Ma première Foire de Bâle : par Benoit Lecigne, directeur général Les Ambassadeurs


Alors que la Foire de Bâle subit actuellement un véritable « tremblement de terre », nous avons demandé à des professionnels de l’horlogerie de revenir sur « leur tout premier Bâle », celui qui est resté gravé dans leur mémoire. Une série de témoignages intergénérationnels qui revient sur ce qui reste, jusqu’à ce jour, le plus grand rendez-vous mondial de l’horlogerie. Aujourd’hui, Benoit Lecigne.


J’ai vécu mon premier Bâle en 1989. Je n’avais même pas 18 ans ! J’avais la chance d’accompagner mon oncle, Martin Saunier, propriétaire des Boutiques multimarques Saunier à Calais (une gageure déjà à l’époque) et à Boulogne-sur-Mer.
 
Inutile de dire que je me posais davantage en un observateur réservé -bien que curieux- qu’en négociateur avisé. Et pour observer, j’ai pu observer ! A cette époque, les espaces étaient bien plus poreux et les bonnes relations permettaient de « naviguer » aisément entre les marques.
 
Il faut rappeler que le client était roi ! Et le client était alors le détaillant qui venait faire ses achats de nouveautés : les collections étaient alors bien moins larges, les commandes plus concises, les relations complices et le temps… moins compté.
 
L’échange était bilatéral et le champ des possibles paraissait encore infini. J’ouvrais grand les écoutilles, assimilais, apprenais, admirais.
 
Et quelle joie lorsque quelques jours plus tard, je vendais ma première Omega Speedmaster en or sur bracelet en alligator vert… Quelle joie et quelle fierté : le métier rentrait… et cela grâce à ce que j’avais pu observer.
 
Demander à des professionnels de l’Horlogerie et de la Joaillerie de « Relater leur première Foire de Bâle », voilà une bonne idée !
 
Dans un contexte majoritairement frondeur et adverse vis-à-vis de cette messe annuelle qui semble vivre ces derniers soubresauts, tous ses souvenirs nous rappellent l’émerveillement qui nous a tous saisi lorsque nous avons été emportés pour la première fois dans le tourbillon de Baselword.
 
La Foire représentait alors avant tout une opportunité annuelle unique de rencontrer tous les acteurs de notre secteur d’activités, toute hiérarchie confondue, autour d’un seul et même sujet, hors du temps et enivrant : l’Horlogerie et la Joaillerie.
 
Dans un monde où nous ne sommes plus disposés à attendre et où les flux d’informations nous approchent en nous éloignant physiquement, ce grand rendez-vous a perdu sa raison d’être : la rencontre.

Après avoir été directeur général de Hublot France et de nombreux autres pays européens (une cinquantaine au total) pendant plusieurs années, Benoit Lecigne est depuis quelques mois, directeur général de l’enseigne horlogère Les Ambassadeurs à Luxembourg. Le détaillant suisse a ouvert un flagship dans le luxueux centre commercial La Cloche d’Or.

Montres-de-luxe.com | Publié le 8 Mai 2020 | Lu 4655 fois

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