Pierre-Alain Bérard, PDG de LIP revient en cinq questions sur le fameux modèle T18, dit la "Churchill"


Alors que la fameuse « Churchill » -le modèle T18- de la maison horlogère française LIP est revenue sur le marché l’an passé et qu’elle a été déclinée depuis en différentes versions, revenons en cinq questions avec Pierre-Alain Bérard, PDG de la marque, sur ce modèle très emblématique de la maison bisontine !


MDL : la T18 de LIP fut portée par de nombreux grands hommes, notamment par Churchill. Est-ce que cela reste un argument de vente -ou marketing- de nos jours ?
Pierre-Alain Bérard : la T18 a d’abord été surnommée « Churchill » par les collectionneurs pour identifier le cadran typé Art-déco et son double soleillage typique qui équipait la montre offerte au célèbre homme d’état britannique.
 
Ce cadran étant la meilleure vente de toutes les versions de T18, la marque l’a ensuite reprise dans certaines communications à partir du début des années 2000.
 
C’est effectivement une très belle carte de visite pour notre maison que d’avoir des telles personnalités qui ont possédé une montre LIP et surtout, la preuve de notre incroyable patrimoine.
 
Il est en revanche plus difficile de déterminer l’impact sur le choix des consommateurs du fait que ce produit ait été porté par une personnalité.

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MDL : la T18 fut la toute première LIP a embarqué un tourbillon, est-ce qu’on peut imaginer dans les années à venir que ce modèle réintègre des complications ?
PAB : En 1947, le concepteur horloger Edouard Belin, alors professeur au lycée horloger de Besançon, réalisa le premier tourbillon minute de l’histoire sur une montre bracelet sur la base d’un calibre T18.
 
C’est l’une des nombreuses innovations portées par la marque, mais qui, malheureusement, n’a pas été poursuivie commercialement par Fred LIP à la différence des premiers mouvements à pile qui arriveront quelques années plus tard.
 
Nous n’avons pas la capacité aujourd’hui de rééditer l’exploit d’Edouard Belin, car depuis notre reprise de la marque il y a dix ans maintenant, notre priorité a été de repositionner LIP dans le paysage horloger mondial.
 
Cette première étape ayant été réalisée avec succès, nous devons inventer le futur de la marque. Cela doit passer par quelques pièces d’exception et, un tourbillon de forme en serait la plus parfaite expression. Je ne peux néanmoins pas promettre de délais aux lecteurs de Montres-de-luxe.com.

MDL : cette montre, au-delà de sa forme rectangulaire, embarque un calibre de forme. Ce qui reste rare dans l’horlogerie surtout dans cette gamme de prix. Qu’elles sont les difficultés rencontrées par ce type de mouvement ?
PAB : la conception d’un calibre de forme est toujours un défi et, je tiens ici à remercier nos partenaires de la manufacture Lajoux-Perret, qui nous ont aidé à relever ce défi.
 
Sans leurs expertises, nous n’y serions pas arrivés. Un autre défi fut de trouver des sous-traitants qualifiés en France pour toutes les étapes post-usinage, car tout est fait en France. 
 
Malheureusement certains savoir-faire ont été perdus, ou plus souvent, les sociétés qui possédaient les savoir-faire ont été intégrées à de grands groupes et ne proposent plus leurs services à des maisons indépendantes comme la nôtre.
 
Nous avons donc pu compter sur des sociétés comme Réparalux ou Bailly S.A. qui ont eu la volonté d’investir dans le matériel et la formation nécessaire pour retrouver ces savoir-faire. Les choses apprises lors du développement du T18 Original serviront pour le futur de l’horlogerie française. Ca, je peux vous le garantir.

MDL : la T18 existe dans cette version haut de gamme avec calibre de forme, mais aussi en versions automatiques et à quartz. Ces différentes lignes d’un même modèle peuvent-elles coexister au sein du catalogue ?
PAB : je considère que l’existence d’un même modèle décliné avec plusieurs types de mouvements positionnés sous divers niveaux de prix est aujourd’hui une force pour LIP.
 
La marque a toujours eu un positionnement populaire, dans le sens littéral du mot, qui s’adresse au peuple de France avec tous ses composants : des personnes très aisées comme des personnes qui le sont beaucoup moins.
 
Nous avons fabriqué la montre du Général De Gaulle, comme celle du simple soldat. Cet ADN unique, nous devons le conserver.
 
MDL : la collection Churchill semble avoir pris beaucoup d’ampleur au sein de la collection LIP, est-ce réellement le cas ?
PAB : oui, c’est une réalité qui dépasse aujourd’hui nos prévisions, car la collection Churchill pèse pour un quart du total du CA de la marque, ce qui est énorme au regard de nos autres collections. Seule la collection Himalaya soutient la comparaison.
 
Le plus étonnant est qu’il semble que nous soyons qu’au début du phénomène !


Montres-de-luxe.com | Publié le 26 Décembre 2024 | Lu 633 fois

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