Singapour, septembre 2009 : rencontre entre l’horloger Denis Asch et Bernard Cheong, collectionneur, expert et critique horloger singapourien


L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir : Denis Asch, qui a assisté à la remise de prix de l’édition asiatique du Grand Prix de l’horlogerie de Genève à Singapour en septembre 2009, en a profité pour rencontrer le Docteur Bernard Cheong, l’un des collectionneurs les plus influents du monde horloger.


Denis Asch : Quelles sont les différences principales entres les consommateurs européens et asiatiques ?

Bernard Cheong : En Asie, le fait de posséder une pièce exceptionnelle n’a aucune valeur en soi. L’important c’est le challenge, une sorte de compétition amicale que se livrent les collectionneurs pour rassembler la plus belle collection.

C’est de là qu’ils tirent l’essentiel de leur plaisir, même si ce n’est pas toujours évident aux yeux des européens. C’est comme posséder un pur-sang ou une voiture ancienne. La montre doit être rare, d’une valeur élevée et, par dessus tout, elle doit être convoitée. Cela n’a rien à voir avec le fait d’étaler ses richesses. J’ajoute que la montre ne doit pas forcément être chère.

L’Ikepod Manatee, par exemple, la montre réveil Ikepod Seaslug, la Bulova Acutron Spaceview en or massif ou encore la collection complète des Goldpfeil 7 Masters AHCI de 2003 sont tous des modèles extrêmement difficiles à trouver.

Denis Asch : Et concernant leurs connaissances techniques ?

Bernard Cheong : Je dirais que les clients asiatiques ont d’aussi bonnes connaissances horlogères que les clients européens.

Denis Asch : Quels sont leurs goûts en matière de montres ?

Bernard Cheong : Je pense que les Asiatiques sont beaucoup plus audacieux. Nous sommes à la pointe des technologies horlogères et nous n’hésitons pas à explorer de nouvelles voies, notamment celle d’une horlogerie plus avant-gardiste. Par ailleurs, au contraire de certains consommateurs américains, nous savons reconnaître une pièce médiocre, même présentée dans un boîtier en or recouvert de diamants. D’ailleurs, en dehors des Rolex, que nous adorons, nous achetons très peu de montres en or et diamants. Et lorsque nous en achetons, c’est que le travail d’orfèvre le justifie, comme dans les modèles Patek, Audemars Piguet, Richard Mille, Vianney Halter… N’essayez pas de nous vendre des montres Tiret ou des montres à quartz, vous perdriez votre temps.

Denis Asch : Qu’en est-il du marché gris ?

Bernard Cheong : Pour les pièces de haute horlogerie, le marché gris est très attractif et remporte un vif succès. Les Asiatiques savent parfaitement réparer leurs montres, c’est pour cela qu’ils n’ont pas peur de se fournir chez les détaillants non officiels. C’est un véritable problème. Pourtant, s’il est bien géré, le marché gris peut sauver l’ensemble de la filière. Dans le cas contraire, il risque de lui porter le coup de grâce.

Denis Asch : Face à l’impact de l’édition asiatique du Grand prix d’horlogerie de Genève, pensez-vous que la promotion locale soit une des clés du succès en Asie ?

Bernard Cheong : Je suis d’accord à 100%. Mais la visibilité sur Internet importe également, ainsi qu’un service de coursier personnalisé et sécurisé.

Denis Asch : Hong-Kong, Shanghai et Pékin sont depuis longtemps considérées comme les places fortes de l’industrie horlogère suisse. Quelles villes pourriez-vous ajouter ?

Bernard Cheong : Singapour et Bangkok.

Denis Asch : Pour conclure, je sais que vous un connaisseur et un adepte de la marque Vulcain. Quel modèle préférez-vous ?

Bernard Cheong : Sans aucun doute la Cricket Diver X-treme, dont je porte aujourd’hui le modèle en titane et or rose.

Article publié avec l’aimable autorisation de l’Heure Asch

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Montres-de-luxe.com | Publié le 28 Septembre 2009 | Lu 3806 fois

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