Rolex Oyster Perpetual Cosmograph Daytona : le plus mythique des chronographes (partie1)


L’Oyster Perpetual Cosmograph Daytona célèbre en 2013 cinquante ans d’une histoire marquée par la passion de la vitesse et des sports automobiles. Créé par Rolex en 1963, ce modèle de légende a gagné ses titres de noblesse sur les circuits automobiles pour sa fiabilité et ses performances et a accédé au rang d’icône sous le nom de « Daytona » en tant que chronographe le plus célèbre et le plus recherché au monde.


Avant de donner son nom à l’un des modèles les plus emblématiques de Rolex, la ville de Daytona en Floride s’est forgé sa propre mythologie en devenant dès 1903 le haut lieu des records de vitesse sur sa célèbre plage rectiligne.
 
Et tant le lieu Daytona que la montre témoignent des liens aussi anciens que privilégiés qui unissent Rolex et la course automobile, qu’il s’agisse d’endurance ou de vitesse.
 
C’est cette histoire à nulle autre pareille qui va être évoquée dans ces trois parties : le lieu, la montre et la légende. Une histoire humaine autant que mécanique conjuguant développements et innovations technologiques, adrénaline et dépassement de soi, passion et obstination à vouloir repousser les limites.
 
La ville de Daytona en Floride est entrée dans l’histoire comme la capitale mondiale de la vitesse. Des courses automobiles se sont déroulées sur sa plage dès 1903 et de nombreux records du monde de vitesse y ont été battus l’un après l’autre au fil des années, le plus important culminant à près de 450 km/h en 1935.
 
Aujourd’hui encore, Daytona est considérée aux Etats-Unis comme le « centre mondial de la course automobile ». L’International Speedway Corporation qui y a son siège chapeaute treize circuits américains –dont le mythique Daytona International Speedway, qui en est l’origine. Daytona abrite également les instances dirigeantes du NASCAR et du GRAND-AM.
 
De 1903 à 1935, la plage de sable dur de Daytona en Floride devient célèbre dans le monde entier comme le lieu parfait pour battre des records de vitesse. Pas moins de 80 records officiels y sont établis, dont 14 records de la vitesse la plus élevée au monde.
 
Un panneau longtemps installé à l’endroit où se tenait le « measured mile » –un mile* délimité sur le sable servant d’étalon pour calculer la vitesse de ceux qui le parcouraient– listait alors quelques-uns des exploits les plus célèbres, notamment ceux de W.K. Vanderbilt en 1904, établissant avec 92 mph (pour miles per hour), soit 148 km/h, le premier record du monde à Daytona, ou de Barney Oldfield et sa Lightning Benz, sacré roi de la vitesse en 1910 avec 131 mph (210 km/h). Lequel déclara à l’issue de son record qu’une telle vitesse « approchait la limite absolue à laquelle l’humanité pourrait jamais se déplacer ».


Ralph DePalma, l’un des plus grands pilotes de son temps, avec sa puissante Packard de 12 cylindres, établit un nouveau record mondial en 1919 à 149 mph (240 km/h) –record qui prendra plus de dix ans à être battu.

Puis vient l’époque des deux plus formidables rivaux de l’histoire de la conquête de la  vitesse : Malcolm Campbell et Henry Segrave.
 
Ces deux riches Britanniques, qui seront chacun anoblis par le roi d’Angleterre pour leurs records de vitesse, commencent à s’affronter dans les années 1920 sur le circuit des Brooklands en Angleterre, le premier circuit automobile du monde construit en 1907.
 
Lorsque leurs voitures toujours plus puissantes se révèlent trop rapides pour l’ovale en béton des Brooklands, ils se tournent vers les plages, à Pendine Sands ou Southport en Grande-Bretagne d’abord, puis, forcément, à Daytona. Chacun construisant en secret un engin capable de dépasser la barre des 200 mph (321 km/h), une vitesse que seuls les avions atteignent à l’époque.
 
Leurs bolides, conçus spécifiquement pour des courses en ligne droite sur la plage, sont d’ailleurs équipés de moteurs d’avion. Segrave remporte la première manche en 1927 à Daytona avec sa Sunbeam Mystery S, atteignant 203 mph (328 km/h). C’est le premier record homologué selon les normes internationales en calculant la vitesse moyenne de deux passes en sens inverse dans un mile mesuré, afin de compenser l’effet du vent. Campbell prend sa revanche l’année suivante avec sa Bluebird –le nom qu’il donnera à toutes ses voitures– à 207 mph (333 km/h).
 
