Swatch : grande vente Schmid & Muller le 10 novembre prochain à Genève


Décidément, l’année 2015 aura été riche en ventes aux enchères Swatch. Ainsi, après la collection Dunkel cédée en avril 2015, c’est au tour de la collection Schmid & Muller, les deux designers Swatch d’être proposée par Sotheby’s le 10 novembre prochain à Genève. Profitons de cet évènement pour revenir sur l’histoire de la « seconde montre ».


La Swatch est probablement la seule montre à quartz capables de déchainer autant de passion et de générer de si belles ventes aux enchères… Comme le souligne Pedro Reiser, directeur de la haute horlogerie chez Sotheby’s Genève : « dès le début, nous avons réalisé l’importance des pièces de la collection Schmid & Muller. Une collection historique et complètement unique comprenant garde-temps, composants et dessins techniques qui retracent l’évolution créatrice de la Swatch au commencement de la marque ».
 
Et Pedro Reiser de poursuivre : « Marlyse Schmid et Bernard Muller étaient au centre d’une équipe qui, née dans le secret, a élaboré de nouvelles règles de jeu pour chacune des phases du processus horloger. Nous sommes heureux de proposer cette extraordinaire collection, une nouvelle perspective pour les collectionneurs de Swatch. »         
 
Marlyse Schmid et Bernard Muller sont deux créateurs qui ont été intégrés au cœur d’une équipe secrète créée par Swatch en octobre 1981. Ils seront à la base du développement des tous premiers modèles Swatch et du célèbre design de la montre ! Evoquant leurs débuts, ces deux designers soulignent : « à l’image d’un groupe de rock, le noyau que nous formions fut dès le début très soudé, et ce fut une explosion de créativité, de complicité et de joie, dont le but était de donner le meilleur de nous-même pour un projet unique. Une petite équipe... Un beau projet... Une grande réussite ! »   

Le fait est qu’au-delà d’avoir très probablement sauver une grande partie de l’horlogerie traditionnelle, Swatch est une formidable réussite qui a bouleversée l’univers des montres au début des années 80. Difficile de s’en rendre compte aujourd’hui, mais la Swatch était une véritable révolution puisqu’à l’époque, c’était une « montre jetable » et la première à arborer une couleur (le kaki au début). Sans compter qu’aucun modèle n’avait cet aspect « fun » et décalé.                         
 
Pour rappel, au début des années 1980, l’industrie horlogère suisse est en crise. La riche tradition helvétique semble vouée à disparaître face à la concurrence que représentent les montres à quartz électroniques bon marché fabriquées en masse, notamment au Japon. C’est dans ce contexte particulièrement délicat qu’une petite équipe de visionnaires travaillant en secret, met au point une montre qui va remettre au goût du jour les modèles analogiques grâce à de nouveaux matériaux (acier, aluminium, plastique, caoutchouc, silicone, etc.)associés à un design nouveau qui a d’ailleurs peu changé depuis le début. 

Comme le rappelle Nick Foulkes, « le génie de Swatch résidait dans sa capacité –à priori contradictoire– de réaliser une montre de qualité, mais en même temps « jetable ». Et son esthétique était en parfaite adéquation avec la mode de ces années-là… Elle incarnait à elle seule style et démocratie… Le « S » au début rappelle la Suisse, mais signifie également « second watch » (deuxième montre). L’idée était révolutionnaire : une montre suisse pour le weekend, pour le « fun » ».    
 
Aujourd’hui, trente-cinq ans après, les Swatch sont (re)connues dans le monde entier comme étant une référence dans le monde du design. À la prouesse technique des ingénieurs, qui ont réussi à réduire le nombre de composants nécessaires au bon fonctionnement de la montre, Schmid & Muller ont ajouté une esthétique à elle seule révolutionnaire.
 
A l’époque, cette montre était en évolution constante : motifs colorés ou sobres, version sportive ou classique, elle s’adaptait selon les tenues, les activités, les humeurs ou les modes. En peu de temps, Swatch est devenue l’une des marques de montres les plus vendues au monde. Voire peut-être même la plus vendue au monde… Mais impossible de connaitre les chiffres exactes !  

