Rolex et le projet BLOODHOUND SSC


BLOODHOUND SSC, dont Rolex est partenaire est un projet de voiture supersonique qui a pour ambition d’être la première à atteindre les 1.000 miles à l’heure. Pour l’occasion, la marque genevoise a réalisé deux instruments (un compteur de vitesse analogique et un chronographe), conçus sur-mesure pour cet aventure. Ils seront d’une précieuse aide pour le pilote de l’engin et l’aideront à franchir la barre des 1’000 miles à l’heure, puis de freiner à temps. Le véhicule, en cours de fabrication, sera terminé à mi-2015. Des premiers essais seront alors réalisés au Royaume-Uni, puis en Afrique du Sud où le record sera tenté en 2016. Le pilote sera l’Anglais Andy Green, actuel détenteur du record du monde de vitesse terrestre établi en 1997 à bord du Thrust SSC, atteignant 763 miles à l’heure, soit 1'228 km/h, et franchissant ainsi le mur du son.


« Le projet BLOODHOUND a pour ambition première de faire découvrir à la jeune génération les sciences et la technologie. En repoussant les limites de la physique, nous nous sommes lancés dans une aventure à la pointe de la technologie que nous voulons partager avec le monde entier. Cette aventure se traduit par ce véhicule, le premier à atteindre les 1000 miles à l’heure, que nous testerons en Afrique du Sud ces deux prochaines années  » explique Andy Green, pilote de BLOODHOUND SSC.
 
Plus concrètement, BLOODHOUND SSC (SuperSonic Car) est un véhicule propulsé par un réacteur et un moteur-fusée en cours de développement au Royaume-Uni. Sa mission : établir un nouveau record mondial de vitesse terrestre et, plus encore, dépasser la barre des 1000 miles à heure (1609 km/h). Sa dimension éducative : sensibiliser le monde entier aux sciences et à la technologie tout comme l’ont fait en leur temps le programme spatial Apollo et d’autres défis ambitieux qui ont inspiré toute une nouvelle génération de scientifiques et d’ingénieurs.
 
Une fois terminé, il sera soumis à des essais à basse vitesse au Royaume-Uni, puis partira pour l’Afrique du Sud afin d’y subir d’autres tests en vue des tentatives de record mondial de vitesse terrestre prévues pour 2015 et 2016. Le site sélectionné en Afrique du Sud se trouve à Hakskeen Pan, zone désertique dure et plate de 20 km2 où une piste de 20 km de long sur 1 km de large a été spécialement déblayée à cet effet.
 
Les hommes les plus rapides du monde sont à la tête du projet BLOODHOUND : Richard Noble, directeur du projet et ancien détenteur du record de vitesse au sol, et Andy Green, pilote et détenteur actuel du record. A eux deux, ils détiennent le trophée depuis plus de trente ans. Le véhicule est en cours de fabrication et de montage au BLOODHOUND Technical Centre, bâtiment de 2000 m2 situé à Bristol.
 
Repousser les limites techniques et humaines, susciter des vocations scientifiques chez les jeunes : les objectifs de l’équipe BLOODHOUND font directement écho aux valeurs de Rolex qui est devenue en 2011 l’un des premiers partenaires du projet.
 
La partie avant de la carrosserie est une monocoque en fibre de carbone telle qu’on en trouve sur les Formule 1, et la partie arrière une structure métallique carénée similaire à celle d’un avion. Le nez fuselé contribue à l’efficacité aérodynamique générale. La partie inférieure est pratiquement plate de bout en bout, gage de géométrie optimale.
 
Fixé sur la partie avant en fibre de carbone, le nez assure au pilote une cellule de sécurité très rigide et fiable et permet d’obtenir la forme aérodynamique complexe de la partie avant du véhicule. L’arrière est une structure métallique divisée en son milieu. Le châssis supérieur est une construction aérospatiale classique en aluminium et titane, ce qui permet d’alléger le poids du véhicule tout en conservant une grande rigidité.
 
C’est à cet endroit que sont montés le réacteur Eurojet EJ200, les aérofreins, l’arrivée d’air du réacteur et l’empennage. La partie inférieure, un ensemble de cadres en aluminium recouverts de plaques en acier, abrite le groupe auxiliaire de puissance, le réservoir de carburant du réacteur, le moteur-fusée et son réservoir, les suspensions arrière et les conteneurs de parachutes.
 
