Rolex Sea-Dweller : aux héros de la mer


Alors que Rolex présente cette année, à l’occasion des cinquante de son iconique « plongeuse », une toute nouvelle Sea-Dweller de 43 mm entièrement revue pour entrer de plain-pied dans le 21ème, revenons plus en détail sur l’histoire de ce modèle qui a équipé des générations de plongeurs professionnels (notamment ceux de la Comex) et amateurs mais également tous les fans de « montres sportives ».


La Sea-Dweller (littéralement en français « habitant de la mer ») a joué un rôle essentiel dans la conquête des fonds marins grâce à son boîtier Oyster étanche à 610 mètres (2.000 pieds) – puis ensuite à 1220 mètres (4.000 pieds) à partir de 1978 – et grâce à une innovation décisive développée et brevetée par Rolex : la fameuse valve à hélium.
 
Cette ingénieuse soupape de sécurité, incorporée au côté gauche du boîtier de la montre, permet à la Sea-Dweller de « décompresser » sans dommage, à l’identique des plongeurs qui la portent, à l’issue de plongées en saturation. Depuis cinquante ans, les fonctionnalités de la Sea-Dweller ont ainsi parfaitement répondu aux besoins d’un nouveau type de plongée plus technique et plus exigeante : la plongée en saturation, qui a ouvert la voie vers les profondeurs.
 
Les techniques de plongée en saturation mises au point dans les années 1950 et 1960 ont permis de s’affranchir des limites physiologiques propres à la plongée classique. Elles ont ouvert une seconde phase de la conquête sous-marine, visant à aller toujours plus profond et à rester toujours plus longtemps sous la surface.

Jusqu’alors, la plongée s’apparentait plutôt à des incursions sous-marines, limitées en profondeur à environ 60 mètres – l’air devenant toxique au-delà sous l’effet de la pression – et en durée à moins d’une heure, en raison de la capacité des bouteilles de plongée et des contraintes de décompression.
La plongée en saturation a ainsi permis aux professionnels de la plongée dont ceux de la Comex (Compagnie Maritime d’Expertises), leader mondial de l’ingénierie sous-marine basé à Marseille, d’atteindre 160 mètres de profondeur en 1966, de dépasser les –300 mètres en 1968 puis les –500 mètres en 1977 et d’établir le record de plongée en pleine mer à –534 mètres en 1988.
 
En 1992, un plongeur de la Comex effectue une plongée expérimentale en caisson hyperbare à –701 mètres, record absolu resté inégalé à ce jour et considéré comme la limite physiologique humaine dans l’état actuel de la technologie. Rappelons que la Sea-Dweller était la montre officielle des plongeurs d’élite de la Comex (même s’il y a eu également des Submariner Comex avec ou sans date), celle avec laquelle ils ont établi leurs records et mené à bien des milliers de missions sous-marines en conditions extrêmes.
 
Fondateur et président de la Comex, pionnier de la plongée profonde, Henri Germain Delauze déclarait au sujet de sa Rolex : « En plongée, le temps est une donnée vitale. Le timing des opérations, le changement des mélanges gazeux, la durée des paliers de décompression, l’entrée ou la sortie de la tourelle se font à quelques secondes près. Disposer d’une montre précise, robuste et fiable était d’une importance capitale ». Dont acte.

La profondeur n’était pas l’unique aspiration de la conquête de l’univers sous-marin : le fait de pouvoir rester de manière prolongée sous l’eau, voire d’habiter la mer, était également un objectif, le but étant d’augmenter le temps utile sous la surface, au-delà des quelques dizaines de minutes de la plongée classique. Des projets de maisons subaquatiques ont ainsi vu le jour en France et aux Etats-Unis dès le début des années 1960.
 
Ces programmes utilisaient eux aussi les techniques de plongée en saturation. Ils font d’ailleurs écho au nom de la Sea-Dweller. Leur durée de plusieurs jours, semaines, voire mois, explique également l’apparition de la date sur le modèle Sea-Dweller de Rolex. L’un des plus ambitieux projets scientifiques d’habitat sous-marin a vu le jour en 1969 aux Etats-Unis sous le nom de Tektite. Entre février et avril 1969, quatre « aquanautes » (ndlr : nom de la « sportive » de chez Patek) américains ont vécu et travaillé durant cinquante-huit jours dans un habitat sous la mer par quinze mètres de fond, établissant un record de durée. Ils étaient équipés de montres Rolex.
 
