46 ans, un physique de triathlète, Patrick Pruniaux a commencé par passer un an dans un régiment parachutiste du sud-ouest dont il est ressorti lieutenant. Une excellente préparation pour sa première expérience professionnelle. Il intègre en effet Diageo, le premier groupe mondial de vins et spiritueux.
Il est alors chargé de développer le marché de la bière en Afrique. Une période où il se déplaçait lui-même dans les points de vente locaux. Il rejoint ensuite la division vins et spiritueux de LVMH avant de bifurquer chez Tag Heuer pendant neuf ans.
Cette expérience horlogère le conduira à Coppertino chez Apple afin de participer au développement de l’Apple Watch et d’en diriger ensuite le marché britannique. En 2017, il revient dans les vallées de la Chaux de Fond et du Locle, loin de l’ambiance Silicon Valley, afin de remettre la marque Ulysse Nardin sur les bons rails.
Lors d’un court passage à Paris, Patrick Prugniaux a accepté de répondre à nos questions.
JCC : Connaissiez-vous la notoriété spontanée de cette marque historique ?
Patrick Prugniaux : Pour être franc, pas réellement, cela pourrait être intéressant à savoir, mais le niveau de données de l’horlogerie est moins important que dans d’autres industries. Il est clair que notre notoriété n’est pas la plus élevée de l’horlogerie. En revanche nous avons une notoriété élevée au sein des connaisseurs.
JCC : La garantie de 5 ans est-elle toujours d’actualité et est-ce un argument marketing ?
P.P : Cette garantie est bien sûr toujours d’actualité. Plus qu’un argument marketing, c’est une valeur ajoutée pour le consommateur qui nous semble logique. Elle démontre également la confiance que l’on a dans nos produits. Ce serait anormal de ne pas le faire.
Cette garantie s’applique également aux montres équipées d’un mouvement ETA qui équipe les plus petits modèles. Mais il est clair que nous apportons de telles modifications à ces mouvements que nous pouvons y appliquer cette garantie de 5 ans. Je pense que dans les mois qui viennent nous n’aurons plus besoin de recourir à ces mouvements.
JCC : Certaines marques de luxe s’orientent vers la vente en ligne et les boutiques virtuelles. Y êtes-vous favorable ?
P.P : J’y suis totalement favorable. Néanmoins la question se pose de savoir si c’est nous qui devons le faire directement ou si nous devons passer par des plateformes. Nous travaillons par exemple avec Farfetch.com qui est un détaillant d’excellente qualité ; un des géants de la vente en ligne pour la mode et le luxe.
C’est un plus pour le consommateur. Ces derniers ne font plus la différence entre la vente en ligne et les boutiques. Nous pouvons ainsi atteindre une tranche d’âge plus large. Cela représente la réalité de notre clientèle. D’autre part la notion d’attente ou de non visibilité immédiate n’est pas importante pour les plus jeunes.
JCC : Votre expérience chez Diageo et LVMH dans les spiritueux est-elle transposable dans l’horlogerie ?
P.P : Oui, Il y a en effet beaucoup de symétrie entre ces différents métiers. On retrouve notamment une notion de terroir dans l’horlogerie comme dans les spiritueux. L’horlogerie, c’est la somme d’un lieu et de personnes. On retrouve la même passion chez un horloger comme chez un vigneron ou maître de chais. Le niveau émotionnel et humain est identique.
JCC : Le renouvellement annuel des collections doit-il être systématique ou une évolution douce est-elle préférable ?
P.P : Il est clair que d’une part l’on doit conserver et préserver des icônes mais d’autre part, il est important de créer des animations avec des nouveaux produits. Il faut néanmoins respecter le rythme du consommateur qui doit assimiler notre message. Nous devons également avoir une cohérence entre notre discours et les produits présentés. Il ne faut surtout pas avoir un coup de barre à droite une année et un coup de barre à gauche l’année suivante. Nous avions cette année pour le SIHH 2018 une histoire très forte et nous aurons l’année prochaine la même histoire encore plus forte.
JCC : Les moins de 30 ans représenteraient 50% des clients de haute horlogerie, est-ce la réalité ?
P.P : Franchement je l’ignore. En revanche ce que je peux dire c’est que la clientèle de Rolls Royce a rajeuni de 10 ans et il n’y a aucune raison que l’horlogerie à un niveau de prix différent ne développe pas le même phénomène.
JCC : Est-ce que les ambassadeurs sont utiles ?
P.P : Cela dépend des marques. Moi je pense que nos valeurs sont claires et je préfère plutôt avoir des amis de la marque et je ne crois pas vraiment aux ambassadeurs.
JCC : Appliquez-vous un système de pricing pour la marque ?
P.P : Non. Je préfère offrir un juste prix qui représente la valeur réelle de la montre.
JCC : Comment voyez-vous la montre de luxe dans dix ans et envisagez-vous une montre connectée dans vos collections ?
P.P : L’avenir de la montre de luxe dépend uniquement des acteurs industriels. C’est nous qui fabriquons. D’autre part, je ne vois pas l’intérêt de faire une montre connectée pour notre marque. Une jolie boîte autour d’un mouvement Androïd n’a pas d’utilité. Ce que nos clients recherchent c’est un beau mouvement ou une belle mécanique comme un joli tourbillon.