Le spectaculaire empennage est essentiel à la stabilité latérale. C’est lui qui permet à BLOODHOUND SSC de toujours pointer vers l’avant. Il assure le bon positionnement du centre de pression, derrière le centre de gravité du véhicule.

Les moteurs de BLOODHOUND SSC n’ont rien de conventionnel. Ce sont de purs bijoux technologiques du XXIe siècle. Ils se composent d’un réacteur, d’un groupe de fusées à propulsion hybride pour amener le véhicule à 1000 miles à l’heure et d’un groupe auxiliaire de puissance (moteur de voiture de course de 750 CV) pour pomper le carburant et l’injecter dans les fusées.
 
Le réacteur est un turboréacteur ultrasophistiqué Eurojet EJ200 de Rolls-Royce que l’on rencontre habituellement sur l’avion Eurofighter Typhoon. Il fournit près du tiers de la poussée de BLOODHOUND SSC et sera le premier moteur à entrer en action pour faire passer le véhicule de 0 à 350 miles à l’heure (563 km/h).
 
A cette vitesse, le groupe auxiliaire de puissance actionne la pompe du moteur-fusée qui fournira, en tout juste 20 secondes, 800 litres de carburant HTP (high-test peroxide, peroxyde d’hydrogène concentré) au groupe de fusées à propulsion hybride, soit 40 litres de carburant par seconde.
 
Conçu par Nammo, une société norvégienne dont les fusées sont utilisées par l’Agence spatiale européenne, le groupe de fusées à propulsion hybride projettera alors la voiture jusqu’à 1000 miles à l’heure (1609 km/h) en association avec le réacteur. Nammo, qui a rejoint le projet en 2013, avait pour mission de mettre au point un nouveau type de fusées à propulsion hybride à la fois puissantes et compactes. D’une manière générale, celles-ci sont plus simples, plus sûres et moins onéreuses que les fusées classiques à combustible liquide ou solide. Le moteur à réaction assurera une poussée de 9 tonnes, à quoi s’ajouteront les 12 tonnes de poussée du moteur-fusée. La puissance cumulée correspond à 135 000 CV.
 
D’après les premières simulations, BLOODHOUND SSC pourra atteindre 1000 miles à l’heure au bout de 5,5 miles environ (7,2 km) en approximativement 55 secondes. Là n’est cependant pas le défi majeur de l’opération. La principale difficulté consiste en effet à arrêter le véhicule − qui pèsera encore plus de 6 tonnes −avant qu’il ne sorte de la piste. En termes de sécurité, l’enjeu est crucial, et il est donc impératif que tous les dispositifs de contrôle et les systèmes de freinage de BLOODHOUND SSC soient d’une fiabilité à toute épreuve.
 
Pour prétendre au record, le véhicule doit être conduit et commandé par un pilote, sans pilotage automatique. Une extrême précision des instruments est donc de mise. BLOODHOUND SSC est équipé d’une part d’écrans de surveillance affichant les paramètres électriques et hydrauliques ainsi que les données relatives au démarrage des moteurs et aux systèmes de contrôle, d’autre part d’un compteur de vitesse et d’un chronographe.
 
Conçus et fabriqués sur-mesure par Rolex, ces deux instruments analogiques extrêmement fiables et précis fourniront à Andy Green toutes les informations dont il aura besoin pour son exploit. Ils lui indiqueront la vitesse du véhicule au moment de l’accélération, mais aussi, ce qui est encore plus important, au moment de la décélération, et l’aideront à effectuer son aller-retour dans le temps imparti − moins de 60 minutes selon les règles en vigueur.
 
Il a fallu cinquante années-hommes de développement pionnier dans le domaine de la mécanique des fluides numérique (MFN) pour mettre au point la géométrie du véhicule. La MFN a largement contribué à définir les caractéristiques aérodynamiques idéales, quelle que soit la vitesse, ainsi que les forces verticales, latérales et de traînée susceptibles de s’exercer.
 
Initialement mise au point pour l’industrie aérospatiale, cette technologie a fait ses preuves lors de la conception de Thrust SSC, dernier véhicule en date à avoir battu le record de vitesse terrestre. Unique en son genre, l’aérodynamique de BLOODHOUND SSC se distingue entre autres par son flux d’air supersonique, ce qui est notamment à l’origine d’ondes de choc et d’interactions avec le sol.
 
