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Cartier : la belle histoire des pendules mystérieuses


Alors que Cartier vient de présenter une somptueuse collection de montres mystérieuses, revenons sur les célèbres pendules mystérieuses du joaillier de la rue de la Paix, qui constituent un chapitre à part entière de l’histoire et dans l’univers de la maison. On les dit « Mystérieuses », car leurs aiguilles en platine et diamants semblent flotter dans le corps transparent de la pendule, sans lien avec le mouvement. Quand le temps qui passe devient magique et mystérieux...



Pendule mystérieuse « Modèle A » crédit photo Nick Welsh, Collection Cartier
Ces « miracles de l’horlogerie », comme les appelle La Gazette du Bon Ton en 1925, sont le fruit de la collaboration de Louis Cartier et d’un horloger d’exception, Maurice Couet (1885-1963). Ce dernier n’a pas 25 ans lorsqu’il est remarqué par Cartier –il affiche déjà une solide expérience.

À partir de 1911, il devient le fournisseur exclusif de Cartier. La première pendule mystérieuse, baptisée Modèle A, sort des ateliers en 1912. Maurice Couet s’est inspiré des pendules du célèbre illusionniste et inventeur de la magie moderne Jean-Eugène Robert-Houdin (1805-1871).

Le principe, qu’il reprend et développe, repose sur une idée de génie : les aiguilles ne sont pas directement reliées au mouvement mais elles sont fixées à deux disques de verre équipés d’une bordure en métal dentelé.

Actionnés par le mouvement, généralement logé dans la base des pendules, ce sont eux qui vont ensuite entraîner les aiguilles, l’un tournant à la vitesse des minutes, l’autre à la vitesse des heures. Pour que l’illusion soit parfaite, la bordure des disques est dissimulée par le cercle des heures.

Le Modèle A connaît plusieurs variantes liées à la nature du socle (qui peut-être en onyx, agate, néphrite ou en or), au décor du cadran et de l’encadrement (l’émail blanc et la nacre sont les plus fréquemment utilisés) ou encore à la forme des aiguilles.

1920 voit la naissance du modèle dit à axe central. Contrairement au Modèle A, les disques ne sont pas actionnés par deux axes partant de chaque côté de la base mais par un seul axe. Cette innovation donne à Cartier une plus grande liberté dans ses recherches esthétiques. En 1923, dans une ultime évolution technique, le mouvement vient se loger au sommet des célèbres pendules mystérieuses Portique.

Extrêmement rares, certaines exigent plus d’un an de travail et l’intervention de nombreux ateliers, elles ont séduit les grands de ce monde : John P erpont Morgan Jr, la reine d’Espagne, la reine Mary, épouse de George V, le Maharajah de Patiala pour ne citer qu’eux, possédaient un ou plusieurs de ces précieux objets.

Dessin de création pour une pendule mystérieuse de type Modèle A réalisée en cristal de roche, nacre, or jaune, onyx et diamants, 1929 Crédit photo Archives Cartier
Avec dix-sept pendules d’une valeur inestimable, la Collection Cartier réunit aujourd’hui un ensemble unique au monde, comprenant notamment la première des six pendules Portique et deux Modèle A semblables à la toute première création de 1912.

Voici deux pendules mystérieuses (en photo ci-dessous), en apparence parfaitement identiques l’une à l’autre, et pourtant captives du jeu de reflets inversés dans lequel le joaillier les a placées. Un même secret les enveloppe : le mystère de leur origine, l’énigme de leur fonctionnement.

La première est de quartz blanc, gemme à la douceur laiteuse ; la marqueterie de nacre se déploie autour du cadran dans un rayonnement ponctué d’éclats de diamants. Pour la seconde, l’horloger joaillier a choisi une pierre rare, l’obsidienne irisée, celle que l’on appelle « pierre céleste ». Sa clarté opaline est parcourue de matières et animée de profondeurs.

Une anomalie, un joli défaut détourné par Cartier, qui en fait un atour précieux. Flottantes, suspendues, en apesanteur, les aiguilles sont deux comètes de diamants dont la révolution accompagne la fuite des heures, comme suspendues. C’est tout juste si leur course effleure le centre de ce disque de transparence absolue où elles sont fixées. Tout autour du cadran, la marqueterie de nacre ou d’obsidienne compose avec le diamant un jeu de rayonnement dont les lueurs vont du gris jusqu’au blanc. Au dos, le passage des étoiles est tissé d’éclats d’or. Sur l’une et l’autre, un feston de diamants ourle le socle comme une dentelle de joaillerie.

Il aura fallu entre 800 et 1000 heures de travail pour réaliser ces deux modèles uniques, ces deux pièces créées en regard l’une de l’autre et qui condensent les subtilités horlogères sur l’absolu du cristal de roche : une pierre aussi pure que fragile.

Belles, parce que libres du poids du monde, belles parce que détachées des contingences du temps et de son passage. Comme d’énigmatiques messagères, ces pendules mystérieuses évoquent par leur harmonie la perfection de l’univers horloger selon Cartier : une perfection propice au miracle et à la magie... Une harmonie dont le joaillier garde jalousement le secret.

Cartier : la belle histoire des pendules mystérieuses

Montres-de-luxe.com | Publié le Mercredi 23 Janvier 2013 | Lu 40871 fois