Programme Rolex de mentorat artistique : nominations des six prochains artistes


C’est au cours d’une soirée de gala réunissant d’éminentes personnalités du monde des arts, le 6 décembre dernier à Londres (Grande-Bretagne), qu’ont été dévoilés les noms des six grands artistes qui seront les mentors du cycle 2010-2011 du Programme Rolex de mentorat artistique : Trisha Brown, Brian Eno, Hans Magnus Enzensberger, Anish Kapoor, Peter Sellars et Zhang Yimou.


Ces six artistes de renommée internationale vont passer une année à accompagner un jeune talent dans leur domaine respectif : Trisha Brown (danse), Brian Eno (musique), Hans Magnus Enzensberger (littérature), Anish Kapoor (arts visuels), Peter Sellars (art dramatique) et Zhang Yimou (cinéma).

Au cours des cinq mois à venir, chaque mentor choisira un (ou une) protégé(e) parmi les finalistes retenus par les comités de sélection mis sur pied par Rolex dans chaque discipline. Ces comités sont formés d’experts chargés d’identifier dans le monde entier les jeunes talents les plus prometteurs. Les six couples mentor-protégé ainsi constitués s’engageront ensuite dans une année d’échange et de collaboration fructueuse non seulement pour le protégé, mais aussi pour le maître.

Depuis le lancement du programme de mentorat artistique en 2002, une pléiade d’artistes parmi les plus illustres ont accepté d’être mentors : John Baldessari, Tahar Ben Jelloun, sir Colin Davis, Anne Teresa De Keersmaeker, William Forsythe, Stephen Frears, sir Peter Hall, David Hockney, Rebecca Horn, Jiří Kylián, Toni Morrison, Mira Nair, Youssou N’Dour, Jessye Norman, Martin Scorsese, Álvaro Siza, Wole Soyinka, Julie Taymor, Saburo Teshigawara, Kate Valk, Mario Vargas Llosa, Robert Wilson et Pinchas Zukerman. Tous ont contribué, à travers le Programme Rolex, au développement d’une nouvelle génération de grands artistes.

Bruno Meier, directeur général de Rolex, qui présidait au gala d’hier soir au Royal Opera House, a déclaré à cette occasion : « Nous sommes reconnaissants aux grands artistes qui, en consacrant de leur temps à ce programme, nous aident à atteindre notre objectif : permettre à de jeunes talents du monde entier de progresser dans leur carrière et de pénétrer dans le cercle des plus grands artistes, grâce à l’occasion extraordinaire qui leur est offerte. »

À cette collaboration artistique d’une année –comprenant de longues périodes de dialogue avec le mentor et permettant de présenter et de perfectionner son activité créatrice –, s’ajoute, pour chaque protégé, une allocation de 25.000 dollars, en sus du remboursement des frais de voyage et des autres dépenses importantes. Enfin, une fois l’année de mentorat achevée, Rolex offre un appui financier du même montant pour soutenir une création nouvelle du jeune artiste, tout en continuant à faire connaître son travail.

Les mentors / portraits

Danse : Trisha Brown

Depuis plus de quarante ans, la légendaire chorégraphe américaine Trisha Brown repousse les frontières de la danse contemporaine, un art qu’elle a profondément marqué par son approche novatrice, associant dans ses compositions la lumière, l’espace, la gravité, la géométrie, la technologie et la perception. En 1962, elle fonde le Judson Dance Theater, un ensemble d’avant-garde. Huit ans plus tard, elle crée à New York la Trisha Brown Company, la troupe de renommée mondiale qu’elle dirige toujours aujourd’hui. Parmi ses premières oeuvres, qui firent sensation à l’époque par leur nouveauté, le Man Walking Down the Side of a Building, défi à la gravité, et le toujours populaire Set and Reset, avec des costumes et un décor de Robert Rauschenberg, collaborateur fidèle. En 1998, elle chorégraphie son premier opéra, l’Orfeo de Monteverdi. Ses créations les plus récentes incluent I Love My Robots et L’Amour au Théâtre. Elle prépare actuellement une production à l’opéra pour le Festival international d’Art lyrique d’Aix-en-Provence. Première femme chorégraphe à se voir décerner le prestigieux prix de la Fondation MacArthur, Trisha Brown est aussi une artiste visuelle reconnue.

Musique : Brian Eno

Durant les quatre dernières décennies, Brian Eno, âgé de 61 ans, a profondément marqué la musique moderne (du rock à la techno). Producteur et musicologue visionnaire, compositeur, chanteur, artiste multimédia et explorateur inlassable des nouvelles technologies, il a collaboré avec bon nombre des plus grands artistes de scène du monde, créant ce qu’il appelle des environnements sonores inhabituels. Brian Eno accède à la notoriété au début des années 1970 comme membre du groupe de rock glamour Roxy Music, au sein duquel il joue des claviers et du synthétiseur. Parmi ses premières oeuvres marquantes figurent No Pussyfooting et le disque solo, Here Come the Warm Jets. La plus grande innovation de Brian Eno est sans doute la musique « ambient », reprise notamment sur Discreet Music et Music for Airports. Il a récemment collaboré avec Paul Simon, U2 et Coldplay, entre autres, et a conçu des musiques destinées aux fins les plus diverses, y compris la partition du film en préparation, The Lovely Bones. Il crée aussi des installations très inventives, comme 77 Million Paintings, qui utilise un logiciel « autogénératif » pour manipuler ses propres dessins, et qui a tout dernièrement illuminé les célèbres « grand-voiles » de l’opéra de Sydney. Brian Eno a fondé et dirige la Long Now Foundation.