L’un des objectifs cruciaux des recherches en aérodynamique menées dans le cadre du projet BLOODHOUND était de comprendre comment ces ondes de choc interagissent avec le véhicule et la surface du désert. Certes, BLOODHOUND SSC a été conçu pour une vitesse maximale de 1050 miles à l’heure, mais ses propriétés aérodynamiques doivent lui permettre d’être  piloté en toute sécurité aux vitesses tant subsoniques, transsoniques que supersoniques.

Promouvoir une nouvelle génération d’ingénieurs

Le lieu choisi pour les tentatives de record prévues pour 2015 et 2016 est Hakskeen Pan (Afrique du Sud), une zone désertique du district de Mier, dans la province du Capdu-Nord. « Hakskeen » signifie « talon » en afrikaans, et un « pan » se réfère dans ce contexte à une dépression naturelle dans le désert.
 
Le désert de Black Rock aux Etats-Unis –où s’étaient déroulées les courses supersoniques de Thrust SSC en 1997 – aurait constitué une solution idéale si le site n’avait pas autant souffert d’une utilisation intensive et de dix ans de grande sécheresse. L’équipe BLOODHOUND se met donc en quête d’un autre lieu à travers le monde.
 
Au début, la recherche se limite à des surfaces parfaitement plates, sans végétation et de plus de 10 miles (16 km) de long. Les premières prospections donnent plusieurs milliers de résultats. La recherche est ensuite restreinte à des sites potentiels dont il existe des images satellite. 36 lieux exploitables sont ainsi identifiés. Quatorze sont écartés après examen des clichés, neuf sont déjà connus pour avoir accueilli des tests de vitesse, et les treize restants méritent d’être étudiés plus en détail.
 
S’en suivent des investigations plus approfondies, notamment sur les possibilités d’accès et les infrastructures locales. Il ne reste alors plus que quatorze sites en lice (huit aux Etats-Unis, un en Turquie, un en Afrique du Sud et quatre en Australie). Pour pouvoir trancher, une seule solution : aller voir sur place.
 
Finalement, le choix se porte sur Hakskeen Pan en raison de sa surface de boue sèche, longue, dure et très plate. Les caractéristiques de cette région avaient déjà séduit sir Malcolm Campbell qui, en 1929, comptait battre à Verneuk Pan – à proximité de Hakskeen Pan – le record mondial de vitesse terrestre. Sa tentative s’était alors soldée par un échec avec une vitesse moyenne de 347 km/h sur 5 km. La piste déblayée pour Campbell est encore visible aujourd’hui.
 
Le record mondial de vitesse terrestre correspond à la moyenne des temps nécessaires pour parcourir deux fois le « measured mile » en une heure maximum. La clé du succès réside dans la capacité du pilote à maîtriser la décélération et à repartir en sens inverse le plus vite possible.
 
Le record mondial de vitesse terrestre est homologué et réglementé par la Fédération internationale de l’automobile (FIA), l’instance dirigeante des sports automobiles au niveau mondial. Car les modalités d’un tel record ne s’improvisent pas, même si, a priori, être plus rapide que quelqu’un d’autre ne semble pas requérir de règles particulières. Il s’agit notamment de définir précisément ce qu’est un « véhicule » et comment la vitesse est mesurée.
 
Les règles d’or sont les suivantes : tout véhicule doit être propulsé par ses propres moyens, rester en permanence en contact avec le sol et disposer d’une force motrice et d’un système de pilotage contrôlés en permanence par un pilote à bord.
 
Le record correspond à la moyenne des temps mesurés sur un mile spécifique (ou un kilomètre) parcouru deux fois, à l’aller et au retour. Cette règle a été introduite en 1914 pour compenser l’effet d’un vent favorable. A pleine vitesse, BLOODHOUND SSC parcourra ce mile – appelé « measured mile » en 3,6 secondes.
 
Cette distance doit être parcourue deux fois en l’espace de 60 minutes. Le défi est de taille, car une fois l’aller effectué, le véhicule doit être préparé pour le retour – il faut refaire le plein (environ 570 litres de kérosène et 950 litres de carburant HTP pour le moteur-fusée), remplacer plus de 100 litres d’eau de refroidissement par de l’eau fraîche, et effectuer divers contrôles. Les échecs de précédentes tentatives de record durant cette phase montrent que chaque seconde compte.
 