Le module Tektite était constitué de deux silos – de quatre mètres de diamètre et six mètres de haut –reliés par un tunnel et reposant sur une base rectangulaire, permettant aux scientifiques de réaliser de nombreuses sorties subaquatiques. En 1970, le programme s’est poursuivi avec Tektite II, comprenant uniquement des femmes – dont la biologiste marine et exploratrice Sylvia Earle, Témoignage Rolex.

Les plongées profondes et de longue durée, telles que celles de la Comex et de Tektite, partagent une même problématique : l’effet de la pression sur le corps humain. Et notamment le besoin de décompression, qui augmente significativement en fonction de la durée et de la profondeur des plongées. Pour déjouer ces limites physiologiques, les techniques de plongée en saturation recourent à des mélanges respiratoires contenant une importante proportion d’hélium et cherchent par ailleurs à maintenir les plongeurs à une pression équivalente à celle de la profondeur sous-marine à laquelle ils évoluent.

Ces derniers peuvent ainsi effectuer de nombreuses plongées en ne devant se soumettre qu’à un seul processus de décompression, de plusieurs dizaines d’heures, voire de plusieurs jours, en toute fin de mission. Entre les sorties, ils résident soit dans un habitat sous pression posé au fond de la mer, soit dans une capsule pressurisée maintenue sur le pont d’un navire et dont ils sortent et entrent par l’entremise d’une cloche de plongée.
 
Durant leur séjour en caisson hyperbare, les plongeurs en saturation deviennent totalement acclimatés à la pression des profondeurs, leurs corps étant saturés en gaz, de sorte qu’ils ne peuvent plus revenir à la pression atmosphérique de la surface sans passer par une longue phase de décompression. Ce processus, inhérent à l’activité des « habitants de la mer », a donné naissance à la soupape de sécurité, développée à l’époque par Rolex pour équiper son modèle de plongée : la valve à hélium, grâce à laquelle la montre peut, elle aussi, décompresser sans dommage et laisser s’échapper l’hélium dont elle est saturée, à l’identique des plongeurs qui la portent.

Dans les caissons hyperbares remplis de gaz respiratoires spéciaux composés en grande partie d’hélium, les montres utilisées par les plongeurs finissent par subir le même phénomène que les humains : leur boîtier se sature d’hélium, de sorte que la pression à l’intérieur de la montre s’équilibre avec celle dans l’habitat.

En effet, de par sa nature extrêmement volatile, ce gaz très léger, dont les molécules sont parmi les plus petites au monde, parvient peu à peu à s’infiltrer dans la montre par les joints d’étanchéité.
 
Lors de la décompression des plongeurs, l’hélium s’évacue plus rapidement des tissus humains qu’il ne peut s’échapper de la montre étanche, de sorte qu’une pression importante s’accumule à l’intérieur du boîtier.

Les plongeurs en décompression voient ainsi souvent la glace de leur montre sauter violemment, comme un bouchon de champagne, sous l’effet de la surpression. La montre doit donc, elle aussi, pouvoir décompresser de son trop-plein d’hélium.
 
Au lieu d’essayer de rendre sa montre étanche à l’hélium, une mission pratiquement impossible, Rolex a développé une soupape unidirectionnelle sur le côté gauchedu boîtier. Celle-ci s’active automatiquement passé un certain seuil de surpression interne afin de permettre au gaz de s’échapper du boîtier, tout en maintenant l’étanchéité de la montre. Brevetée en 1967 par Rolex pour son nouveau modèle de plongée professionnelle Oyster Perpetual Sea-Dweller, cette valve à hélium se révélera indispensable à l’essor de la plongée profonde en saturation.
 
Source Rolex


Montres-de-luxe.com | Publié le 31 Mars 2017 | Lu 10839 fois

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