La saga du Zippo


A presque 90 ans, le briquet Zippo entame le troisième millénaire avec une flamme particulièrement brillante. C’est à Bradford, un petit bourg de Pennsylvanie (USA) que commence en 1932 l’aventure du Zippo. Georges Grant Blaisdell, père du briquet le plus connu au monde reprochait alors à l’un de ses amis, l’utilisation d’un briquet de bazar : « Toi un homme si élégant, pourquoi n’utilises-tu pas un briquet de qualité ? ». C’est alors que son ami lui répondit, joignant le geste à la parole : « Oui mais regarde, il fonctionne même en plein vent » !


Mécanicien de formation, Georges Grant Blaisdell conserva à l’esprit cette conversation qui avait eu lieu dans le jardin du Penns Hills Country Club. Cela le décida de concevoir un briquet moderne à l’épreuve des coups de vent.
 
Pratique, élégant et bon marché : voilà les impératifs pour la conception de ce modèle. Dès 1933, dans un petit atelier de Boylton Street, il crée un premier prototype de Zippo. Après plusieurs essais infructueux, encombrants et peu pratiques, il retravaille le design de son briquet avec l’idée qu’il puisse être ouvert et allumé d’une seule main.
 
Néanmoins, on trouvait déjà dans ce modèle, la base du Zippo : la forme rectangulaire, le capot fixé au corps par une simple charnière et une cheminée pare-vent qui protège la mèche. C’est ce premier prototype qui reçoit le nom de Zippo.

En effet Georges Blaisdell, propriétaire de la Blaisdell Oil Company savait l’importance d’un nom dans le succès d’un produit. Un nom qui trouve son origine dans le « Zipp » de la fermeture Eclair qui venait d’être inventée.

Une évolution mesurée
Pendant que le monde de la technologie évoluait de plus en plus rapidement au fil des années, le Zippo restait immuable ou plutôt, il profitait des progrès de la technologie pour perdurer dans son authenticité.
 
Des millions de dollars ont été régulièrement investis dans un outillage ultramoderne qui sert à fabriquer un produit dont la conception est inchangée depuis près de 90 ans. Conserver le Zippo conforme à l’idée originale, voilà le but de ces investissements.

Néanmoins, c’est par des mesures homéopathiques que le briquet le plus célèbre du monde a reçu au fil des ans quelques modifications. Ainsi à l’exception d’améliorations apportées à la molette et à la coque, la conception du Zippo reste inchangée.

C’est par petites touches successives que le changement c’est opéré d’une manière imperceptible à partir du modèle original. C’est ainsi que dès 1933, une double ligne horizontale apparaît aux angles opposés de la coque. En 1934, le Zippo est raccourci de 0,62 mm pour adopter ses dimensions actuelles.

En 1936 a lieu l’une des modifications les plus importantes : la charnière extérieure est alors montée à l’intérieur de la coque. Puis en 1938, grâce aux nouvelles techniques d’emboutissage, Georges Blaisdell modifie le dessin et l’outillage de la coque du briquet.

La plupart des soudures de l’ancien modèle sont supprimées pour aboutir à un dessin aux lignes plus douces et aux angles arrondis. Le Zippo affiche désormais sa forme définitive.
 
La période de la guerre réserve le laiton aux besoins de l’armée et les Zippo sont alors fabriqués dans du melchior, un métal de mauvaise qualité qui ne résiste pas au temps et s’autodétruit par « métalfatigue ».

En 1946, c’est la mollette d’allumage qui est victime d’un grave dysfonctionnement et après de nombreux essais, les ingénieurs de Zippo trouvent un acier spécial qui convient parfaitement aux allumages répétés. Désormais le Zippo justifie totalement sa garantie à vie.

Cette apparition de l’acier se fait curieusement grâce à la guerre de Corée. Depuis cette époque, seules des évolutions minimes verront le jour. Dès 1957, des codes d’identification des briquets sont établis année après année. Un système qui sera remplacé en 1984 par un système alphanumérique.
 
Outre le modèle standard,  l’usine de Bradford produit également le Slim. De taille plus petite, il est destiné aux femmes et date de 1956. Dès 1936, des modèles promotionnels sont aussi achetés par des sociétés comme Kendall Oil Company qui commande 500 pièces à son logo ainsi que de nombreuses sociétés comme Opel, Ford, Avirex, ou Harley-Davidson.
 
Le monde de Disney est également présent avec des modèles dédiés à Mickey et à Donald. Et nous n’oublierons pas Coca Cola qui ne loupe jamais une occasion de s’afficher sur un produit populaire.

Comme il se doit, de nombreux régiments de l’armée US feront graver leurs armes sur des Zippo ; d’ailleurs, les puces de Saigon regorgent de briquets de ce type (attention, la plupart sont de pâles copies)...

Des modèles de luxe 
Au delà de toute cette production, des modèles plus précieux intègrent régulièrement les collections. Dès 1939, un modèle en or est proposé en version lisse ou guilloché. Le joaillier Tiffany crée des pièces à la demande de certains de ses clients.
 
On trouve des modèles qui intègrent des matériaux précieux comme l’écaille, le crocodile ou du serpent. Les plus grands acteurs ou chanteurs comme Bogart ou Gainsbourg l’on utilisé. A l’instar des Fruits of the Loom, des 501 de Levi’s ou des Maines Hunting shoes de LL. Bean, le briquet Zippo fait partie des « authentiques » américains.
 
Le Zippo reconnaissable au bruit de sa fermeture à l’instar d’un Dupont, et à son odeur d’essence vaut tous les briquets Bic. Il fait partie d’une économie circulaire et il est tout aussi utile que le couteau suisse de Victorinox dont nous raconterons la saga dans une prochaine rubrique.
 
Joël Chassaing-Cuvillier


Montres-de-luxe.com | Publié le 4 Novembre 2021 | Lu 2071 fois

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