La Morale la meilleure, En ce monde où les plus fous, Sont les plus sages de tous, C'est encore d'oublier l'Heure



« La Morale la meilleure, En ce monde où les plus fous, Sont les plus sages de tous, C'est encore d'oublier l'Heure » in La Toile Tombe de Paul Verlaine (1844-1896)

Lorsque on évoque les « poètes maudits », on pense immédiatement à Paul Verlaine qui en fut l'initiateur.

L'expression « poète maudit » désigne souvent un poète qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société et se comporte de manière provocante, dangereuse, asociale ou autodestructrice (en particulier avec la consommation d'alcool et de drogues), rédige des textes d'une lecture difficile et, en général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur.

Ont ainsi pu recevoir ce qualificatif Verlaine lui-même, mais aussi des auteurs comme François Villon, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Lautréamont, Antonin Artaud ou encore John Keats et Edgar Allan Poe, pour n'en citer que quelques uns bien-sûr.

Verlaine était un poète atypique, un écorché vif, influencé par Baudelaire et qui a puisé son génie dans une poésie pleine de rythmes impairs, d'assonances et de clairs-obscurs, procédés littéraires consistant à mettre côte a côte deux mots opposés afin de créer une troisième signification.

Sa timidité extrême associée à des deuils familiaux et des déceptions amoureuses conduiront Paul Verlaine sur le chemin de l'alcool. Sa rencontre passionnée avec Arthur Rimbaud le sortira un temps de cette dépendance, mais à la suite d'une violente dispute où Verlaine blessera son ami d’un coup de revolver, il retombera dans l'alcool et sera incarcéré.

Durant les deux années de prison qu'il effectuera, Verlaine va retrouver une discipline de travail et composer certaines de ses plus belles œuvres qui lui vaudront une reconnaissance et même le titre de « Prince des Poètes ».

Malgré cette notoriété, Paul Verlaine sombrera par la suite dans le dénuement le plus total et l'alcoolisme pour disparaitre prématurément à 51 ans en 1894, illustrant ainsi l'image du poète maudit auquel il s'était identifié à ses débuts.

Il laisse derrière plusieurs dizaines de poèmes dont cet extrait de « La Toile tombe » : « La Morale la meilleure, En ce monde où les plus fous, Sont les plus sages de tous, C'est encore d'oublier l'Heure ». Ce poème fait partie du recueil « Jadis et naguère » qui fut publié en 1884 et qui est composé d'œuvres écrites pour la plupart en 1870. Il fut publié à une époque où Verlaine était devenu l'un des annonciateurs d'un mouvement qu'on appellera les Symbolistes.

Pour les Symbolistes, le monde ne pouvait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il y avait un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappaient d'inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participant d'une même intuition et faisait du Poète une sorte de mage en nous invitant à rentrer dans un univers quasi fantasmagorique, ce en quoi, Paul Verlaine excellait.

Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Mars 2011 | Lu 1664 fois

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