Officine Panerai : une histoire de famille et de montres


On ne présente plus Officine Panerai… Ses montres, Radiomir et Luminor, au design si caractéristique, sont connues de tous les amateurs d’horlogerie dans le monde. On sait que la marque est originaire de Florence (Italie), qu’elle a équipé l’armée italienne et qu’elle est spécialisée dans les montres de plongée ; mais on connait finalement peu les détails de cette histoire de famille qui a démarré en 1850…


L’histoire de la famille Panerai commence donc à Florence en 1850... A cette époque, dans ce chef-lieu de la Toscane, Giovanni Panerai ouvre, sur le Pont des Grâces –plus connu aujourd’hui sous le nom de Ponte Vecchio- le premier magasin d’horlogerie de la ville.
 
Son petit-fils Guido donnera, quelques années plus tard, une nouvelle impulsion à ce commerce et le développera. Giuseppe, fils de Guido, continuera l’œuvre de son père et la diversifiera, dès 1934, en créant des fournitures d’équipements exclusivement destinées à la Marine Nationale italienne. C’est à lui que l’on doit la création des iconiques montres Radiomir et Luminor.
 
Sa sœur Maria, de son côté, continuera l’exploitation du magasin horloger, situé en plein cœur de la ville. A ce jour, après la disparition de Giuseppe (1972) et de Maria (1993), l’établissement est tenu par Maria Teresa Abetti Panerai, veuve de Giuseppe. Depuis les années 80, elle gère avec passion le célèbre magasin (qui sera agrandi cette année) transmis de génération en génération.
 
Construit en 1850 sur un des piliers du Pont des Grâces, le premier magasin Panerai jouxte un boucher, un coiffeur, un vendeur de fruits et légumes ainsi qu’une échoppe où l’on y vend des marrons chauds… Cette ouverture horlogère, la première au cœur de la ville toscane, marque le début des contacts avec les plus anciennes manufactures suisses. En 1876, suite à des travaux d’élargissement du pont, la boutique doit déménager. Elle changera de nombreuses fois d’adresse et se fixera finalement à son endroit actuel, au numéro 3 de la place San Giovanni, dans le Palais de l’Archevêché.
 
Au fil des ans, le petit commerce créé par Giovanni Panerai devient une véritable entreprise, pas seulement au niveau de la vente de montres, mais également en matière de pièces de rechange, d’accessoires et d’outillages pour mécanique de précision. Un atelier attenant y fut même ouvert pour les réparations. Cet endroit devint d’ailleurs la première école d’horlogerie de Florence. En effet, comme les montres arrivaient de Suisse en pièces détachées, il fallut créer un espace rassemblant de nombreux horlogers pour les assembler… Vers 1900, le nom Orologeria Svizzera (Horlogerie suisse) fut apposé par Guido sur la porte de la boutique.
 
Très sensible à la communication, Guido Panerai éditait déjà, au début du vingtième siècle, des catalogues publicitaires, tirés à des dizaines de milliers d’exemplaires, qu’il envoyait aux magasins et aux clients éloignés afin qu’ils puissent passer leurs commandes par correspondance. C’est à cette époque également qu’il conclut un accord avec les Chemins de fer italiens : les cheminots recevaient une montre qui était payée par la retenue d’une certaine somme sur leur salaire !
 
Au fil du temps, les activités du commerce prennent de l’ampleur et ne se contentent plus de la simple vente de garde-temps et d’un atelier de montage, mais s’étoffent également par la création d’un magasin de vente pour les grossistes, un autre pour les pièces détachées et un troisième pour les machines-outils de mécanique de précision. Le sérieux de l’Orologeria Svizzera permet à l’établissement de devenir concessionnaire pour quelques-unes des plus importantes marques suisses, comme Rolex, Vacheron Constantin, Longines, Movado et, plus tard, Patek Philippe.

Dans les ateliers florentins, l’activité –prospère- s’oriente tranquillement vers un nouveau partenariat avec la Marine Nationale à laquelle sont livrés des chronographes-bracelets de précision. Certains mouvements sont même modifiés afin de répondre aux spécificités techniques pointues exigées par les militaires. Dès 1920, un nouveau modèle de chronographe, le Mare Nostrum, est présenté à l’institution afin de subir des essais techniques.
 
Au début des années 1900, les ateliers Panerai se diversifient également dans la fabrication de lentilles spécialisées destinées au Ministère de la Défense. Lors de la première guerre mondiale, la Société d’optique et de mécanique de précision Guido Panerai livra de nombreux objectifs Ronconi au radiomir, caractérisés par leur forte luminosité permettant l’utilisation d’armes dans l’obscurité la plus totale. L’entreprise fournit également des milliers d’objectifs pour fusils, canons et lance-torpilles.
 
Mais la collaboration entre Officine Panerai et la Marine ne se limitait pas à ces seuls objectifs… Les ateliers florentins allaient aussi réaliser des instruments de précision, tels que les calculateurs mécaniques et les objectifs de pointage pour les lance-torpilles, ainsi que différents dispositifs à retardement pour l’explosion de torpilles et de mines.
 
