditionnels. Faute d’une réponse adéquate à ce qui était considéré comme un ennemi il y a seulement quelques années, faute de convergence entre matériel et virtuel, les marques seront complètement dépassées par le phénomène ».

Cette évolution parallèle aux réseaux de distribution traditionnels n’inquiète toutefois pas l’ensemble des acteurs de Haute Horlogerie à l’image de François-Paul Journe pour qui le e-commerce « n’est pas imaginable, totalement incompatible avec ma façon de travailler. Les services de proximité à la clientèle font partie du luxe et nos marges doivent le permettre. »

D’autant que les collectionneurs, clients privilégiés de la Haute Horlogerie, sont autant d’individus uniques aux motivations personnelles, en quête de valeurs intrinsèques, selon Thomas Mao, fondateur du site ThePuristS.com : « ce qui n’exclut pas l’utilisation d’Internet pour apprendre à mieux les connaître, poursuivait-il. Car ils sont potentiellement les meilleurs amis des marques par l’enthousiasme qu’ils peuvent prodiguer sur la « toile ». Potentiellement leurs pires ennemis aussi si l’intégrité du produit n’est pas au rendez-vous. » Une intégrité qui, selon l’écrivain Paulo Coelho, doit s’exprimer au travers d’un démarche honnête, loyale, reflet de l’âme du concepteur.

Facteurs de motivation

La crise de cette dernière année n’est toutefois pas sans enseignements, comme le soulignait l’écrivain Nick Foulkes : « non pas tellement en raison de la crise elle-même mais plutôt pour la période de décadence qui l’a précédée. » Une période d’arrogance horlogère masquant difficilement les difficultés rencontrées au niveau de la production.

La reprise est-elle porteuse des mêmes maux, synonymes de pénurie de composants, de mouvements horlogers ? « Si l’horlogerie va se trouver en manque d’un million de mouvements à plus ou moins court terme, c’est peut-être un bon signe, commentait Jean-Claude Biver, patron de Hublot. Un facteur de motivation supplémentaire et la preuve que l’industrie du luxe a encore un énorme potentiel devant elle, voire même un potentiel infini dans nos sociétés capitalistes qui créent du pouvoir d’achat. »

« Plus d’audace, moins d’arrogance », résumait de son côté Franco Cologni, Président de la FHH face au « terrorisme de l’immédiateté » destructeur de valeurs, selon les termes de Pierre-François Unger, conseiller d’Etat genevois en charge de l’économie.

La Haute Horlogerie, qui a su dompter crises, guerres et révolutions durant ses 250 ans d’histoire, est à l’aube d’un nouveau siècle de bouleversements. Non sans atouts à faire valoir en tant que « récipiendaire de la création » !

Montres-de-luxe.com | Publié le 2 Mai 2010 | Lu 2018 fois






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