Singer Reimagined : l'une des plus belles découvertes de la Dubai Watch Week


Voici clairement l’une des plus belles découvertes -voire la plus belle- de la Dubai Watch Week 2017. De quoi s’agit-il ? D’un chrono pas comme les autres. Un chrono qui occupe la première place au centre du cadran et « relègue » les heures et les minutes au « second plan ». Une montre totalement bluffante qui aurait largement pu remporter le Grand Prix de l’Horlogerie 2017 dans la catégorie « chrono ». Série limitée à 50 ex. pour 39.000 euros env.


Le chrono fait partie des incontournables de l’horlogerie, même s’il faut bien se l’avouer… Qui s’en sert vraiment ? Pas grand monde. Mais là n’est pas la question, on aime les chronos pour ce qu’ils véhiculent, pour leur aspect statutaire… Ce côté sportif, très masculin, très ancré dans l’univers mécanique quelqu’il soit.
 
Le chrono, c’est « la » montre de l’homme moderne, pas étonnant dès lors que de nombreuses icônes horlogères soient des chronos : de la Speed à la Daytona en passant par la Navitimer et bien d’autres. D’ailleurs, toutes les marques en proposent au moins une version dans leurs catalogues, la plupart du temps, en deux ou trois compteurs.  
 
Mais ce que propose Singer Reimagined est autre chose… C’est une montre-chrono certes, mais c’est un chrono radicalement différent, un chrono qui fait exploser tous les standards en la matière. Et pour cause, alors que dans la plupart des modèles, le chrono arrive en « seconde position » ou en « second niveau » sur des compteurs placés sur le cadran, chez Singer, c’est l’inverse ! En effet, le chrono est au centre, il occupe toute la place, c’est lui qui domine. Quant aux heures et minutes, elles sont reléguées au second plan !
 
Mais avant d’entrer plus dans le détail, revenons sur la génèse de ce projet un peu fou… A l’origine Singer Vehicle Design a été créé en 2009 par Rob Dickinson aux Etats-Unis, en Californie. Son idée ? Ré-imaginer la Porsche 911 « en une expression ultime ». Comment ? En réinterprétant chaque élément constitutif du caractère de ce mythique bolide. Aujourd’hui, huit ans plus tard, les créations automobiles de Singer sont connues mondialement et exposées dans les évènements les plus prestigieux. 

La marque Singer Re-imagined est née pour sa part de la rencontre en 2014 entre Rob Dickinson, le fondateur de Singer Vehicle Design et Marco Borraccino, un designer horloger qui a notamment travaillé chez Panerai. Leur entente sur les sujets du design et de l’ingénierie a été immédiate. Pendant près d’une année, Rob en Californie et Marco à Genève ont échangé sur les voitures, la musique, les montres et leur passion commune pour les belles mécaniques - en particulier les chronographes sportifs des années 1960 et 1970.
 
Comme l’indique le communiqué de cette jeune marque : « l’inspiration est tirée d’une passion pour l’âge d’or du design des montres mécaniques, celui des chronographes sportifs des années 1960 et 1970, avec une fascination pour la complexité de leur mécanique et pour le lien étroit entre les univers automobile et horloger ». Jusque-là, rien que de très classique, de nombreuses marques ayant peu ou prou le même discours, le même story-telling…
 
En revanche, en découvrant la Singer Track 1, c’est une autre histoire ! Singer Reimagined fait carrément exploser tous les standards du chrono pour les réimaginer, voire même pour les réinventer. Cette montre totalement hors norme, on la doit d’une part à son designer, Marco Borraccino et d’autre part, à Jean-Marc Wiederrecht, horloger de génie et fondateur d’Agenhor.
 
Hasard de l’histoire… Lorsque Marco Borraccino rencontre Jean-Marc Wiederrecht pour lui montrer ses esquisses, ses dessins et son idée de chrono avec la fonction chrono au centre, il se trouve que l’horloger travaillait depuis des années sur une idée similaire. Bref, il fallait que ces deux-là se rencontrent ! 