La mesure du temps doit être assurée par un chronométreur agréé par l’autorité sportive du pays accueillant la course (dans le cas présent l’association sud-africaine des sports automobiles) et utilisant l’équipement chronométrique approuvé par la FIA.

BLOODHOUND se veut avant tout un projet éducatif et une occasion unique d’intéresser les nouvelles générations aux carrières liées aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques en leur faisant découvrir un programme passionnant d’envergure internationale.
 
Ces dernières décennies, le nombre d’étudiants choisissant un cursus d’ingénieur a notablement diminué. Ce phénomène a de quoi inquiéter les secteurs public et privé du monde entier. En 2006, Andy Green et Richard Noble s’entretiennent à ce sujet avec lord Drayson, alors sous-secrétaire parlementaire au ministère de la Défense.
 
Tous trois pensent qu’un nouveau projet hautement symbolique serait une merveilleuse occasion de susciter des vocations auprès des enfants et des étudiants. Par le passé déjà, l’avènement des vols commerciaux supersoniques avec le Concorde et les premiers pas de l’homme sur la lune avec le programme spatial Apollo s’étaient traduits par une augmentation exponentielle du nombre d’étudiants se destinant à des métiers scientifiques.
 
Le nouveau BLOODHOUND Technical Centre est créé en 2013. Le jour de son inauguration, David Willetts, ministre des Universités et de la Science, s’exclame : « Ce projet incarne le summum de l’esprit visionnaire pour les sciences et la technologie. »
 
L’enseignement au cœur des préoccupations

Le programme éducatif BLOODHOUND s’adresse à tous les niveaux d’enseignement, mais privilégie les établissements primaires et secondaires pour intéresser les enfants et les adolescents avant qu’ils ne choisissent leur filière d’étude. Il est également associé à d’autres projets et initiatives dans les domaines des sciences et de l’ingénierie.
 
Le programme est lancé en 2008. Au cours de ses deux premières années d’existence, près de 5000 établissements s’y inscrivent. Bien qu’il touche avant tout le Royaume-Uni, son rayonnement se fait de plus en plus international, s’étendant à d’autres pays d’Europe, à l’Afrique du Sud, aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, au Canada, à la Thaïlande, la Chine, la Colombie et l’Inde.
 
Plus de deux millions d’élèves ont déjà mis leurs connaissances théoriques en pratique en participant à des études de cas concrets sur BLOODHOUND. La Fondation nationale de recherche sur l’éducation (National Foundation for Educational Research), organisme britannique indépendant, a dressé un constat positif de l’évolution du programme, le qualifiant de « très inspirant et efficace pour interagir avec de nombreux élèves des écoles primaires et secondaires et lutter contre les stéréotypes hommes-femmes ».
 
Partager un savoir scientifique et technique

Les détails et données techniques sont disponibles en libre accès sur Internet pour susciter encore davantage l’intérêt des jeunes générations. Dès qu’un projet a une dimension novatrice et concurrentielle, la confidentialité des informations est pourtant de rigueur pour limiter au maximum les risques de copie ou de vol de technologie. Le caractère unique du record mondial de vitesse terrestre fait qu’il n’est pas tenu au secret. En effet, les règles techniques qui le régissent sont larges, laissant aux compétiteurs la liberté de fabriquer un véhicule comme bon leur semble. De plus, la configuration de la piste est libre, ce qui signifie que chaque défi est différent et que les données n’ont pas besoin d’être gardées confidentielles.
 
Partenaires privés et publics

L’équipe BLOODHOUND est soutenue par plus de 200 petites et grosses entreprises des secteurs public et privé qui, tout comme elles, sont issues de pays très divers et apportent leur expertise dans toutes sortes de domaines. Partenaire clé du projet, Rolex est associée à l’équipe BLOODHOUND depuis ses débuts non seulement en tant que Montre Officielle, mais aussi en qualité de spécialiste. Forte de son savoir-faire technique et de son expérience, la marque a d’ailleurs mis au point deux instruments sur mesure qui trouveront place dans le cockpit.

Montres-de-luxe.com | Publié le 13 Mai 2014 | Lu 2347 fois

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