Plus concrètement, cette collection comprend près de mille montres datant des premières années de l’existence de Swatch, dont quelques 380 prototypes, une sélection exceptionnelle de dessins techniques, d’esquisses et de schémas, ainsi que des centaines de composants (boîtiers, cadrans…).  
Un grand nombre des pièces datent même de la période de pré-commercialisation de la première Swatch et sont de fait d’une rareté incomparable ! Par ailleurs, certains modèles et certaines variantes n’ont jamais été mis sur le marché.
 
Par exemple, les fans de Swatch seront sans doute intéressés par le tout premier dessin technique montrant le boîtier révolutionnaire de la Swatch baptisé « Vulgaris » et qui marque les débuts du projet, le 27 mars 1980. Plus tard, en 1983, arrive la fameuse « Jelly Fish » (ref. GK100 SP) ; il s’agit de la première montre transparente de Swatch. Dessinée par Marlyse Schmid, elle est lancée en édition limitée de 200 pièces. Il s’agit ici de la première montre « Special Model » introduite par Swatch.  
    
D’autre part, la montre « 12 Flags » (inspiration Corum ?) a vu le jour à l’occasion de la collection Printemps/Eté 1984, faisant partie de la série « Skipper ». Grâce à un ensemble de schémas et de variantes de cadran, la collection Schmid & Muller montre l’évolution stylistique de modèles s’inspirant des symboles marins. Les douze drapeaux (flags en anglais) orthographient les mots « Swatch quartz » en langage maritime –comme nous permet de le constater le dessin préparatoire qui accompagne la montre.

La série « Swatch Art Special », lancée en 1985, a rencontré un succès immédiat. Le premier modèle de la série présente l’œuvre de « Kiki Picasso » (le peintre et réalisateur français également connu sous le nom Christian Chapiron, né en 1948). La complexité du design à couches superposées forme la base d’une série de 140 pièces, qui a confirmé l’approche anticonformiste de Swatch. Schmid et Muller ont préservé des échanges avec Kiki Picasso, qui montrent l’amitié et la collaboration entre l’artiste et le duo de designers. Il s’agit également de l’amorce d’une longue histoire entre Swatch et l’art contemporain.
 
En 1986, Swatch poursuit ses collaborations avec des artistes célèbres, en s’alliant au jeune artiste américain Keith Haring. Les œuvres audacieuses et atypiques de Haring –des tableaux à la peinture murale en passant par les œuvres qui ornent les couloirs des métros– correspondent parfaitement à l’esprit novateur et provocateur de Swatch. Au bout de deux ans, Haring présente ses idées pour une série désormais célèbre de six créations, dont « serpent ». Les dessins montrent les indications précises données par Haring sur les couleurs à utiliser sur les cadrans. Cette collection n’était disponible qu’aux États-Unis, ce qui a contribué à la demande encore soutenue aujourd’hui.
 
Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de collaboration entre la seconde watch et les artistes.   

Après trois ans de commercialisation, les designers de chez Swatch décident de créer un prototype avec cadran squelette (premier hommage à l’horlogerie traditionnelle) offrant ainsi une touche de prestige à l’édition « Jelly Fish ».
 
En 1987, l’artiste Jean-Michel Folon dessine quatre éditions spéciales « Art Special » disponibles exclusivement en Belgique et en Italie. L’artiste baptise ses montres : « Voir », « Perspective », « Le Temps » et « Maxi ». Cependant, les collectionneurs ont préféré donner leur donner leurs propres surnoms : « Folon 1 », « Folon 2 », « Folon 3 » et « Maxi ».      
 
Rappelons qu’il y a six mois, en avril 2015, Sotheby’s Hong Kong avait mis en vente la fameuse Collection Dunkel, considérée comme la plus importante collection Swatch jamais vendue aux enchères. Cette dernière représentait plus de 5.800 pièces -montres et créations- assemblées sur plus de vingt-cinq ans et qui s’était vendue 5,5 millions d’euros…

Montres-de-luxe.com | Publié le Lundi 5 Octobre 2015 | Lu 9106 fois

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