Littérature : Hans Magnus Enzensberger

Hans Magnus Enzensberger, le plus grand poète allemand vivant, âgé aujourd’hui de 80 ans, s’est forgé en un demi-siècle d’activité la réputation d’un essayiste caustique et d’un penseur politique parmi les plus brillants d’Europe. Dans ses poèmes, romans, pièces de théâtre et autres oeuvres, cet auteur, rédacteur, traducteur et philosophe prolifique – il a publié plus de cinquante ouvrages – a sans cesse remis sur le métier ses thèmes de prédilection, notamment la lutte contre l’injustice sociale et l’oppression. Parmi les publications marquantes de ses débuts figurent l’anthologie Museum der modernen Poesie, le recueil de poésie Blindenschrift (traduit en français sous le titre Écriture Braille), la revue politique Kursbuch, Mausoleum: 37 Balladen aus der Geschichte des Fortschritts (Mausolée – Trente-sept ballades tirées de l’histoire du progrès) et son long poème Der Untergang der Titanic (Le Naufrage du Titanic). Dans les années 1980, il fonde la revue mensuelle TransAtlantik et lance sa propre collection, Die Andere Bibliothek (« L’autre bibliothèque »). Pratiquant tous les genres avec un égal talent, il a reçu le prix Sonning et le prix Prince des Asturies.

Arts visuels : Anish Kapoor

Anish Kapoor est l’un des plasticiens les plus protéiformes et les plus admirés de sa génération. Ses oeuvres souvent provocantes sont exposées dans de grands musées, dans des galeries et dans des sites publics emblématiques du monde entier. Né à Bombay (Mumbai) il y a cinquante-cinq ans, Anish Kapoor vit à Londres depuis les années 1970. De nombreuses expositions, tant individuelles que collectives, ont témoigné au fil des ans, de l’évolution des techniques utilisées par l’artiste et de son intérêt croissant pour les antagonismes, à travers ses énigmatiques formes sculpturales. Lauréat du Premio Duemila lors de la Biennale de Venise, ainsi que du Prix Turner, Anish Kapoor est surtout connu aujourd’hui pour ses immenses installations et pour des commandes publiques. Citons, parmi les plus récentes, Marsyas, installée dans la salle des turbines de la Tate Modern de Londres ; Cloud Gate, dans le Millennium Park de Chicago ; Sky Mirror au Rockefeller Center de New York, et Temenos, à Tees Valley, en Angleterre. Une rétrospective de son oeuvre a ouvert ses portes en septembre 2009 à la Royal Academy de Londres, et Anish Kapoor : Memory, sculpture commandée pour le Musée Guggenheim, est présentée à New York jusqu’en mars 2010.

Art dramatique : Peter Sellars

Metteur en scène américain de théâtre et d’opéra, et directeur de festivals, Peter Sellars doit sa renommée mondiale à ses relectures audacieuses des grandes oeuvres du répertoire, ainsi qu’à ses associations avec une pléiade extraordinaire de créateurs au cours des trente dernières années. Dès le début de sa carrière, il mêle les genres et les époques, présentant des versions décapantes et puissantes d’oeuvres de Shakespeare, de Brecht, de Gershwin, de Mozart, de Haendel et de Bach. Il collabore ensuite avec John Adams sur les opéras Nixon in China, Doctor Atomic et The Death of Klinghoffer et crée des oeuvres lyriques de Kaija Saariaho et Amin Maalouf, d’Osvaldo Golijov et David Henry Hwang, ainsi que de Tan Dun, sans oublier ses productions d’oeuvres de Messiaen, Ligeti, Hindemith, Kurtág et Stravinsky. Peter Sellars, qui a dirigé de nombreux festivals internationaux innovants, est directeur artistique du Festival du film de Telluride. Il enseigne les arts et cultures du monde à l’université de Californie à Los Angeles. En 1998, il a reçu le prix Erasmus pour sa contribution exceptionnelle à la culture européenne.

Cinéma : Zhang Yimou

À 59 ans, Zhang Yimou est l’un des réalisateurs de cinéma les plus influents de notre époque. Voici deux décennies que ses nombreux films, dans tous les genres – du drame historique jusqu’aux épopées d’arts martiaux – attirent les foules en Chine et à l’étranger. Après avoir travaillé comme agriculteur dans une ferme isolée puis comme ouvrier dans une fabrique de textiles, il s’inscrit à l’Académie du cinéma de Pékin, où il rencontre les étudiants avec qui il formera le groupe connu sous le nom de « cinquième génération » des réalisateurs chinois. Bousculant les conventions du cinéma chinois, il recourt à des images somptueuses, à des couleurs éclatantes et à des personnages féminins très forts dans sa trilogie triomphalement accueillie par la critique : Le Sorgho rouge, Judou et Épouses et Concubines. Ces films ont été suivis, notamment, de Qiu Ju, une femme chinoise, Hero, Le Secret des poignards volants et La Cité interdite. En 2008, Zhang Yimou, déjà honoré à maintes reprises, a été acclamé pour sa conception des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques d’été à Pékin. Il a entrepris dernièrement le tournage de Sang pour Sang.

Pour plus d’informations : www.rolexmentorprotege.com

Montres-de-luxe.com | Publié le 16 Décembre 2009 | Lu 2303 fois

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