Joël Chassaing-Cuvillier
Il est alors chargé de développer le marché de la bière en Afrique. Une période où il se déplaçait lui-même dans les points de vente locaux. Il rejoint ensuite la division vins et spiritueux de LVMH avant de bifurquer chez Tag Heuer pendant neuf ans.
Cette expérience horlogère le conduira à Coppertino chez Apple afin de participer au développement de l’Apple Watch et d’en diriger ensuite le marché britannique. En 2017, il revient dans les vallées de la Chaux de Fond et du Locle, loin de l’ambiance Silicon Valley, afin de remettre la marque Ulysse Nardin sur les bons rails.
Lors d’un court passage à Paris, Patrick Prugniaux a accepté de répondre à nos questions.
JCC : Connaissiez-vous la notoriété spontanée de cette marque historique ?
Patrick Prugniaux : Pour être franc, pas réellement, cela pourrait être intéressant à savoir, mais le niveau de données de l’horlogerie est moins important que dans d’autres industries. Il est clair que notre notoriété n’est pas la plus élevée de l’horlogerie. En revanche nous avons une notoriété élevée au sein des connaisseurs.
JCC : La garantie de 5 ans est-elle toujours d’actualité et est-ce un argument marketing ?
P.P : Cette garantie est bien sûr toujours d’actualité. Plus qu’un argument marketing, c’est une valeur ajoutée pour le consommateur qui nous semble logique. Elle démontre également la confiance que l’on a dans nos produits. Ce serait anormal de ne pas le faire.
Cette garantie s’applique également aux montres équipées d’un mouvement ETA qui équipe les plus petits modèles. Mais il est clair que nous apportons de telles modifications à ces mouvements que nous pouvons y appliquer cette garantie de 5 ans. Je pense que dans les mois qui viennent nous n’aurons plus besoin de recourir à ces mouvements.
JCC : Certaines marques de luxe s’orientent vers la vente en ligne et les boutiques virtuelles. Y êtes-vous favorable ?
P.P : J’y suis totalement favorable. Néanmoins la question se pose de savoir si c’est nous qui devons le faire directement ou si nous devons passer par des plateformes. Nous travaillons par exemple avec Farfetch.com qui est un détaillant d’excellente qualité ; un des géants de la vente en ligne pour la mode et le luxe.
C’est un plus pour le consommateur. Ces derniers ne font plus la différence entre la vente en ligne et les boutiques. Nous pouvons ainsi atteindre une tranche d’âge plus large. Cela représente la réalité de notre clientèle. D’autre part la notion d’attente ou de non visibilité immédiate n’est pas importante pour les plus jeunes.
JCC : Votre expérience chez Diageo et LVMH dans les spiritueux est-elle transposable dans l’horlogerie ?
P.P : Oui, Il y a en effet beaucoup de symétrie entre ces différents métiers. On retrouve notamment une notion de terroir dans l’horlogerie comme dans les spiritueux. L’horlogerie, c’est la somme d’un lieu et de personnes. On retrouve la même passion chez un horloger comme chez un vigneron ou maître de chais. Le niveau émotionnel et humain est identique.
JCC : Le renouvellement annuel des collections doit-il être systématique ou une évolution douce est-elle préférable ?
P.P : Il est clair que d’une part l’on doit conserver et préserver des icônes mais d’autre part, il est important de créer des animations avec des nouveaux produits. Il faut néanmoins respecter le rythme du consommateur qui doit assimiler notre message. Nous devons également avoir une cohérence entre notre discours et les produits présentés. Il ne faut surtout pas avoir un coup de barre à droite une année et un coup de barre à gauche l’année suivante. Nous avions cette année pour le SIHH 2018 une histoire très forte et nous aurons l’année prochaine la même histoire encore plus forte.
JCC : Les moins de 30 ans représenteraient 50% des clients de haute horlogerie, est-ce la réalité ?
P.P : Franchement je l’ignore. En revanche ce que je peux dire c’est que la clientèle de Rolls Royce a rajeuni de 10 ans et il n’y a aucune raison que l’horlogerie à un niveau de prix différent ne développe pas le même phénomène.
JCC : Est-ce que les ambassadeurs sont utiles ?
P.P : Cela dépend des marques. Moi je pense que nos valeurs sont claires et je préfère plutôt avoir des amis de la marque et je ne crois pas vraiment aux ambassadeurs.
JCC : Appliquez-vous un système de pricing pour la marque ?
P.P : Non. Je préfère offrir un juste prix qui représente la valeur réelle de la montre.
JCC : Comment voyez-vous la montre de luxe dans dix ans et envisagez-vous une montre connectée dans vos collections ?
P.P : L’avenir de la montre de luxe dépend uniquement des acteurs industriels. C’est nous qui fabriquons. D’autre part, je ne vois pas l’intérêt de faire une montre connectée pour notre marque. Une jolie boîte autour d’un mouvement Androïd n’a pas d’utilité. Ce que nos clients recherchent c’est un beau mouvement ou une belle mécanique comme un joli tourbillon.
Joël Chassaing-Cuvillier