MAH Genève : Dix milliards d'années, belle exposition sur le temps, ses notions et sa mesure


Pour ceux qui ont la chance de se rendre à Genève (Suisse) d’ici le 30 octobre prochain, le Musée d’Art et d’Histoire propose une exposition intitulée Dix milliards d’années qui s’intéresse au passage du temps… Genève étant à la fois, on le sait, cité horlogère et ville d’accueil du CERN. Une expo qui fait dialoguer les notions de temps universel et de temps quantique : celui quantifiable par des instruments de mesure et celui lié à l’expérience que l’on en fait. Pour une réflexion insolite sur la quatrième dimension.


Dix milliards d’années, le titre de l’expo, évoque la durée de vie estimée de notre Soleil. C’est grâce à cet astre gigantesque que l’être humain a effectué ses premières mesures du temps.
 
On oppose volontiers le temps linéaire, dont le passage est reproduit avec précision par les horlogers, au temps quantique, sujet de recherche des scientifiques. Ce musée a souhaité explorer cette dichotomie, très prégnante à Genève, qui est à la fois berceau de la tradition horlogère et ville d’accueil du Centre européen de recherche nucléaire (CERN).
 
On le sait, l’horloger décortique le temps : il divise et mécanise le temps naturel du cosmos, où s’inscrivent les cycles de la vie. Il miniaturise les mouvements et les rythmes de l’univers. Non seulement il décline les heures, les minutes, les secondes jusqu’au fetmosecondes, mais il invente le calendrier perpétuel et parvient à contenir les âges de la lune dans un garde-temps portatif.
 
Grâce à lui, la société connaît les règles de la ponctualité, du synchronisme, de la globalisation des temps et questionne la flèche du temps et son irréversibilité.
 
Partant du Sinusoidon de Philippe Mayaux (un mécanisme qui efface la trace qu’il vient tout juste de laisser à la surface d’un plateau recouvert de sable), et s’achevant sur 24H Silence de Brognon Rollin (jukebox qui compile 160 minutes de silence enregistrées lors d’hommages solennels), le parcours de l’exposition donne à réfléchir à la notion de passage du temps, que l’être humain s’efforce encore de quantifier le plus parfaitement possible.
 
Depuis quelques années, c’est l’infiniment petit, autrement dit l’atome de césium, que les scientifiques étudient pour perfectionner ce calcul. Or, ce temps n’est pas évalué de la même façon : sa perception est contextuelle, elle dépend de celui ou de celle qui l’observe !
 
Faut-il pour autant opposer le temps de l’infiniment grand, sur lequel l’Humanité se base depuis des millénaires, au temps observé à partir de l’infiniment petit ?
 
Cette exposition cherche à identifier une potentielle tension entre ces deux notions. Ainsi, du côté du temps mesurable, se situe le travail de précision accompli par les horlogers à travers les siècles. Et, du côté du temps quantique, on retrouve celui des artistes, qui se substituent ici aux scientifiques.
 
Car si la mesure du temps quantique dépend de l’observateur, l’appréciation d’une œuvre d’art dépend
du spectateur. À la manière de magiciens, les artistes sont capables de nous faire oublier la notion du temps, d’en manipuler le passage, d’en faire ressentir l’éternité ou la fugacité.
 
Constitué de pièces choisies dans la collection d’horlogerie du MAH et d’œuvres d’art contemporain, le parcours de l’exposition joue de cette dualité.
 
Dans une scénographie éthérée, qui joue du contraste entre infiniment petit et infiniment grand, s’égrènent les exemples de mesure du temps, depuis une simple lampe à huile graduée du XVIIIe
siècle jusqu’à la centrale horaire électronique utilisée à l’aéroport de Genève.
 
Cette quête de rigueur scientifique ouvre des portes sur l’imaginaire de l’infiniment grand, tel un imposant planétaire mettant en scène le mouvement des planètes autour du Soleil prêté par le Musée d’histoire des sciences de Genève.
 
Qui dit rigueur n’empêche pas la recherche esthétique, dont témoigne une grande variété de garde-temps de petit et moyen volume, issus d’une tradition horlogère qui perdure.
 
Enfin, quand ils ne sont pas sollicités pour exécuter des pièces décoratives (James Pradier), les artistes s’emparent de la quatrième dimension pour jouer avec elle (Jonathan Monk), formaliser l’idée de boucle temporelle (Philippe Mayaux), ou nous donner une idée de l’infini (Alicja Kwade, Gianni Motti).
 
Toujours dans le cadre de cette vaste réflexion sur le temps, le MAH propose deux présentations parallèles, Passe-temps et La course du temps, ainsi qu’un projet intitulé Time Capsules 2045 au GamMAH. Celui-ci à s’interroger sur la notion de ces objets ou œuvres destinés à être découverts après un délai plus ou moins long.
 
Musée d’art et d’histoire
2, rue Charles-Galland
1206 Genève
Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h,
le jeudi de 12h à 21h
Prix libre (vous payez ce qui vous semble « juste »)

Montres-de-luxe.com | Publié le 31 Aout 2022 | Lu 2083 fois

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