En 1929, Segrave reprend la main à 231 mph (372 km/h) avec son nouveau bolide Golden Arrow, un record du monde qui lui vaut son titre de noblesse et la première page du New York Times. Tragiquement, il disparaît un an plus tard dans un accident de bateau en tentant de battre un record de vitesse sur l’eau.


Campbell devient dès lors le roi incontesté de la vitesse, battant année après année ses propres records du monde à Daytona avec des versions toujours plus puissantes de sa célèbre Bluebird.

Ses exploits attirent des milliers de personnes ainsi que la presse du monde entier.

En mars 1935, visant les 300 mph (482 km/h), il fait une pointe à 330 mph (531 km/h) lors de son premier passage –la plus haute vitesse atteinte à Daytona–, mais des problèmes lors du trajet de retour réduisent la vitesse moyenne de son record officiel à 276 mph (445 km/h).

C’est le dernier record établi sur la plage de Daytona.
 
Cet échec incite Campbell à tester un nouveau site, l’étendue salée de Bonneville Salt Flats dans l’Utah. En septembre de la même année, il relève son défi en y établissant son ultime record officiel à 301 mph (485 km/h). Durant cet exploit, et depuis 1930, Campbell porte une Rolex Oyster, dont il témoignera –sans jamais accepter de rémunération de Rolex comme en attestent des publicités de l’époque– de son exceptionnelle résistance aux chocs et aux vibrations. Ainsi, le premier témoignage Rolex dans le domaine des sports automobiles est déjà étroitement lié à Daytona.
 
Après le déplacement en Utah des tentatives de records de vitesse terrestre, la plage de Daytona ne cesse pas pour autant son idylle avec les sports automobiles. Dès 1936, des courses d’un genre unique au monde s’y tiennent, permettant à ce lieu emblématique de maintenir son statut. C’est bientôt l’âge d’or des courses de « stock-cars », des voitures de série, sur un tracé en ovale à moitié sur la plage et à moitié sur une étroite route parallèle à l’océan.
 
Dès 1937, ce circuit improbable attire également le Championnat américain de motocycles sur 200 miles, devenant un classique sous le nom de Daytona 200. Les courses sur la plage sont extrêmement spectaculaires et suivies par des centaines de spectateurs, bientôt installés sur des gradins en bois dans les virages de sable où viennent s’échouer certains concurrents, quand ils ne terminent pas leur course dans l’océan.
 
C’est de cette tradition que naît en 1948 à Daytona la NASCAR (National Association for Stock Car Racing), dont les courses se tiennent aujourd’hui aux quatre coins des Etats-Unis dans ce qui est devenu l’une des catégories de sports automobiles les plus suivies du public américain. Cette année-là voit renaître les « Speed Weeks », ces semaines de la vitesse créées à Daytona au début du XXe siècle.
 
Pendant deux semaines, généralement en février sous le soleil de Floride, la plage de Daytona redevient le centre névralgique des sports automobiles aux Etats-Unis. Un mile mesuré sur la plage permet comme à l’époque d’organiser des concours de vitesse, auxquels participent toutes les marques de voitures américaines afin de promouvoir leurs derniers modèles, ainsi que des marques prestigieuses de voitures de sport européennes.
 
Les véhicules prennent de l’élan sur plusieurs kilomètres pour arriver le plus vite possible dans la zone de mesure du « measured mile ». Ces concours sont également ouverts au public, chacun pouvant s’essayer au volant de sa voiture à établir un record de vitesse officiellement certifié. Les épiques courses de motos et de voitures sur le célèbre « Beach-Road Course » de Daytona, entre route et plage à marée basse, couronnent l’événement. Parmi les meilleurs pilotes, la légende veut qu’un grand nombre d’entre eux soient issus du milieu de la contrebande d’alcool traditionnellement distillé dans les Appalaches au sud-est des Etats-Unis (Géorgie, Caroline du Sud et du Nord en particulier) et rompus à la course automobile puisque habitués à semer les agents fédéraux qui les poursuivent régulièrement.
 
Au milieu des années 1950, lorsque le développement urbain et la détérioration du sable commencent à menacer les compétitions sur la plage, le président et fondateur de la NASCAR, William France Sr., lance un projet ambitieux de construction d’un circuit permanent en dur pour les courses de vitesse : le Daytona International Speedway. Celui-ci voit le jour en 1959 pour perpétuer l’héritage unique et la renommée mondiale de Daytona.