Au cours de la deuxième guerre mondiale, les relations entre les deux parties s’intensifièrent. De nombreux produits comme des dispositifs à retardement et de pointage, des dispositifs d’éclairage et de balisage lumineux furent livrés. A l’époque, Officine Panerai devient l’un des leaders dans les produits luminescents, fluorescents et phosphorescents ; de nombreux brevets furent déposés pour ces ingénieuses inventions.
 
Les montres Radiomir voient le jour en 1935. Objet d’une commande spéciale de la Marine italienne, leur naissance resta secrète durant deux ans, temps nécessaire dévolu aux tests. Munis d’un boîtier de grandes dimensions pour l’époque (47 mm) en forme de coussin, les premiers modèles ne comportaient aucune indication sur le cadran et étaient, à l’origine, fabriqués à partir d’un boîtier et d’un mouvement réalisés et livrés à titre exclusif par la société Rolex de Genève, d’après les spécifications techniques imposées par Giuseppe Panerai.
 
Cette première montre fournie à la Marine en 1936 fut à l’origine d’une série de modifications et d’innovations qui firent des Panerai les premières montres professionnelles de marine de tous les temps. Au fil des ans, le boîtier fut renforcé au niveau du diamètre et des anses, mais les deux changements les plus importants intervinrent aux niveaux du cadran et de la couronne de remontoir.
 
La conception du cadran fut totalement revue à Florence, il bénéficia de la technologie des « tubes au radiomir » et les grands chiffres arabes brillaient dans le noir le plus complet grâce à un réservoir rempli d’une substance phosphorescente, monté sous le cadran même. Par la suite, afin d’assurer une parfaite étanchéité, la couronne de remontoir, à l’origine à vis, fut radicalement transformée par l’incorporation d’un dispositif à levier monté sur le côté du boîtier. Cette importante innovation qui encore aujourd’hui distingue les garde-temps de la marque de toutes les autres, fut brevetée en Italie en 1956 et aux Etats-Unis en 1960.
 
La fabrication, exclusivement réservée à l’armée, des montres Radiomir et Luminor (du nom de la nouvelle substance lumineuse qui avait remplacé le radium –ce dernier étant radioactif) reprit de plus belle au début des années 50 avec la fourniture de certains modèles spéciaux à la Marine égyptienne, comme l’Egiziano, modèle de plongée aux dimensions et à la robustesse exceptionnelles, muni d’une lunette graduée pour calculer les temps d’immersion.

Ce ne fut qu’en 1993 que les établissements Panerai réalisèrent une série limitée d’une version de la Luminor et d’une version du Mare Nostrum (chronographe réalisé au stade de prototype au début des années 40 et qui ne fut jamais lancé en fabrication) destinée au marché civil. Depuis 1997, date du rachat de Panerai par le groupe Richemont, la montre mythique des commandos italiens a connu une nouvelle évolution: les modèles se sont enrichis d’éléments techniques et de fonctions, mais toujours en respectant les exigences techniques militaires d’origine les plus strictes…
 
Depuis cette période-là également, la marque n’a cessé d’innover et de développer de nouveaux calibres. Ainsi, en 2002, la manufacture a ouvert un établissement à Neuchâtel (où sont réalisés ses calibres « in house ») qui s’est rapidement  avéré trop petit. C’est la raison pour laquelle, Officine Panerai s’installera au printemps 2014 dans de nouveaux locaux flambant neufs sur les hauts de la ville. En effet, dans les années à venir, O.P. va petit à petit privilégier l’utilisation des mouvements manufacturés en interne et abandonner les fournisseurs extérieurs…
 
Le premier mouvement Officine Panerai, le P.2002 est lancé sur le marché international en 2005. Il est doté d’une fonction GMT et d’une réserve de marche de 8 jours, inspirée par les mouvements Angelus des années 1940. 200è : Officine Panerai présente trois nouveaux calibres entièrement conçus et développés en interne : le P.2003, le P.2004 et le novateur P.2005 à échappement à tourbillon. En 2008 et 2009, la marque dévoile les mouvements P.9000 et P.2006. C’est également le retour à la mer d’Eilean, le ketch bermudien construit en 1936 par les mythiques chantiers Fife, acheté et restauré par Officine Panerai.
 
En 2010, Panerai lance le calibre P.999 et la Jupiterium Panerai, en hommage au 400e anniversaire des premières observations célestes réalisées par Galilée grâce à son télescope. 2011 voit le lancement du  mouvement P.3000 et de la première montre en bronze (il en existe deux éditions. La première sans réserve de marche et la seconde avec réserve de marche).
 
En 2012, Panerai lance le mouvement P.3000 et présente le boitier vintage inspiré de la Radiomir des années 1940. L’année 2013 voit l’arrivée des nouveaux calibres P.9100 et P.9100/R entièrement manufacturés en interne ; c’est aussi les débuts du calibre P.5000 mouvement à remontage manuel avec une réserve de marche de 8 jours qui va petit à petit équipé toutes « les entrées de gamme » de la marque.

Montres-de-luxe.com | Publié le 25 Février 2014 | Lu 11863 fois

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