La lavallière : un accessoire délicieusement suranné !


Ces dernières années, on voit régulièrement réapparaître de nombreux accessoires masculins que l’on croyait disparus : résurrection rendue possible grâce à l’engouement d’une jeune génération pour le vestiaire classique.


De fait, les “Period Drama” comme Mad Men ou Peaky Blinders font la part belle à tout ce que nous avons un peu oublié, tels les cols blancs et ronds, les épingles de cols et… Les lavallières -ou Ascot !
 
Oui, oui, la lavallière, ce foulard de soie masculin que l’on glisse autour du cou et qui vient se placer sous la chemise… Un accessoire aujourd’hui un peu disparu de notre vestiaire et qui, pourtant, dégage un chic résolument « #oldmoney » !
 
Rappelons que la lavallière est l’un des accessoires pour hommes les plus anciens, comme les boutons de manchettes, d’ailleurs.

Ce foulard de soie est l’ancêtre de la cravate. Appelée cravate-lavallière dans la deuxième moitié du XIXème siècle, ou « cravat » en anglais, cet accessoire était alors, l’indispensable de toute tenue habillée.
 
Souvent de couleur sombre et unie dans sa version la plus simple, de nombreuses variations de couleurs et de motifs existaient. Cette forme de cravate, sans triplure, se nouait d’un noeud (Balzac écrivit d’ailleurs un traité à ce sujet), se piquait d’une épingle ou bien, se resserrait d’une bague !
 
La cravate-lavallière sera remplacée vers 1880 par une forme pré-nouée, plus courte et plus rigide : la cravate-plastron, formelle, qui se portait avec la redingote. Quand cette dernière disparut, après la Première Guerre mondiale, la cravate-plastron devint dès lors, la cravate de l’habit de jour le plus formel pour homme : la jaquette.

La jaquette se portait à l’époque, sur les champs de course, notamment Epson et Ascot ; à ce titre, par métonymie, on désignera dans le monde anglo-saxon, à partir des années 1920, la cravate-plastron par le nom d’Ascot !
 
Quant au foulard de soie tel qu’on le connait aujourd’hui, il devient dans les années 1930, un accessoire sportif et décontracté : un foulard que l’on porte avec un chandail et une culotte de golf. Bref, un foulard à porter quand on ne peut pas mettre de cravate mais qu’il convient tout de même de ne pas se montrer « gorge-nue ».
 
C’est ainsi que ce foulard commence à se porter à même la peau : Clark Gable, James Stewart, Cary Grant ou Fred Astaire en font des signatures de style. Ce foulard devient l'emblème de la décontraction et du cool à l’américaine ! De la fameuse « nonchalante élégance ».

Inspiré par cette iconographie de l’âge d’or d’Hollywood, c’est sans doute pour cela que Ralph Lauren utilise beaucoup cet accessoire dans ses campagnes de pub, surtout dans les années 1970- 1980 !

Au cours de la décennie 70, le foulard en soie est très à la mode car il dégage un air bohème aux tenues d’intérieur. Dans les années 1980, il devient l'emblème même du style WASP !
 
Aujourd’hui, il reste difficile de porter une lavallière : même à Ascot ou aux mariages royaux. Les gentlemen modernes optant plutôt pour une cravate moderne ! 

On assiste parfois à des tentatives de modernisation telle la cravalière, mais c’est franchement laid et ça fait déguisé ! Et si vous la portez avec une robe de chambre en soie, votre femme vous taxera d’« Hugh Hefner » !

Alors que faire ? Définitivement abandonner l’Ascot ? Oui, ou sinon, que vous l’achetiez chez Charvet, chez Sulka (il existe de très belles pièces d’occasion sur eBay) dans une petite boutique florentine ou sur Savile Row à Londres, il faut opter pour un modèle à motifs (cachemire, poids, scènes de chasse, etc.) mais jamais uni !

Pour éviter les clichés, pourquoi pas le porter de manière décalée avec un polo et un pull à col roulé, le tout compléter d’un chino et d’une veste en jean ?

Plus tard, si vous l’adoptez dans votre garde-robe, il sera parfait en automne avec une jolie chemise à col cut-away ou boutonné sur un veston en tweed ou un blazer par exemple…

Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Septembre 2024 | Lu 7223 fois

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