A son inauguration en 1959, le Daytona International Speedway est le circuit le plus rapide des Etats-Unis, et l’un des premiers « Super Speedway » (anneau de vitesse) au monde. De forme tri-ovale, ce stade de 2,5 miles de long (4 km) ne manque pas, aujourd’hui encore, d’impressionner par ses dimensions quiconque pénètre dans son enceinte.
 
Sa conception inédite est entièrement axée sur la vitesse, avec des virages relevés à 31 degrés, soit plus de 10 mètres de dénivelé. Une telle inclinaison permet d’aborder les virages à grande vitesse sans être projeté hors du circuit par la force centrifuge, et offre aux spectateurs une vue complète de la course depuis n’importe quelle place sur les gradins.

Mais elle pose des défis majeurs d’ingénierie pour sa construction, notamment pour le revêtement de la surface.

L’ingénieur du projet, Charles Monneypenny, développe une technique inédite pour asphalter les virages inclinés du circuit en amarrant les machines de chantier à des bulldozers placés en haut des virages pour leur permettre de travailler dans la pente.

Cette technique brevetée sera utilisée par la suite pour la construction d’autres circuits.

La conception du Daytona International Speedway est inédite à d’autres égards : dès le départ, son promoteur William France Sr. veut en faire bien plus que le circuit le plus important des courses de NASCAR : une référence au niveau international. Et le moyen d’attirer à Daytona les meilleurs pilotes du monde est d’organiser des courses dans la catégorie considérée alors comme l’élite des sports automobiles : les voitures de sport.
 
Il invente un concept révolutionnaire en construisant un parcours routier à l’intérieur de son gigantesque anneau de vitesse pour accueillir des courses de sport et de motos combinant un tracé classique et un ovale à virages relevés unique au monde. C’est de ce concept novateur que naît la course qui deviendra la Rolex 24 At Daytona, l’une des courses d’endurance les plus prestigieuses du monde avec les 24 Heures du Mans, et qui valide le statut international du circuit américain.
 
La première édition, sous le nom de Daytona Continental, se tient en 1962, juste un an avant le lancement du Cosmograph Daytona de Rolex. Pratiquement contemporaines, la course et la montre voient bientôt leur destin indissociablement lié. William France Sr., fondateur du Daytona International Speedway et grand admirateur de Malcolm Campbell, porte lui aussi une montre Rolex. Il apparaît dans une publicité de la marque datant du tout début des années 1960 en mentionnant Rolex comme Montre Officielle du Daytona International Speedway.
 
Dès les premières éditions de la Daytona Continental, le vainqueur gagne, outre le trophée, une montre Rolex. A l’arrivée du Cosmograph, conçu pour les pilotes automobiles, celui-ci devient naturellement la récompense suprême couronnant les vainqueurs. Et pour marquer son lien avec le circuit américain, Rolex nommera bientôt son modèle Cosmograph Daytona.
 
En 1992, Rolex devient Sponsor Titre des 24 Heures de Daytona, scellant officiellement cette association devenue légendaire. Désormais appelée Rolex 24 At Daytona, la course la plus longue et la plus prestigieuse des Etats-Unis, qui marque l’ouverture de la saison automobile internationale, est connue de tous comme « The Rolex ».


En 2012, cette course mythique célèbre avec faste le 50e anniversaire de sa première édition –un an tout juste avant celui du Cosmograph Daytona en 2013.

Une édition anniversaire marquée par une affluence record du public– qui délaisse traditionnellement les gradins pour camper à l’intérieur du vaste espace du circuit dans une ambiance particulièrement festive – et une fin de course épique, qui voit l’équipe victorieuse s’imposer avec une avance de seulement 5 secondes sur ses concurrents au terme de 24 heures de compétition acharnée, décomptées avec précision par l’horloge officielle Rolex près de la ligne d’arrivée.
 
Au final, les concurrents auront parcouru plus de 4.300 km, soit l’équivalent de la traversée des Etats-Unis de New York à Los Angeles.

Captivante, spectaculaire et extrêmement exigeante, la Rolex 24 At Daytona est la seule course au monde, avec les 24 Heures du Mans, à tester pendant deux tours d’horloge les limites ultimes de l’homme et de la machine. Aujourd’hui comme hier, les pilotes du monde entier qui y participent –issus aussi bien de la F1, du NASCAR, de l’IndyCar que de l’Endurance– rêvent avant tout de pouvoir un jour porter une Daytona par le seul moyen qui leur vaudra le respect de tous : en la gagnant.

Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Mai 2013 | Lu 2195 fois

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