En effet, Jean-Marc Wiederrecht a passé près de dix ans à développer un mouvement chronographe exceptionnel, l’AgenGraphe. Or, ce mécanisme révolutionnaire correspondait exactement au concept unique de chronographe à indication centrale que Marco Borraccino avait imaginé... en dessin.
 
La « carrosserie » de ce chrono est en titane poli et satiné-soleil ; un sacré boulot. Le boitier de forme tonneau, étanche à 100 mètres, affiche une taille de 43 mm. Il tombe parfaitement sur la plupart des poignets et sa légèreté contraste agréablement avec son diamètre imposant sans pour autant être surdimensionné ! Naturellement, le design de la pièce s’inspire des chronographes des années 1960 et 1970.
 
Comme tout chrono qui se respecte, la montre est équipée d’un tachymètre -base 400- sur le rehaut du cadran. Les poussoirs de forme champignon sont disposés de façon inhabituelle des deux côtés du boitier pour permettre une utilisation optimale : marche-arrêt à droite et remise à zéro à gauche, comme sur les anciens chronographes de tableau de bord. La couronne est intégrée de façon ergonomique dans la bande de carrure à 4 heures.
 
Pour optimiser la lisibilité, le cadran présente différentes finitions. Sa partie extérieure est brossée soleil avec l’indication des secondes marquée par des index facettés et rehaussée de touches orange. Sa partie centrale est azurée et la police utilisée pour les chiffres arabes fait écho à l’inspiration néo-rétro du modèle. Les aiguilles de type bâton ont été dessinées pour se superposer parfaitement lorsque le chronographe est remis à zéro. Au centre, le cabochon en aluminium brossé rappelle les compteurs Porsche et est un des rares éléments directement inspirés de la « 911 ».

Sous le capot, cette montre abrite un moteur développé par Jean-March Wiederrech et ses équipes chez Agenhor. Les indications du chronographe sont affichées au centre -comme cela devrait être le cas pour une montre de sport. Les heures, minutes et secondes du chronographe y sont indiquées co-axialement, permettant la lecture des temps mesurés de façon simple et immédiate.
 
Bien évidemment, l’indication de l’heure n’est pas oubliée mais elle est placée à la périphérie du cadran, au « second plan ». Le principal, on l’a bien compris, étant le chrono. Ici, point d’aiguilles : les heures et les minutes s’affichent à 6 heures par un index sur deux disques tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Ces derniers sont en aluminium high-tech recouverts de PVD. Les chiffres gravés sont remplis de matière luminescente pour permettre une lecture optimale même dans l’obscurité.
 
Le mouvement chronographe à roue à colonnes est construit autour d’une série de cames en colimaçon permettant l’affichage central des fonctions du chronographe et celle des heures et minutes (sautantes) en périphérie. Son embrayage, l’AgenClutch, permet un confort d’utilisation sans précédent. Point important : son affichage 3x60 (60 secondes, 60 minutes et 60 heures) est exclusif à Singer.
 
Comme le précise la marque, avec l’AgenClutch « l’accouplement du mécanisme de chronographe est horizontal ce qui requiert moins d’espace. Cependant, contrairement aux embrayages horizontaux traditionnels, la connexion est effectuée par friction entre des roues sans dents, ce qui permet d’éviter les vibrations habituellement observées lorsque les roues s’engrènent ».
 
Avec un diamètre de 34.4mm, ce calibre fonctionne à une fréquence de 3 Hz et ses deux barillets assurent une très confortable réserve de marche de plus de 60 h. Original, la masse oscillante a été placée côté cadran ce qui permet d’admirer le superbe mécanisme constitué de 477 composants aux finitions main. La vue côté fond est absolument époustouflante !  
 
Le seul point faible de cette montre est peut-être son bracelet en cuir… On aurait aimé un strap de type pilote avec trous pour compléter l’ensemble, mais c’est un détail au regard du formidable potentiel de séduction de ce chrono qui devrait permettre à son propriétaire d’utiliser enfin comme il se doit, cette fonction chrono trop souvent laissée de côté… 


Montres-de-luxe.com | Publié le 20 Novembre 2017 | Lu 6606 fois

À découvrir aussi :