Louis Vuitton Tambour Carpe Diem : tête de mort pour ode à la vie


Cela fait déjà quelques années que la tête de mort revient régulièrement s’installer au sein des cadrans de nos montres. En ce printemps 2021, Louis Vuitton dévoile une version de sa fameuse Tambour totalement hors norme : une pièce de haute horlogerie baroque (voire un peu « barrée »), disruptive et même clivante pour certains qui a le mérite d’embarquer une mécanique de haut vol associée à un design décalé ! Sans compter une production confidentielle avec moins de cinq montres par an ! Quant au prix, en l’occurrence, peu importe.


« Carpe diem » : « cueille le jour présent » en Français, « seize the day » en Anglais… Une locution latine extraite d'un poème d'Horace que l’on retrouvait déjà gravée sur l’or d’une montre de Gerald Genta sur un modèle rectangulaire en forme de livre qui s’ouvrait pour laisser apparaitre son cadran…
 
Naturellement, en cette période de pandémie, ce « Carpe diem », cette « Vanité » prend encore plus de sens. La maladie rôde, la mort aussi, il faut profiter de la vie qui ces temps-ci, semble encore plus fragile.
 
Incontestablement, avec cette montre, Louis Vuitton a saisi l’air du temps, tout en ouvrant par la même occasion, un nouveau chapitre dans l’histoire des montres à jacquemarts.

En effet, après avoir réalisé en secret pour quelques clients, quelques « happy few », plusieurs commandes spéciales de montres à automates, Louis Vuitton a décidé de lever une partie du mystère en créant un modèle unique qui ne sera produit qu’à quatre exemplaires par an. Quatre pièces quasi toutes vendues.

Il aura fallu deux ans de développement pour que cette Carpe Diem voit le jour et intègre les collections horlogères de la Maison. « Notre objectif était de sortir des sentiers battus, explique Michel Navas, maître horloger de La Fabrique du Temps Louis Vuitton. Nous désirions apporter au jacquemart notre vision du XXIème siècle avec toute la fougue et la créativité qui caractérisent notre Maison depuis qu’elle a investi l’horlogerie en 2002 ».
 
Avant d’aller plus loin dans la description de cette pièce, rappelons qu’à l’origine, les jacquemarts étaient des automates conçus pour frapper les heures sur les clochers des églises. Lorsque les horlogers les ont miniaturisés sur des montres, leur fonction est devenue essentiellement décorative -animer le cadran d’une saynète-, l’heure restant traditionnellement indiquée par des aiguilles classiques. L’un des grands spécialises des jacquemarts est Ulysse Nardin.
 
Aujourd’hui, Louis Vuitton a voulu redonner tout son sens aux jacquemarts (s’écrit également jacquemards ou jaquemarts). Pour cela, l’ossature de cette montre a été construite autour de deux axes majeurs.
 
L’automate est véritablement fonctionnel : il donne l’heure, sans aiguille, à la demande. Comment ? En actionnant un poussoir, le tableau miniature du cadran va s’animer sur le poignet et les protagonistes de l’histoire, le serpent et le crâne qui jouent le rôle de jacquemarts, vont indiquer l’heure.

A ceci s’ajoute un autre élément déterminant dans la création de cette montre de haute horlogerie à savoir une approche stylistique inédite du thème des Vanités, traité sur un mode qui se veut « à la fois positif et subversif ».
 
Précisons que depuis quelques années, la tête de mort, qu’il s’agisse d’une vanité, qu’il s’agisse de la célébration mexicaine « del dia de los muertos » ou qu’elle ait des origines plus guerrières, se retrouve très régulièrement dans l’horlogerie. Chez Bell & Ross, mais également chez feu-RJ Romain Jerome, chez Speake-Marin, chez Corum, chez HYT, chez Richard Mille, chez Fiona Kruger, etc.
 
Dans sa version, Louis Vuitton, non content de permettre à son modèle d’égrainer le temps qui passe, lui adjoint des complications horlogères supplémentaires. De fait, la Tambour Carpe Diem en compte quatre. Une heure sautante, une minute rétrograde, un affichage de la réserve de marche et le mécanisme des animations de l’automate -qui sont aussi au nombre de quatre…

« La prouesse a été de concevoir un mouvement mécanique qui soit assez puissant pour intégrer et faire marcher sans à-coup toutes ces fonctions qui n’avaient jamais été réunies auparavant », assure Michel Navas. 

L’heure se lit à la demande. Pour la révéler, il faut actionner le poussoir en forme de reptile, à droite du boîtier. La tête du serpent centrale se lève pour dévoiler le guichet des heures placé sur le front du crâne tandis que la queue du crotale oscille en direction des minutes, positionnées sous le sablier de la réserve de marche.
 
C’est alors que le crâne devient moqueur, lançant des clins d’œil en forme de Fleurs de Monogram qui apparaissent dans l’une de ses orbites. Sa mâchoire laisse échapper un rire sur lequel surgit en toutes lettres « Carpe Diem ». Ce spectacle dure 16 secondes.
 
Entièrement développé et assemblé à La Fabrique du Temps Louis Vuitton, ce calibre LV 525 (426 composant et cent heures de réserve de marche) fait actuellement l’objet d’une demande de plusieurs brevets. Autre singularité, le design de son mouvement visible au dos de la pièce et monté en forme de crâne, en écho à la Vanité du cadran.

Représentés depuis le XVème siècle sur des montres de poches, des pendules et des horloges, ces têtes de mort, squelettes et sabliers sont bien évidemment une allégorie du temps qui passe… Afin d’inscrire cette Vanité dans son temps, Louis Vuitton a voulu dépoussiérer ses attributs en confiant leur facture aux meilleurs artisans helvétiques tels Anita Porchet (incontournable) pour l’émaillage et Dick Steenman pour la gravure.

Ainsi plus de 50 heures d’ouvrage ont été consacrées au seul émaillage du serpent et du cadran. Pour donner vie au crotale qui apparaît aussi de profil sur le poussoir du boîtier, Dick Steenman a travaillé l’or de façon profilée et fluide afin d’accentuer l’effet de reptation. Sculptés dans de l’or avec une précision inouïe, tête de mort, reptile et sablier sont associés aux emblèmes de Louis Vuitton.
 
Telles ces fleurs de Monogram gravées sur le crâne, tatouées sur les écailles du serpent ou apparaissant en rouge sang dans l’orbite du crâne. La finesse, la transparence et les couleurs de l’émail, particulièrement remarquables et réalistes sur le travail des dents du jacquemart (on les dirait presque « sales »), amplifient le relief du cadran.
 
L’imposant boîtier de 46,8 mm (14,42 mm d’épaisseur) et ses cornes sont en or rose avec poussoir serti de 2 rubis. Il est étanche à 30 m et se porte sur un bracelet en alligator noir avec une boucle déployante en or rose. Ce garde-temps d’exception est livrée dans une malle « haute horlogerie ».


Montres-de-luxe.com | Publié le 7 Avril 2021 | Lu 41727 fois

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